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En coulisse

30 ans après, Netscape n’a pas complètement disparu

Internet a commencé à se démocratiser dans les années 90. À l’époque, le navigateur Netscape était tout en haut de l’affiche. Si sa chute fut tout aussi fulgurante que son ascension, son héritage reste bien vivant aujourd’hui.

Il y a 30 ans, le monde était bien différent : en dehors de quelques technophiles issus du monde scientifique et universitaire, peu de gens avaient entendu parler de « l’Internet ». Cela allait changer au cours de la décennie suivante. Le 4 avril 1994, un développeur de logiciels et un investisseur ont fondé l’entreprise qui allait marquer l’histoire d’Internet avec son navigateur « Netscape Navigator ».

Et si cette dernière n’existe plus 10 ans plus tard, son héritage est toujours présent sur Internet.

Des navigateurs colorés et interactifs

Au début des années 90, les navigateurs étaient tout juste capables d’afficher graphiques et couleurs et de mettre en forme des textes. Le langage de balisage HTML nécessaire à cet effet a été développé au CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), en Suisse. Le quatrième navigateur capable de gérer le HTML s’appelait NCSA Mosaic. L’un des développeurs, Marc Andreessen, s’est retiré du projet en 1994 pour fonder une nouvelle entreprise, Mosaic Communications Corporation, avec l’aide de l’entrepreneur James H. Clark.

Leur objectif était de développer un nouveau navigateur plus performant : un « Mosaic Killer » auquel on donna le nom de code « Mozilla ». En octobre de la même année, le navigateur était déjà prêt à sortir. Basé sur le code de Mosaic, il a d’abord porté le nom de « Mosaic Netscape ». Il fut le premier navigateur à utiliser des cadres HTML permettant de diviser les sites Internet : on pouvait désormais maintenir la partie supérieure du site Internet en haut tout en faisant défiler la zone de texte vers le bas.

Les plus vieux d’entre nous se souviendront avec nostalgie de ce son :

En novembre, l’entreprise se rebaptise Netscape Communications et la référence à son prédécesseur disparaît également du nom du navigateur qui devient « Netscape Navigator ».

La prise en charge des cadres a permis à ce nouveau navigateur de se répandre à la vitesse de l’éclair. En 1996, environ 80 % de tous les utilisateurs d’Internet utilisaient Netscape. Quiconque se connectait à cette époque ne pouvait guère éviter son icône en forme de barre de navire. Bien sûr, seule une minorité de foyers disposait déjà d’un ordinateur connecté à Internet. Dans mon école, les premiers clubs d’informatique utilisant Internet et Netscape commençaient à apparaître.

Capture d’écran de la page d’accueil de Wikipédia dans Netscape sous Windows 95.
Capture d’écran de la page d’accueil de Wikipédia dans Netscape sous Windows 95.
Source : Wikimedia Commons

La guerre des navigateurs : lutte contre la multinationale

Comme toutes les bonnes histoires, celle-ci a son lot de drames : avec Internet Explorer, le géant Microsoft voulait lui aussi participer aux grandes heures d’Internet. En fournissant son navigateur par défaut avec Windows, Microsoft a réussi à supplanter tous les autres navigateurs jusqu’à la fin des années 90. Même si cette tactique agressive s’est ensuite avérée en violation du droit de la concurrence, les dommages causés à Netscape ont été énormes.

Netscape Communications a été rachetée par AOL en 1998 avant d’être dissoute en 2003.

Mozilla aujourd’hui

Mais Netscape n’a pas complètement disparu : en 1998, l’équipe avait mis le code de son navigateur à disposition sous licence open source. L’organisation à but non lucratif Mozilla Foundation a été créée pour en assurer la maintenance. En 2002, elle a lancé le navigateur « Mozilla Firefox », puis le logiciel de messagerie « Mozilla Thunderbird » en 2003. Selon le site Stetic, Firefox occupe aujourd’hui 6,74 % du marché, ce qui le place devant le navigateur Edge de Microsoft (4,13 %).

Dernière satisfaction pour les fans de Netscape : aujourd’hui encore, les principaux navigateurs gardent une part de Mozilla dans leur architecture. Étant donné qu’à l’époque de Netscape, de nombreux serveurs web ne pouvaient communiquer qu’avec les navigateurs Netscape, Internet Explorer s’inscrivait également sur le serveur comme « similaire à Mozilla ». Cela est également le cas pour Opera, Firefox, Safari ou encore Chrome. Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à lire cet article (en anglais).

Photo d’en-tête : Shutterstock/360b

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