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Mal au dos ? Voici cinq exercices à faire au bureau
par Maike Schuldt-Jensen
Le travail de Patric Beereuter rappelle parfois celui d’un détective. Dans une interview, le chiropraticien nous parle de l’enquête qu’il mène auprès de ses patients pour soulager des douleurs qui les poursuivent jusque dans leur sommeil.
Pour de nombreuses personnes, le recours à un cabinet de chiropratique est le dernier espoir. Celles et ceux qui dorment mal, qui se réveillent avec des tensions musculaires ou qui n’arrivent même pas à dormir à cause de la douleur, cherchent conseil auprès de spécialistes qui connaissent bien l’appareil locomoteur de l’être humain. J’ai rendu visite à Patric Beereuter dans son cabinet d’Obfelden ; pas en tant que patient, mais pour lui poser quelques questions.
Patric, quand les gens viennent te voir pour des douleurs, pourquoi leur demandes-tu dans quelle position ils dorment ?
Patric Beereuter : Je questionne presque tous mes patients sur leurs habitudes de sommeil, surtout lorsqu’ils me disent qu’ils ont mal le matin au réveil. Et encore plus s’ils se réveillent la nuit à cause de douleurs ! La position dans laquelle ils dorment m’intéresse beaucoup. Par exemple, les personnes qui dorment sur le ventre ont souvent mal à la nuque, car elles doivent tourner la tête sur le côté. À cela s’ajoutent souvent des douleurs au niveau du bassin et des hanches, surtout si elles replient une jambe pendant leur sommeil.
Beaucoup de personnes ont des problèmes alors qu’elles dépensent une fortune pour un matelas et un sommier de qualité. Au Japon, les gens dorment sur des futons qui ne font que quelques centimètres d’épaisseur. Comment est-ce possible ?
La grande différence est sans doute que l’on s’y couche en général sur le dos. Sur les matelas fermes, la position sur le dos est souvent la meilleure pour la colonne vertébrale, car on ne peut pas s’affaisser autant qu’en position latérale. Sur un futon, la tentation de se retourner est assez faible, car c’est très peu confortable.
Quand je suis allongé sur le dos, je mets nettement plus de temps à m’endormir. Est-ce une question d’habitude ?
Beaucoup préfèrent la position du fœtus, c’est-à-dire couché sur le côté. Mais pour cela, le matelas ne doit pas être trop dur, pour que les épaules et le bassin puissent s’enfoncer et qu’il n’y ait pas trop de points de pression. Les personnes qui dorment sur le dos s’en sortent souvent bien avec un matelas un peu plus dur.
Ma collègue de la rédaction Pia Seidel a testé un coussin pour les genoux très populaire dans notre boutique. Qu’en penses-tu en tant que chiropraticien ?
Cela peut être utile : le bassin se tord nettement moins, car les jambes restent parallèles.
Les oreillers sont complexes. Les personnes qui dorment sur le dos ont besoin d’un oreiller plus plat que celles qui dorment sur le côté. Et lequel choisir si je dors dans les deux positions ?
C’est l’un des grands problèmes. Il en faudrait un dont la hauteur peut être modifiée en fonction de la position de sommeil. Mais comme cela n’existe pas, je recommande un oreiller dont la hauteur est adaptée à la position de sommeil principale. Par exemple, si l’on s’endort sur le côté, mais que l’on se couche ensuite plutôt sur le dos, il faut choisir un oreiller un peu plus plat que celui qui convient à un dormeur exclusivement latéral. Il y a aussi des oreillers multipositions, mais je suis sceptique. Il n’existe pas de solution miracle dans ce domaine.. J’ai beaucoup de patients qui ont déjà dix oreillers chez eux, parce qu’ils en ont essayé beaucoup et qu’aucun ne les a vraiment satisfaits.
Quel est le rôle du matelas ?
Il est une pièce du puzzle lorsque les patientes et les patients viennent me voir dans mon cabinet, mais ce n’est pas le sujet principal. Mon objectif est de diagnostiquer et de traiter les troubles de l’appareil locomoteur. Par exemple, il s’agit de soulager les tensions et les blocages, de détecter les mauvaises postures et de les corriger. En cas de problèmes récurrents, nous abordons les thèmes de la position de sommeil et de l’ergonomie au travail. Certaines personnes dorment sur un matelas vieux de dix ans. Elles devraient le remplacer. Je leur recommande de bien se faire conseiller par des revendeurs spécialisés et de ne pas seulement regarder la meilleure réduction.
Sommes-nous plus douillets que nos ancêtres ? Je n’ai jamais entendu mes grands-parents se plaindre d’avoir des tensions musculairesni de se réveiller le matin avec des douleurs.
Je vais peut-être faire une déclaration un peu délicate : oui, c’est un problème de luxe. Je suppose que beaucoup de gens avaient des problèmes avant, car leurs activités professionnelles étaient plus physiques qu’aujourd’hui. Mais on ne se plaignait pas. On n’allait chez le médecin que lorsque rien n’allait plus, par exemple lorsque la douleur rendait la respiration difficile ou que l’on ne pouvait presque plus marcher. Nos ancêtres ne prenaient pas le temps d’aller voir un médecin. Ils étaient occupés à monter leur entreprise, à subvenir aux besoins de la famille, à travailler à la ferme. On n’avait pas le droit de se plaindre et on serrait les dents.
