Ça s’est super bien passé, chéri·e ! Célébrez les bons moments et les petites victoires
En coulisse

Ça s’est super bien passé, chéri·e ! Célébrez les bons moments et les petites victoires

« Pour le meilleur et pour le pire » est un joli proverbe. Pourtant, dans de nombreuses relations, seule la moitié de cette promesse est prise en compte. Bien sûr que vous soutenez votre partenaire en cas de coup dur, mais partagez-vous aussi les beaux moments et les bonnes nouvelles dans votre relation ? Il serait bon de l’envisager.

Licenciement, maladie, décès d’un enfant ... Ils avaient traversé tant de choses ensemble. C’est pourquoi j’aurais parié n’importe quoi que mon amie Marlène et son mari vieilliraient ensemble. Pourtant, leur relation n’a aucun avenir. Ils sont sur le point de se séparer. Maintenant qu’ils ont surmonté tous les moments difficiles ensemble et qu’ils pourraient profiter de leur relation, ils constatent qu’ils ont en quelque sorte oublié comment être heureux ensemble.

Semer l’entraide, récolter la séparation

Aussi inimaginable que soit leur rupture à mes yeux, ce n’est pas un cas isolé, comme le sait Shelly Gable, enseignante au Département des sciences psychologiques et des neurosciences de l’Université de Californie. Avec son équipe de recherche, elle mène le Emotion, Motivation, Behavior and Relationships Lab (EMBeR), qui étudie entre autres ce qui rend les partenaires heureux ou non.

La psychologue entend toujours la même histoire de la part des participant·es : ils se sont soutenus, ont affronté les problèmes et relevé des défis ensemble, mais, lorsque l’heure de la récolte aurait pu arriver, l’amour s’était desséché. Car, comme Marlène et Stefan, « il se sont toujours aidés mutuellement et il n’y avait donc plus de main libre pour se taper sur l’épaule lors des bons moments, ou pour fêter de belles occasions ».

De beaux partages pour une vie meilleure

Pourtant, ce sont ces belles occasions qu’il est si important de fêter. Ce n’est pas tout : c’est une stratégie de réussite dans les relations que l’experte appelle capitalisation. Certes, s’épauler dans les moments difficiles et résoudre les problèmes ensemble fait partie d’une histoire de couple solide, Shelly Gable le souligne également. « Mais cela ne suffit pas à créer une relation durable. »

Dans ses études, Shelly Gable a découvert qu’il est important dans une relation de partager de bonnes nouvelles et des choses positives au quotidien, de célébrer de petites réussites et de profiter de ces heures de joie. Ce n’est qu’à ce moment-là que les beaux souvenirs sont générés et, par-là, le sentiment d’être bien ensemble qui constitue la base de l’amour et d’une relation stable, confiante, et intime.

Multiplier les instants de bonheur

« La capitalisation n’est pas une politique de l’autruche », relève l’experte. « Si des problèmes existent, ils doivent bien entendu être résolus. » Mais de nombreux couples auraient justement tendance à trop se focaliser sur les obstacles au point d’oublier de célébrer les bons moments de la vie. « Leur devise est la suivante : réglons d’abord les problèmes, puis ça ira mieux pour tout le monde », poursuit Shelly Gable.

Mais c’est justement un leurre. « Si l’être aimé va mal, on peut, dans le meilleur des cas, le ou la ramener à un état d’esprit neutre, pas trop stressé. Si on prend une part active à ses bons moments, on augmente les chances d’être heureux ensemble. Si on les laisse passer au profit d’une rumination, alors c’est comme si on les lui gâchait. Et ça, personne ne peut le supporter à long terme. »

Pourquoi vous vous focalisez sur le négatif

En pratique, décupler le bonheur n’est pas toujours évident. « Certains ouvrages à ce sujet indiquent que sur les 60 000 à 80 000 pensées quotidiennes, 24 pour cent en moyenne sont négatives et seulement trois pour cent positives », précise Shelly Gable. « Cela signifierait que la moyenne a huit fois plus de pensées négatives que positives. En outre, la recherche part du principe que le nombre de pensées négatives augmente fortement en cas de stress, jusqu’à 70 pour cent. »

Les 70 pour cent sont souvent rapidement atteints. Car, même s’il y a quelques événements positifs dans une journée, les personnes se focalisent souvent sur les erreurs, les mauvaises paroles, les embarras, les contrariétés. Parfois, il suffit que le bus arrive en retard pour que la journée d’une personne soit gâchée. Et celle de l’élu·e de son cœur également, car iel est immédiatement informé·e de la situation par SMS.

Pourquoi accordons-nous plus d’attention aux aspects négatifs qu’aux positifs ? Ce sont les vestiges de nos ancêtres. « Le cerveau est programmé pour repérer davantage les dangers et les risques que les éléments positifs », explique la psychologue. À cela s’ajoute le fait que les aspects positifs passent souvent à la trappe dans la perception du quotidien. « Comme cela va de soi de pouvoir marcher, on ne le prend donc plus en compte comme une bonne chose, mais on enregistre clairement les changements négatifs comme une jambe dans le plâtre. » C’est ainsi que les innombrables aspects positifs de la vie sont relégués au second plan de quelques mauvaises expériences.

Voici comment célébrer les instants positifs

Bonne nouvelle : malgré l’héritage de l’âge de pierre et les distorsions du quotidien, vous pouvez appliquer la technique de capitalisation. Il suffit de prêter un peu attention à la beauté et de suivre ces conseils de Shelly Gable :

Apprenez à mieux communiquer

Commencez par discuter activement le soir, peut-être même de manière un peu formelle, en fixant une heure de « bavardage positif » au sujet des belles choses qui vous sont arrivées. Invitez votre partenaire à vous rejoindre et à fêter ces petits événements. Si vous n’obtenez pas de retour suffisant de la part de votre bien-aimé·e, expliquez-lui calmement que vous vous sentez blessé·e et qu’il vous est important qu’on partage ces moments de joie avec vous.

