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15 ans de l’iPhone : l’histoire d’une révolution
![Dominik Bärlocher](/im/Files/6/2/8/0/2/1/2/7/MicrosoftTeams-image.png?impolicy=avatar&resizeWidth=40)
Anniversaire rond : l’iPhone souffle ses 15 bougies. Retour sur les fans, les émotions et la vision d’un homme et de ses détracteurs.
« Les chances que l'iPhone gagne des parts importantes de marché sont nulles » annonce en 2007 le PDG de Microsoft Steve Ballmer, en parlant de l’appareil que l’ancien PDG d’Apple vient de présenter : grave erreur.
Le 9 janvier 2007, Steve Jobs fait son apparition sur scène à la Macworld Conference & Expo et présente un appareil qui est à la fois un iPod, un téléphone et un navigateur Internet : il l’a appelé « iPhone », sans article défini. Aujourd’hui encore, un employé d’Apple ne vous demanderait pas « Que pensez-vous de l’iPhone ? » mais « Que pensez-vous d’iPhone ? ».
L’iPhone ne s’est pas contenté de conquérir des parts importantes du marché en quelques années, il a aussi révolutionné le monde des smartphones et de la technologie mobile.
Le matériel informatique : la clef pour les bons logiciels
Steve Jobs semble pensif. C’est un jour qu’il attend avec impatience depuis deux ans et demi. Celui qui souffre déjà d’un cancer ne contemple pas juste un nouveau gadget (à l’époque juste une rumeur), mais aussi l’œuvre de sa vie : le premier Mac, l’iPod et leurs effets sur le secteur.
« Nous l’avons appelé iPhone », dit Steve Jobs, sa demi-phrase suivante se perdant dans les acclamations du public. Les journalistes arrêtent de prendre des notes et applaudissent. Ils rigolent de la supposée étude de conception sur l’écran de projection, qui montre un iPod avec un téléphone à cadran.
Steve Jobs aborde cependant un sujet qui le préoccupe à cette époque : le smartphone de l’année 2007, quand BlackBerry dominait encore le marché, n’est pas bon. « Le problème réside dans son manque d’intelligence et sa difficulté d’utilisation. », explique Steve Jobs. Son iPhone ne doit pas seulement être intelligent, mais aussi plus facile d’utilisation que n’importe quel autre natel sur le marché.
La première chose que le public voit de l’iPhone est son interface utilisateur : elle est « révolutionnaire » et constitue « un mélange » de matériel informatique et logiciel. » La concurrence échoue dans ces domaines en 2007.« Le clavier est toujours là, que vous en ayez besoin ou pas », dit Steve Jobs. Les boutons de fonction sont statiques, même si chaque application demande une autre interface utilisateur. Que se passera-t-il si une idée géniale surgit dans six mois, mais qu’elle demande un nouveau bouton ?
Bref, les boutons sont dépassés : ils doivent disparaître.
![Le numéro un du marché à l’époque : le Palm Treo 650](/im/Files/5/4/3/6/8/2/4/5/15_years_iphone_palm_treo_650.jpg?impolicy=resize&resizeWidth=430)
Sa solution tire son inspiration de l’ordinateur : un écran capable de représenter n’importe quelle forme. Pour ça, il faut un dispositif de pointage. Steve Jobs et son entreprise ont adapté ce concept. Pour l’ancien chef d’Apple, hors de question de remplacer la souris par un stylet. « Qui veut d’un stylet ? Vous devez le sortir, le ranger et vous pouvez en plus le perdre. »
C’est pourquoi le doigt doit prendre en charge toutes les commandes sur la surface tactile multipoint du « gigantesque écran » de l’iPhone, qui mesure 3,5 pouces en diagonale et possède une résolution de 320x480 pixels.
Le logiciel : OS X, mais en plus petit
Pour le logiciel, Apple s’est servi chez son grand frère, le Macintosh. Sur ce dernier, tous les éléments nécessaires à un bon smartphone sont déjà intégrés : méchanismes de sûreté, protocoles réseau, animations soignées et ainsi de suite. Le système d’exploitation OS X d’Apple est le candidat idéal pour un système d’exploitation mobile sur un processeur 32 bits de la maison Samsung, délibérément underclocké de 620 MHz à 412 MHz afin que la batterie de 1400 mAh puisse tenir plus longtemps.
