Décadent, mais bon : comment les nettoyeurs de baskets relookent vos chaussures

Laura Scholz

8/3/2023

Bien sûr que je peux nettoyer mes baskets moi-même. Mais le fait que des pressings spécialisés dans ce domaine poussent comme des champignons m’intrigue. J’ai fait un essai.

« S’il vous plaît, ne me jugez pas, je les porte tout le temps pour promener mon chien », déclaré-je, gênée, pour expliquer l’état des baskets que je sors de mon sac.

« Nous avons déjà vu pire », m’assure Raoul Hüttenmoser en inspectant l’étendue de la tragédie, ce dernier porte des chaussures New Balance MR530SYA blanches comme neige. Pourquoi avoir honte, alors que des ordures comme les miennes sont son pain quotidien ? Car je me trouve dans le studio de Sneakky Clean, un pressing de baskets qui a ouvert en décembre 22 à Zurich Altstetten.

« Il n’y a qu’à Zurich qu’on trouve ça... », me répond une amie à qui je raconte ma visite. Ce n’est pas vrai. En Suisse, le business des nettoyeurs de baskets est en pleine effervescence. À Bâle et à Lausanne, par exemple, vous pouvez déjà faire nettoyer vos chaussures sales par des professionnels. Raoul et son collègue Enrique Frias, type Air Jordan 1 Retro Low flambant neuf, voient donc les choses en grand. « Nous avions cette idée depuis un certain temps et nous nous sommes dit qu’avant de partir de zéro tout seuls, il valait mieux demander à des gens qui s’y connaissaient déjà ». Le reste de leur histoire se lit comme une histoire d’amour moderne : ils portent des DM de Devonn Vidal, qui a fondé Sneakky Klean en 2019 à Miami et qui, avec son équipe, retape désormais 1200 baskets par mois. Les étincelles jaillissent, on fait connaissance virtuellement et on finit par fixer un premier rendez-vous à Zurich. Nous sommes compatibles, c’est du sérieux. C’est tellement sérieux que Raoul et Enrique s’envolent pour Miami afin d’absorber tout le savoir de leur collègue et de revenir à Zurich en tant que partenaires officiels de Sneakky-Klean.

« Bien sûr, nous ne pouvons pas tout révéler aujourd’hui. À un moment donné, nous devrons malheureusement vous mettre dehors », rit Raoul. Secret de fabrication. Bon sang. Mais c’est ce qui avait été convenu à l’avance. Il faut donc maintenant y regarder de plus près. Dans son studio, les Nike, les Asics et les On côtoient les chaussures de Christian Louboutin et d’Amina Muaddi. Oui, ils osent aussi s’attaquer aux chaussures qui ne sont pas des baskets. Dans un coin, une cabine infrarouge ronronne, elle entre en jeu lors du blanchiment, devant l’étagère d’après, un énorme ventilateur est perché, prêt à l’emploi, pour souffler à sec les « modèles comme neufs ».

Enrique est déjà à l’étape 1 de mes Adidas Supercourts : les lacets s’agitent dans un bain de mousse en attendant leur deuxième printemps, une brosse circulaire bruyante chasse les petits cailloux tenaces et autres saletés de la semelle de la chaussure, après que le plus gros ait déjà été éliminé à la main. « Une fois, nous avons retiré un interminable tesson d’une chaussure. C’est un miracle qu’il n’ait pas déjà entaillé le pied du propriétaire », raconte-t-il. Il y a de la mousse et des bulles, déjà mes chaussures ont l’air neuves à mon sens. « C’est le moment où nous gardons nos techniques pour nous. »

Bon, dans trois jours, je pourrai aller chercher les baskets révisées et les inspecter. C’est en effet le temps qu’il faut aux garçons pour faire fonctionner leur solution magique. Le prix que vous devrez payer dépendra du type de chaussure. Les modèles standard des marques suspectes habituelles sont remis à neuf pour 49.99 CHF. Les exemplaires plus chers, souvent composés de matériaux plus fragiles, se situent à 69.90 CHF sur la liste de prix de Sneakky-Klean. Vous trouverez ces informations et toutes les autres sur sneakky.ch (en allemand) ou dans l’application maison (en anglais). Ainsi, la réservation du service pick-up et drop-off est également un jeu d’enfant. Que vouloir de plus ? Ah oui, peut-être nettoyer un peu vos baskets de temps en temps, pour qu’elles ne se dégradent pas comme les miennes. Pour cela aussi, il y a bien sûr les bons outils et kits dans Sneakky Shop.

Et le résultat final ? Il faut le voir pour le croire. Ce n’est certainement pas la dernière fois que je me rends au pressing de baskets. À l’avenir, peut-être même sans chien comme excuse.

Laura Scholz

Senior Editor

Laura.Scholz@digitecgalaxus.ch

Toujours prête pour de la bonne musique, des voyages mémorables et pour boire.

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