« Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » : le Conquérant à la rescousse de l’univers Marvel
Critique

« Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » : le Conquérant à la rescousse de l’univers Marvel

Luca Fontana
14/2/2023
Révision : Stéphanie Casada

Depuis « Avengers : Endgame », l’univers cinématographique de Marvel peinait à trouver un dénominateur commun à ses innombrables suites. C’est peut-être enfin chose faite grâce à « Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » et le personnage de Kang le Conquérant.

Avant toute chose : cet article ne contient aucun spoiler. Vous n’apprendrez rien de plus que ce qui a déjà été révélé dans les bandes-annonces déjà diffusées.


On m’a connu plus impatient à la sortie d’un nouveau film Marvel. Pourtant, le géant du comics ne produit pas que des films ou séries médiocres ces derniers temps. Spider-Man : No Way Home constitue par exemple du fan service de première classe. Shang-Chi changeait agréablement de l’habituel cadre américain. Et Loki a ouvert de nouvelles portes intéressantes pour l’univers cinématographique de Marvel (MCU). Mais en dehors de ça, les sorties des derniers mois étaient plutôt tristes ou, au mieux, moyennes.

Marvel Studios traverse une mini-crise depuis Avengers : Endgame.

Est-ce que « Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » peut sortir Marvel de ce mauvais pas ?
Est-ce que « Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » peut sortir Marvel de ce mauvais pas ?
Source : Marvel Studios

On dirait que la communauté Marvel s’est lassée depuis la fin de la saga Infinity en 2019. L’époque où des films comme Les Guardiens de la Galaxie, Captain America : le Soldat de l’hiver, Thor : Ragnarok et Black Panther faisaient carton après carton auprès du grand public est révolue. Aujourd’hui, les Marvel ne se distinguent pas trop de la masse. La fameuse trame en phases du patron de Marvel, Kevin Feige, ne se fait plus ressentir depuis bien longtemps. Est-ce que Ant-Man et la Guêpe : Quantumania peut sauver le bateau du naufrage ?

Spoiler (ce sera le seul, promis) : oui.

De quoi parle Ant-Man et la Guêpe : Quantumania

Autrefois, Scott Lang (Paul Rudd) purgeait une peine de prison pour un cambriolage bâclé. Et puis, il a fait la connaissance de Hank Pym (Michael Douglas), scientifique brillant et PDG. Il est alors devenu Ant-Man, a combattu des géants fous et a voyagé dans le temps aux côtés de Captain America et d’Iron Man. Aujourd’hui, c’est un héros national qui écrit des livres et signe des autographes.

Et il est devenu papa. Même si sa fille de 18 ans, Cassie, (Kathryn Newton) a hérité du caractère contestataire de son père, la vie est belle. Curieusement belle, comme Scott le dit lui-même. Il a formé une famille recomposée avec sa compagne Hope (Evangeline Lilly) et la femme de Hank, Janet (Michelle Pfeiffer). Des disputes surviennent de temps à autre, mais tout le monde se serre les coudes.

Du moins jusqu’à ce que tout ce petit monde atterrisse un beau jour dans le royaume quantique, une dimension subatomique dépassant notre imagination qui abrite un microcosme. Il y sévit un ennemi qui a depuis longtemps conquis le royaume et qui ne compte pas s’arrêter là. Le monde et l’univers ne lui suffisant pas, il veut s’attaquer au Multivers.

Kang le Conquérant débarque

« Rien ne renforce plus l’amitié qu’un ennemi commun » affirmait l’auteur, poète et nouvelliste britannique Frankfort Moore. C’est peut-être justement cet ennemi commun qui manque au MCU depuis la victoire contre Thanos dans Avengers : Endgame. Pendant près de dix ans, la menace émanant de ce titan fou s’est étirée comme un fil rouge entre les films Marvel, les unissant, leur donnant une direction commune.

Et un ultime dénouement.

Bonne nouvelle : l’acteur Jonathan Majors possède le potentiel, le charisme et le sérieux requis pour enfin redonner au MCU une figure surpuissante sur laquelle la franchise pourrait s’appuyer. L’acteur n’est d’ailleurs pas tout à fait inconnu des fans de Marvel puisqu’il avait déjà joué un grand rôle dans la série Loki de Disney+ : Celui-Qui-Reste. Jonathan Majors avait alors incarné ce rôle avec beaucoup d’excès et de nonchalance, un avant-goût de ce qui nous attendait.

Kang le Conquérant a des airs de Thanos.
Kang le Conquérant a des airs de Thanos.
Source : Marvel Studios

Souvenez-vous : Celui-Qui-Reste est le diable (pas Méphisto, l’autre) à la Fin des temps. Ce scientifique avait jadis découvert l’existence du Multivers en même temps que ses variants (c’est-à-dire des versions de lui-même provenant d’autres univers). Au début, ils se rendaient visite les uns aux autres tout à fait pacifiquement. Mais ils ont rapidement commencé à s’attaquer au Multivers infini. Ces variants ont eu différents noms (le Dirigeant, le Conquérant, Immortus, Rama-Tut, le Centurion écarlate), chaque variant ayant pour but de régner seul sur le Multivers.