Sommes-nous plus avancés aujourd’hui ?
Oui, on sait que plus on résout les problèmes tôt, mieux ça vaut. C’est pourquoi on profite de l’offre médicale, qui est aussi plus généreuse et meilleure que par le passé.
Donc ce n’est pas juste pleurnicher ?
Non, heureusement. Le fait est que nous vivons aujourd’hui de manière plus consciente en matière de santé. Par ailleurs, de nouveaux problèmes sont apparus en raison d’un travail accru sur ordinateur. Pendant la pandémie, nous avons eu beaucoup plus de patients souffrant de maux de tête et de douleurs cervicales. La raison est que les gens sont passés d’un poste de travail bien aménagé, avec un bureau et des chaises de bureau correctes, à un ordinateur portable installé sur la table de la salle à manger.
Est-ce que quelques muscles supplémentaires, comme ceux de nos parents et grands-parents, nous feraient du bien ?
Il est certain que nos ancêtres étaient en meilleure forme musculaire, parce qu’ils étaient plus actifs physiquement. Aujourd’hui, beaucoup ne veulent même plus marcher sur les trajets les plus courts et parcourent le moindre mètre en trottinette électrique. L’exercice naturel est certainement souvent négligé de nos jours. On constate cependant que de plus en plus de gens utilisent les possibilités d’entraînement dans les centres de fitness, par exemple.
Quelle recommandation donnerais-tu à un employé de bureau qui vient te voir avec des douleurs à la nuque ?
L’important, c’est ce que cette personne fait après les huit heures passées sur sa chaise de bureau. Il lui faut une compensation. Se lever de temps en temps pendant le travail, c’est une bonne idée. Par ailleurs, il faut aussi faire un peu de sport le soir, que l’on aille à la salle de sport ou que l’on fasse du Pilates chez soi. Bien entendu, il ne faut pas exagérer non plus ! Les personnes qui s’entraînent de manière excessive et sans se reposer se créent également des problèmes.
Existe-t-il des conseils généraux sur les types de sport à pratiquer et sur les horaires recommandés ?
Il est difficile de dire quel sport est le plus approprié. Le jogging peut aider à soulager les céphalées de tension, mais si vous n’avez jamais couru avant l’âge de 60 ans, je ne vous recommande pas de vous y mettre. Il existe des alternatives qui ménagent les articulations.
Ces personnes s’entraînent souvent à la piscine.
Oui. La natation ou l’aquafit sont de bonnes options. Ces deux activités physiques ne sollicitent pas les articulations. Les personnes qui aimaient nager quand elles étaient jeunes auront peut-être du plaisir à reprendre ce sport. Mais c’est difficile de se mettre à la natation avec plaisir quand on ne l’a jamais pratiquée. La gymnastique en groupe, le Pilates ou le vélo sont alors de bonnes solutions. Avec le vélo électrique en particulier, on peut rester actif jusqu’à un âge avancé. En résumé, il n’y a pas de sport idéal qui convienne à tout le monde.
Pour certains, le simple fait de s’asseoir bien droit est déjà un effort sportif. Je ne parle pas de moi, bien sûr !
Bien sûr que non ! Mais sérieusement : le problème de la protraction de la tête, de la nuque et des épaules est récurrent. Concrètement, cela veut dire que nous laissons la tête et les épaules pendre trop en avant quand nous sommes assis devant l’ordinateur. Notre posture est toujours un peu penchée. C’est pourquoi je travaille avec des bandes autocollantes appelées tapes avec ma patientèle. Ce système aide à améliorer la posture. Il faut aussi renforcer les muscles concernés.
Que penses-tu des gadgets comme les appareils d’entraînement pour le dos ?
Je suis mitigé. La tension peut être trop forte ou mal placée. Toutefois, il n’y a pas de mal à essayer. Avec un prix de 30 à 50 francs suisses, on ne risque pas grand-chose à essayer. Cependant, si vous avez besoin de ce dispositif pour vous tenir droit, vous avez un problème fondamental.
Quelle est l’importance de l’ergonomie au travail ?
Bien sûr, la position assise est importante. Une bonne chaise aide, un bureau réglable en hauteur est également le bienvenu. Mais dans la pratique, les gens n’utilisent pas beaucoup ces possibilités de modifier la hauteur de leur table. De fait, il est souvent plus facile et plus efficace d’intégrer un peu d’activité physique dans la vie quotidienne. Il suffit de s’y mettre !
Patric, merci pour ces conseils.
Je suis journaliste depuis 1997. Stationné en Franconie, au bord du lac de Constance, à Obwald, Nidwald et Zurich. Père de famille depuis 2014. Expert en organisation rédactionnelle et motivation. Les thèmes abordés ? La durabilité, les outils de télétravail, les belles choses pour la maison, les jouets créatifs et les articles de sport.