Chez farfalla : des huiles essentielles du monde entier
C’est dans les années 1980 qu’un groupe de hippies qui appréciaient les huiles essentielles ont fondé farfalla. Nous avons rendu visite à cette entreprise familiale suisse pour découvrir la formidable diversité de l’aromathérapie.
Je me trouve au milieu d’un champ de lavande sauvage. Ici, au parc naturel des Cévennes, ça bourdonne et ça virevolte autour de moi. Les insectes s’en donnent à cœur joie et s’ébattent dans les fleurs violacées. Il fait chaud, un vent doux souffle sur les collines et brasse les senteurs fleuries de la lavande.
L’océan de fleurs s’étend jusqu’à l’horizon. L’air devient de plus en plus humide et étouffant. Je me retrouve dans le climat tropical du Congo. Quelques arbres se dressent au milieu d’un champ de géraniums verts et roses. Outre les senteurs des roses, un parfum intense de citron me monte au nez. Ce sont des eucalyptus citronnés qui dégagent ces effluves irrésistibles.
Soudain, l’air se rafraîchit et devient plus sec. Une lumière vert foncé remplace la luminosité aveuglante. Me voilà à la lisière d’une forêt de conifères. Au-dessus de moi, d’imposants sapins blancs se dressent dans le ciel. Une odeur résineuse emplit mes narines. Je m’approche d’une forêt alpine. Les majestueux sapins blancs ont un effet apaisant sur moi. Je respire profondément…
… et j’ouvre les yeux.
Des univers olfactifs sous cloche de verre
Il me faut un petit moment pour revenir à l’endroit où je me trouve en réalité : dans une cage d’escalier à Uster, entre le rez-de-chaussée et le premier étage du showroom de l’entreprise familiale suisse farfalla.
Des étagères sont fixées au mur le long des marches. Des petites cloches en verre y sont déposées. On y découvre des univers olfactifs évoquant les quatre coins du monde, créés par les huiles essentielles proposées par la marque farfalla. Toutes ces senteurs transportent notre chef d’équipe Oliver Fischer (il travaille aujourd’hui comme photographe !) et moi-même dans différents univers sensoriels et émotionnels.
Arrivés au premier étage, Manuela Marras, Key Account Managerin nous accueille chez farfalla.
Nous entrons dans le showroom et sommes séduits par le vaste choix de produits d’aromathérapie et de cosmétiques naturels. L’entreprise propose 116 huiles essentielles. Les produits utilisés pour leur fabrication proviennent du monde entier. L’accent est mis sur la durabilité et le naturel.
Dans le coin au fond à droite, un bureau au-dessus duquel trônent des flacons en verre sombre, remplis d’huiles essentielles issues d’innombrables plantes. C’est ici que Jean-Claude Richard, l’un des fondateurs de farfalla, est assis tous les mercredis. Sentir, mélanger, expérimenter, peaufiner : telles sont ses activités lorsqu’il crée de nouvelles fragrances.
Jean-Claude Richard était l’un des fondateurs de farfalla, il y a 41 ans. Sa femme, Marianne Richard, et lui faisaient partie d’une communauté hippie (comme ils se décrivent eux-mêmes) qui a fondé farfalla en 1982 à partir d’une idée : faire en sorte que la santé, l’esprit et la beauté soient en harmonie, comme on peut le lire dans l’histoire de l’entreprise. En d’autres termes, ces jeunes voulaient créer un monde meilleur. Il en est résulté une entreprise familiale suisse qui emploie une centaine de personnes sur dix sites répartis dans trois pays, qui continue à vivre sa passion pour les huiles essentielles et qui respecte ses critères de durabilité.
Inspirations ethnobotaniques et instructions pour l’aromathérapie
Après quelques instants passés dans le showroom, Manuela Marras nous présente les locaux de l’académie mise en place par l’entreprise. C’est ici que des particuliers et des professionnels de la santé peuvent suivre des séminaires et des formations autour de l’aromathérapie. Les formateurs, qui sont souvent des collaborateurs de longue date, transmettent des connaissances acquises pendant les quarante ans d’expérience de l’entreprise.
D’une communauté hippie aux études d’économie, puis retour aux senteurs naturelles
De retour au showroom, nous faisons la connaissance de Malvin Richard, le CEO de l’entreprise. Il a succédé à ses parents il y a quelques années. Dans son costume, il ne donne pas l’impression d’avoir passé son enfance dans une communauté baba cool. Les attentes stéréotypées se dissipent totalement quand Richard nous raconte qu’après ses études d’économie, il a travaillé comme consultant en entreprise. Vu de l’extérieur, cela peut surprendre. Or, pour lui, ce n’est pas une rupture, mais plutôt une symbiose de deux mondes : « À mon sens, une gestion durable aux niveaux économique, écologique et social est la seule manière d’obtenir une réelle plus-value. »
Lors de notre discussion, il nous explique comment cette approche est vécue par l’entreprise dans les relations commerciales avec ses fournisseurs ainsi que dans ses liens avec la nature. Pour commencer, Richard nous explique qu’il a toujours ressenti de l’amour pour le végétal. Quand il était enfant, ses parents l’emmenaient dans des « voyages olfactifs » pendant les vacances scolaires. C’est à cette occasion qu’ils découvraient de nouvelles plantes à ajouter au catalogue de farfalla. Aujourd’hui, Richard essaie de transmettre ces impressions olfactives à ses enfants.