Sa dernière identité était Celui-Qui-Reste ; il a été le premier à exploiter l’être cosmique Alioth, le nuage géant qui détruit, aspire et absorbe tout ce qu’il touche. Il fait tomber des dimensions entières, il dévore des réalités et engloutit des Multivers. Les variants de Kang ont donc assis leur domination sur des millions de personnes et le Multivers a été réduit à une seule ligne du temps par un Celui-Qui-Reste mégalo jusqu’à ce que Loki et Sylvie le tuent, permettant au Multivers (et par là même aux variants de Celui-Qui-Reste) de renaître.

Celui-Qui-Reste avait murmuré « See you soon » avec un clin d’œil au moment de mourir. Il savait qu’il reviendrait, plus terrible et dangereux que jamais.

Et c’est Jonathan Majors qui incarne justement son retour à la vie dans Quantumania. Ce variant, Kang le Conquérant, est un stratège de guerre retors, à la fois charmant et calculateur. Cette force de la nature épouvantable et ignoble n’a pas peur de détruire violemment tout ce qui se met en travers de son chemin. C’est précisément comme cela que le mégalomane Celui-Qui-Reste avait défendu ses actions : tous les moyens étaient bons pour se débarrasser de Kang. Le ton révérencieux employé par Celui-Qui-Reste, qui semblait autrefois omnipotent, à l’évocation de Kang était donc justifié.

Il nous faut pourtant patienter un moment avant l’apparition de Kang même si son ombre menaçante plane sur le film dès la première seconde. Presque tous les personnages que nos héros rencontrent au fil de l’aventure tremblent visiblement d’effroi à sa simple évocation. Cela participe à établir le mythe autour de Kang en un temps record et c’est très malin. Lorsque Kang se montre enfin, le jeu sensationnel de Jonathan Majors valide toutes nos attentes.

D’ailleurs, Kang le Conquérant n’est pas prêt de disparaître. Enfin, du moins pas avant le dernier film de la phase 6 du MCU. Il sera en effet de retour dans le prochain film des Avengers en mai 2025, Avengers : The Kang Dynasty.

Tout ce qui brille n’est hélas pas de l’or

Reste à savoir ce que propose réellement Quantumania en dehors de son grand méchant. Au moins une chose dans la première partie : l’humour d’Ant-Man. Chaque plan nous rappelle que l’acteur principal Paul Rudd a commencé sa carrière dans la comédie. Le fait que le réalisateur Peyton Reed soit aux manettes pour la troisième fois et sache exactement comment fonctionnent ses personnages y est aussi pour quelque chose. Même si le cadre des films Ant-Man change en permanence, il s’en dégage à chaque fois une ambiance de cocon bien douillet.

Cela étant dit, je n’ai pas été entièrement convaincu par le royaume quantique, cette dimension subatomique abolissant l’espace-temps et abritant un microcosme entier de gigantesques villes futuristes peuplées d’êtres, d’animaux et d’humanoïdes extraterrestres. Dans Avengers : Endgame, le royaume quantique servait à voyager dans le passé pour que les Avengers tentent de réparer la timeline détraquée. Dans Quantumania en revanche, c’est le décor principal du film, et quel décor !

Je suis partagé : le royaume quantique est magnifique, mais il paraît curieusement artificiel.
Je suis partagé : le royaume quantique est magnifique, mais il paraît curieusement artificiel.
Source : Marvel Studios

On y voit des diplodocus abstraits, des univers entiers qui se tordent à l’horizon, des maisons vivantes en forme d’éponges vallonnées, des êtres semblables à des raies transportant des humains, des coussins rouges nageant dans les airs comme des bancs de poissons. Et ça n’en finit pas. Pas de doute, le mystérieux royaume quantique est un régal pour les yeux. Mais dès que des personnes y évoluent, il devient évident qu’assez peu de décors ont été construits pour le film. Beaucoup de choses se passent en fait devant un fond vert, les paysages ont été rajoutés à l’ordinateur après coup.

Pas que ce soit inhabituel pour Hollywood, mais cela m’a rarement frappé à ce point. Dans certaines scènes, j’aurais presque juré avoir aperçu les tapis roulants sur lesquels les acteurs font semblant de courir. C’est le genre de choses qui me fait sortir du film. Tout comme la grande bataille finale suggérée dans la bande-annonce. Si ce n’était pas la millième du genre (rien que dans le MCU), j’aurais peut-être été impressionné. Mais là, ça n’épate plus personne. J’ai juste pensé « Sérieux, encore ? ».

Revoilà la bouillie uniforme du MCU et ses films au mieux moyens.
Revoilà la bouillie uniforme du MCU et ses films au mieux moyens.
Source : Marvel Studios

Verdict : à voir absolument pour Kang

Aucun doute, il faut aller voir Quantumania, ne serait-ce que pour le Kang de Jonathan Majors. Son excellente performance remet le MCU sur les rails à l’approche d’Avengers : The Kang Dynasty (2025).

En dehors de ça, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania est globalement divertissant et drôle, ce qu’on doit surtout au jeu d’acteur aguerri de Paul Rudd. Sans oublier le superbe royaume quantique qui se dévoile ici dans toute sa splendeur. Le dernier tiers est un peu en dessous du reste, car il n’a plus rien d’inédit. Dommage, la production a raté l’occasion d’offrir quelque chose de nouveau aux fans. Ou alors, après plus de 20 films Marvel (je ne compte même pas toutes les séries), il est simplement devenu trop difficile de raconter des histoires sous un jour nouveau et frais.


« Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » sort en salles le 15 février. Durée du film : 125 minutes. Interdit aux moins de 12 ans.

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Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.» 


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