La curiosité est la bienvenue

« La capitalisation n’est toutefois pas une voie à sens unique. Il faut aussi partager les bons moments de l’autre et les prolonger », indique Shelly Gable. Qu’il s’agisse de petits succès au travail, de progrès dans le sport ou de la joie d’un projet de loisir abouti, posez à votre interlocuteur·rice des questions sur la manière dont il ou elle y est parvenu. « Cela permet de savourer le bonheur une nouvelle fois et de prendre conscience de ses propres forces sans se sentir comme un·e prétentieux·se », explique la spécialiste. De plus, non seulement vos questions témoignent de l’intérêt pour ce qui est important pour lui ou pour elle à un moment donné, mais elles l’encouragent également à vous impliquer encre plus dans sa vie à l’avenir.

Soyez enthousiaste

Pas besoin d’enfiler un uniforme de majorette, il suffit d’encourager votre chéri·e. Pas seulement lorsqu’un appui est nécessaire parce que ça ne va pas bien, mais aussi dans les instants où de petites victoires ont déjà été remportées. Vous avez perdu du poids et vous rentrez de nouveau dans votre costume ou votre robe ? Alors pourquoi ne pas s’apprêter pour un concert ? Un projet est terminé ? Sortez le champagne ! « Accordez du temps à l’être aimé·e qui rentre à la maison avec de bonnes nouvelles et savourez sa joie », conseille Shelly Gable. « Et, par pitié, gardez-vous des réflexions du type « J’aimerais bien voir combien de temps tu vas maintenir ton poids cette fois-ci » ou « Est-ce qu’il y a déjà un nouveau projet qui rapporte de l’argent ?, même si elles peuvent vous paraître légitimes. Entacher le succès d’une personne ne lui rend pas service. »

Soyez compréhensif·ve

Montrez que vous comprenez l’importance que revêt pour lui ou pour elle l’expérience formidable qu’iel est en train de partager avec vous. Car lorsque la « justesse » de notre bon sentiment est confirmée, on peut le savourer encore plus. « Soyez sûr·e que vous savez exactement à quel point votre partenaire a tenu à sa réussite. Cela montre à quel point vous connaissez ses désirs et cela vous rapproche », précise Shelly Gable. Il se peut que la joie de voir un timbre-poste rare enfin découvert soit peu compréhensible. Faites tout de même l’effort de respecter les centres d’intérêt de votre partenaire, qui n’en vous sera que reconnaissant·e.

Soyez attentif·ve

Vous n’êtes bien sûr pas aussi enthousiaste que votre moitié à propos de la victoire de son équipe préférée ou du nouvel exploit de son chat. Mais vous pouvez quand même porter un toast. Veillez simplement à ne pas laisser transparaître de manière non verbale que vous êtes plus intéressé·e par le verre que par l’événement en question. Un regard profond dans les yeux et un sourire, plus un langage corporel ouvert indiquent que vous vous intéressez à ses thèmes et donc à votre partenaire.

Arrêtez de vous comparer

« Il peut être difficile de simplement se réjouir avec l’autre et de ne pas comparer immédiatement ses réussites avec les siennes ou de parler de ses propres expériences sur le thème », partage Shelly Gable. Mais c’est important de laisser cela de côté. Car les comparaisons ne rendent heureux aucun des deux.

Soyez ouvert·e

Demandez à votre chéri·e comment iel souhaite célébrer. C’est aussi important pour se sentir pris en considération et compris. Plus votre interlocuteur·rice voit vos réactions positives, plus les bonnes nouvelles seront partagées à l’avenir. « La relation devient ainsi plus profonde. » Parfois, les bonnes nouvelles se perdent dans le stress quotidien. Remettez donc la fête à plus tard pour rattraper le temps perdu. « Faire participer les amis et la famille peut en outre renforcer la relation avec l’entourage. »

Renforcer la relation lors des beaux jours

Rendre les bons moments encore plus forts : si l’on sent que la personne à qui on raconte des moments heureux est réceptive et engagée, on se sent plus heureux·se et les liens s’affermissent. L’affection, la gratitude et le dévouement grandissent. Les raisons : « une joie sincère partagée renforce la confiance en la personne à laquelle nous nous ouvrons et renforce le désir d’être prévenant·e et serviable envers cette personne. Et si nous savons qu’un être cher est capable de se réjouir avec nous, nous serons également plus enclin·es à le considérer comme une source de réconfort en période de stress », souligne Shelly Gable.

Diverses études menées par d’autres chercheur·ses, comme celle-ci, ont également démontré que la technique de la capitalisation rendrait les relations plus fortes et plus solides à bien des égards. En outre, célébrer les bons moments ne vous rend pas uniquement plus heureux·se, mais vous permet aussi de vivre en meilleure santé et plus longtemps.

Photo d’en-tête : shutterstock

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Daniela Schuster
Autorin von customize mediahouse

Si mon travail n'existait pas, je l'inventerais. Écrire, c'est se donner la possibilité de mener plusieurs vies en parallèle. Aujourd'hui, je suis dans un laboratoire avec une scientifique, demain je partirai en expédition au pôle Sud avec un explorateur. Chaque jour, je découvre le monde, j'apprends de nouvelles choses et je rencontre des gens passionnants. Mais ne soyez pas jaloux·se : la lecture a le même effet !

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