Je lui demande quelle est sa senteur préférée. Il me répond que de nombreuses odeurs qu’il apprécie l’accompagnent depuis son plus jeune âge. « Une fragrance qu’il apprécie particulièrement est celle de la bergamote. »
L’effet positif des huiles essentielles a été confirmé scientifiquement : si on les respire lors d’une aromathérapie, les substances végétales activent le système limbique dans le cerveau. C’est là que naissent nos émotions. Les huiles essentielles agissent donc directement sur notre monde émotionnel. C’est la raison pour laquelle nous nous souvenons longtemps de certaines odeurs et pourquoi elles peuvent déclencher tant de choses en nous.
Dans la palette de produits, j’ai repéré le flacon Envie d’apprendre : ce mélange aide-t-il vraiment les enfants à mieux apprendre ? Richard ne peut pas s’empêcher de sourire : « Je me sens tout bizarre quand je sens cette odeur. » En tant qu’enfant de parents adorant les fragrances, il associe automatiquement l’apprentissage scolaire avec des senteurs d’agrumes et de sapin. Ce qui nous ramène à une évidence : chaque personne associe quelque chose de différent à une fragrance particulière. L’encens ne fait pas l’unanimité, surtout chez les gens qui ont été forcés d’aller à l’église.
Le parfum de milliers de feuilles dans un seul flacon
Il est temps d’aller faire un tour. Richard, le CEO, nous présente l’entrepôt, le service chargé du contrôle qualité ainsi que les installations de remplissage. Tout cela se trouve au rez-de-chaussée. Les matières premières livrées à l’entrepôt arrivent déjà sous forme d’essence. Dans un esprit de durabilité, ce sont en effet des huiles distillées qui se retrouvent à Uster.
Pour produire un litre d’huile essentielle, il faut des quantités énormes de matière première. Par exemple, on a besoin de 500 à 600 kg de feuilles de géranium rosat ou de 40 kg de feuilles d’eucalyptus citronné. Livrer de l’huile distillée à l’entrepôt plutôt que des plantes entières permet non seulement d’économiser les émissions liées au transport, mais aussi de conserver une plus grande partie de la chaîne de valeur dans le pays producteur, explique Richard.
Grand Cru : un label garantissant une plus-value écologique et sociale
L’approche sociale fait partie de l’ADN de farfalla, ce qui n’a rien d’étonnant pour une entreprise née de la culture baba cool. Au fil des décennies, farfalla a établi des relations étroites avec des producteurs, souvent de petits agriculteurs, dans le monde entier. L’ambition initiale des fondateurs de farfalla n’a pas changé : produire « plus que du bio et du végane ». C’est pourquoi seuls les produits qui remplissent d’autres critères que la culture biologique portent le label « Grand Cru ». Entre autres, la région de culture doit être typique pour la plante aromatique en question et, dans l’idéal, la culture de la plante doit inciter à la réalisation d’autres projets écologiques et sociaux dans le pays concerné.
Le programme farfalla d’aide aux sages-femmes est un exemple de l’engagement social de l’entreprise. Pour réduire la mortalité maternelle, qui est encore aujourd’hui une terrible réalité dans de nombreux pays pauvres, farfalla finance, avec une partie du bénéfice réalisé sur la vente de chaque produit, la formation de sages-femmes, par exemple à Madagascar ou en Éthiopie.
De la lavande et de la menthe dans l’Oberland zurichois
Depuis quelques années, farfalla utilise des plantes odorantes cultivées localement. En coopération avec la Fondation Wagerenhof, une institution sociale établie depuis cent ans à Uster pour des personnes handicapées, l’entreprise cultive sur place de la lavande, de la menthe poivrée et de la menthe bergamote. La récolte est traitée directement dans la distillerie de farfalla.
Source : farfalla
Source : farfalla
La qualité a une date d’expiration
La lavande et la menthe, cultivées à proximité immédiate, augmentent la fraîcheur des matières premières. Une fois livrées à l’entrepôt, les huiles sont soumises à un contrôle de qualité : leur odeur, leur densité, leur pureté et l’éventuelle présence de pesticides sont vérifiées. Ensuite, les huiles sont transvasées dans des récipients en verre munis d’une étiquette indiquant la date d’expiration. Ce n’est pas évident pour d’autres producteurs d’huiles essentielles, mais nous considérons que c’est important en termes de garantie qualité, explique Richard.
Source : Oliver Fischer
Adieu à la maison des senteurs
Et c’est ainsi que nous arrivons à la dernière étape de notre visite. Il est temps de prendre congé de nos hôtes avant de humer une dernière fois les délicieuses senteurs dans la cage d’escalier. Ma fragrance préférée est très classique : la lavande. J’ai des associations positives avec cette odeur et j’apprécie son effet apaisant, surtout pour m’endormir.
Attention : ces produits ne sont actuellement disponibles que dans le shop suisse.Les huiles essentielles vous intéressent ? Ici, vous en apprendrez plus sur le thème des huiles essentielles en général et là sur les effets de la lavande en particulier.
Photo d’en-tête : Oliver FischerRédactrice scientifique et biologiste. J'aime les animaux et je suis fascinée par les plantes, leurs capacités et tout ce que l'on peut faire avec et à partir d'elles. C'est pourquoi mon endroit préféré est toujours à l'extérieur - quelque part dans la nature, volontiers dans mon jardin sauvage.