« Thomas, j’arrive pas à me connecter ! » : je suis l’informaticien de ma famille
10/12/2021
Traduction: David Berthold
Il est toujours bien de maîtriser quelque chose. Cependant, cette maîtrise profite souvent aussi aux autres. Je vais vous expliquer comment je résous régulièrement les problèmes informatiques de ma famille et pourquoi mon successeur est déjà tout désigné.
J’aime mon iPhone 11 jaune. Nous passons chaque jour plusieurs heures ensemble, j’en ai déjà parlé. Je suis parfaitement familiarisé avec les possibilités de réglage et peux presque résoudre tous les problèmes que rencontre mon smartphone au quotidien. Il en va de même avec mon iMac.
J’aurais mieux fait de garder cette information pour moi. Depuis que ma famille a compris que je pouvais leur apporter mon aide et donner une réponse claire à presque chacune de leurs questions sur Apple, je suis devenu leur informaticien privé. Même la mère de mon fils a volontiers recours à ce service, tout comme ma compagne : elles appartiennent pourtant toutes les deux à une génération rarement amenée aux limites de sa compréhension technique. Elles ont un ou deux problèmes maximum par an. En revanche, mes autres proches rencontrent plus souvent des problèmes.
Un Edward Snowden en herbe
Le plus facile des clients de la compagnie d’assistance informatique Meyer n’est autre que mon père. Tout comme moi, il a passé dans les années 80 et 90 des milliers d’heures de vol sur Flight Simulator (nous nous relayions sur notre Atari ST, ce qui permettait des vols de presque 24 heures) et a depuis lors acquis un peu de connaissances techniques. En outre, on constate un besoin marqué pour la sécurité, illustré par le mot de passe différent qu’il a pour chaque nom d’utilisateur.
C’est une bonne démarche de sa part. Le seul fait qu’il ait besoin de plusieurs minutes pour retrouver le mot de passe et l’identifiant correspondants sur l’une des nombreuses feuilles A4 sur lesquelles sont ils sont inscrits peut être considéré comme une protection accrue contre les accès non autorisés. Mon aide consiste ensuite avant tout à mettre en relation ses notes manuscrites avec le bon objectif. Ou àempêcher iCloud de s’emparer de ses photos, contacts et rendez-vous. Il n’a pas confiance en iCloud. Il est l’Edward Snowden de la famille.
En revanche, ma mère a acquis plus tard dans sa vie un smartphone et un ordinateur portable : elle entretient donc une relation plus littérale avec ces outils. Bien que je lui aie déjà expliqué plusieurs fois ce qu’est un favori et comment ça fonctionne, elle continue d’enregistrer systématiquement les pages Web sur l’ordinateur, avec toutes les images, parfois sur le bureau, d’autres fois dans un dossier quelconque. Quand je fais ensuite de l’ordre, c’est-à-dire que j’efface tout, elle me demande alors en toute logique : « Mais comment dois-je alors enregistrer quelque chose qui m’intéresse ? C’est écrit enregistrer là ! »
Cela devient réellement métaphorique quand nous nous téléphonons. Elle me dit : « Thomas, ça ne va pas ». Je dois donc mener une enquête minutieuse pour savoir ce que « ça » signifie et, beaucoup plus compliqué, ce qui a mené au « ne va pas ». Le « Je ne parviens pas à me connecter » n’est pas non plus si facile à déchiffrer. « Mon écran est tout noir » est en revanche un grand classique, même si cette phrase n’augure naturellement jamais rien de bon.
Un mini triangle des Bermudes
Enfin, ma sœur n’aurait pas vraiment besoin de mon aide si elle ne se trouvait pas dans un mini triangle des Bermudes. Il arrive régulièrement que des appareils techniques soient hantés dans son environnement direct ou rendent carrément l’âme : des messages vocaux qui ne sont pas consultables ; des distributeurs de tickets, qui fonctionnaient encore à la perfection il y a peu, voient leur écran devenir noir dès que ma sœur s’approche d’eux (un potentiel fardeau hérité de ma mère) ; une caisse enregistreuse qui plante dès qu’elle veut payer ; des collections de photos qui disparaissent mystérieusement. Elle a récemment acheté un nouveau MacBook Air et a signalé que la performance de la batterie était encore pire que celle de son précédent modèle, âgé de maintenant huit ans.
Ce qui pourrait probablement être utilisé à des fins militaires (il suffirait de mettre ma sœur à côté des constructions ennemies sensibles) représente cependant dans la vie de tous les jours un problème important. Elle m’appelle régulièrement — si c’est techniquement possible — pour se plaindre de la panne totale de systèmes entiers.
Je ne peux la plupart du temps rien faire pour elle, à part éclater de rire, comportement qui aide rarement les personnes désespérées. Ensuite, j’éprouve une profonde compassion ainsi qu’un sentiment d’indignation devant tant de désespoir.
Le réel expert en informatique de la famille est mon fils. Il maîtrise son iPad les yeux fermés et s’en sert parfois jusqu’au moment d’aller au lit et n’a presque jamais de question sur son utilisation.Parfois, il m’arrache avec impatience la manette de la Nintendo Switch des mains, à cause de ma lenteur pour trouver des paramètres dans Mario Party. C’est évident qu’il me considère comme un « crétin technologique » pour lequel tout espoir est définitivement perdu.
Ça ne me dérange pas : je lègue volontiers le métier de responsable technique familial.
Vous devez aussi constamment résoudre les énigmes informatiques de votre famille et vos amis ? Racontez-le-moi dans les commentaires !
Thomas Meyer
freier Autor
Né à Zurich en 1974, Thomas Meyer est écrivain. Il a travaillé comme rédacteur publicitaire jusqu'en 2012, date à laquelle son premier roman, « Le formidable envol de Motti Wolkenbruch », a été publié. Papa d'un garçon, il a toujours une bonne excuse pour acheter des Lego. Pour en savoir plus sur lui : www.thomasmeyer.ch.