Le premier logiciel aperçu par le public est l’écran verrouillé. Il apparaît exactement 41 minutes après le début de la présentation à 9 heures. C’est voulu : Apple a planifié la keynote pour que le clou du spectacle arrive « environ 40 minutes » après le début de la présentation.
![Tous les iPhone de présentation affichent l’heure 9:41.](/im/Files/5/4/3/6/8/2/7/1/15_years_iphone_941.jpg?impolicy=resize&resizeWidth=430)
Steve Jobs montre tout d’abord comment l’iPod est intégré dans l’iPhone. C’est en effet grâce à lui qu’Apple s’est fait beaucoup d’amis au début des années 2000. L’usage de cet appareil en tant que tremplin vers le monde des smartphones s’avère donc pertinent.
Steve Jobs fait défiler les artistes de sa bibliothèque de chansons : il balaie de bas en haut et Fall Out Boy remplace tout à coup Alanis Morrisette. Le monde n’a encore jamais rien vu de pareil. Voilà, simplement avec le doigt sur l’écran, rien de plus.
La première chanson s’appelle « With a little help from my friends » des Beatles. Steve Jobs augmente le volume en déplaçant le curseur dédié de gauche à droite. Le premier iPhone n’a pas encore de bouton de volume : cette option n’arrive qu’avec l’iPhone 3.
« N’est-ce pas génial ? », demande Steve Jobs.
Si, c’est même fantastique.
Le culte iPhone
Un appareil si bon et si révolutionnaire a forcément ses aficionados. C’est évident : comment l’iPhone pourrait-il ne pas avoir de fans ?
Les aficionados campent devant l’Apple Store : ils y restent jusqu’à une semaine pour s’assurer d’être les premiers à acquérir un iPhone. Le Stuttgarter Nachrichten a nommé ce phénomène la « folie Apple ». Deux ans avant cela, le FAZ a passé une nuit avec les disciples d’Apple qui attendaient leur nouveau smartphone.
Cet évènement arrive un an après que l'appui de la BBC sur une étude montrant que les disciples d’Apple étaient réellement des disciples. Des neuroscientifiques avaient découvert que les disciples d’Apple ressentaient des sentiments religieux quand leur « Dieu » Steve Jobs leur parlait.
Ces résultats ont plu autant à Apple qu’à ses détracteurs, ceux qui ne comprennent pas que quelqu’un puisse attendre toute une nuit dans le froid pour obtenir le nouveau smartphone. Le conflit dure aujourd’hui encore.
- Apple se base sur l’exagération et le faste.
- Les utilisateurs iPhone veulent avoir le dernier modèle tout de suite.
- Les opposants ne comprennent pas cet engouement.
Personne ne veut et ne peut néanmoins contester la révolution. L’iPhone est responsable d’une grande partie des standards que nous connaissons aujourd’hui, par exemple le Pinch to Zoom.
Même les contestataires les plus virulents doivent faire des concessions : on a par exemple redemandé en 2016 à Steve Ballmer son avis sur l’iPhone. Il a affirmé que ce n’est pas ce qu’il voulait dire, qu’il avait été mal compris : il pensait en réalité que c’est lui qui aurait dû avoir l’idée de subventionner le prix d’achat grâce aux frais d’abonnements.
Trois ans après la sortie de l’iPhone, Microsoft, sous la férule de Steve Ballmer, a lancé sur le marché un smartphone concurrent : le Microsoft Kin. Il a survécu 48 jours sur le marché.
Aujourd’hui, Microsoft patine avec la brillante idée du Surface Duo. Pendant ce temps, Apple est la marque la plus précieuse du monde et a enfin un concurrent révolutionnaire digne de ce nom avec le Google Pixel 6. Les héritiers de la révolution arrivent certes sur le tard mais quand ils seront là, Apple devra l’accepter.
Les aficionados et les rageux se prennent toujours la tête virtuellement dans les commentaires. En tant que journaliste, j’ai, selon l’article, tantôt soutenu un camp, tantôt l'autre. Tout comme l’évolution des iPhone, le conflit entre rageux et aficionados n’est pas encore terminé.
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Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.