Décalé : le designer Clément Boutillon conçoit avec patience
La patience vient à bout de tout. C’est aussi le cas pour Clément Boutillon. Le designer français suit l'approche du slow design et conçoit délibérément plus lentement pour un changement de valeurs dans la société.
Dans la commercialisation de vêtements ou de meubles, le terme « intemporel » revient souvent. Mais à quel point un produit conçu pour une seule saison peut-il être durable ? Surtout s'il ne fait déjà plus partie de la collection un an plus tard. Clément Boutillon pense qu'il faut plus que des mots pour créer des choses intemporelles. Il a été designer de produits pendant dix ans avant d'apprendre lui-même le métier de céramiste et de créer son propre atelier.
Outre les parfums, les cosmétiques et les spiritueux, le Français a mis en œuvre de nouveaux concepts commerciaux dans le commerce de détail pour des marques telles que Diptyque et a travaillé comme designer en chef chez Kossi Aguessy Studio. Mais à un moment donné, il a voulu être plus indépendant pour pouvoir s'occuper consciemment du choix des matériaux et de la production. Une approche par laquelle il suit les principes du mouvement Slow Design, qui s'oppose à la culture du jetable par une approche globale du design.
« Bougie sur socle » est le nom du projet que Clément a peaufiné dans son atelier pendant quatre ans ; c'est long. Et un nom bien peu spectaculaire pour un objet aussi soigneusement conçu, composé d'une bougie en cire d'abeille et de soja fabriquée à la main et d'un socle assorti. Pour ce dernier, il a même développé son propre procédé de moulage. Un qui allie la technologie 3D à l'artisanat classique et lui permet de faire des choses décalées : « Le bougeoir devait ressembler à un escalier en porte-à-faux et recueillir toutes les gouttes de la bougie qui s'y trouve », raconte Clément. « La bougie est parfumée aux huiles essentielles, dégage une odeur de cire d'abeille et de soja et a été fabriquée à la main dans la ville française de Nevers. »
Des solutions sur mesure
Le designer estimait alors que la fabrication industrielle de moules en plastique pour ses prototypes « Bougie sur socle » était trop coûteuse, tout comme faire chaque étape à la main. Il a donc cherché des moyens de rendre la fabrication de ses objets en faïence moins coûteuse. Il a commencé à numériser ses dessins et à imprimer en 3D ce qu'il appelle une « pièce mère » en amidon de maïs. Il s'en est servi pour créer manuellement un moule en plâtre composé de plusieurs pièces individuelles avec différents niveaux de division. « L'impression 3D me permet d'être plus précis », ajoute Clément. « Des formes irrégulières comme celles de mon vase « La Méduse » ne seraient pas possibles sans elle ». Pour son coulage en barbotine, il a eu besoin de sept formes en plâtre. En comparaison, un vase traditionnel ne nécessite qu'un « moule en deux parties ».
Caractère unique
Le fait que l'autodidacte fasse appel à l'impression 3D et ait trouvé une solution sur mesure comme celle-ci correspond aux caractéristiques du slow design. Mais le fait de donner à ses objets en céramique un aspect unique fait également partie intégrante de sa démarche de designer : « Je travaille avant tout sur la forme et la fonction des choses plutôt que sur le décor, afin de concevoir des objets intemporels. » Grâce à l'émail semi-transparent qu'il a choisi, tous les objets se parent spontanément d'un motif délicat. Il laisse transparaître ça et là l'argile de la faïence. Son irrégularité en fait également une pièce unique.
Qu'il s'agisse de méduses, d'hélicoptères ou de bateaux, lorsque je parle avec Clément, je me rends compte que ses sources d'inspiration semblent très concrètes. Dans la plupart des cas, elles sont reconnaissables au premier coup d'œil. Le « Coquetier Marquise », qui rappelle manifestement les flûtes à champagne « Pompadour », constitue une jolie exception. « Manger un œuf mollet est un moment précieux pour moi. J'ai voulu traduire cette valeur dans un coquetier raffiné. »
Pensée (d)éco
En tant que slow designer, Clément attache également de l'importance à une utilisation consciente des ressources. Il utilise l'énergie éolienne au lieu du gaz, évite le plastique tout au long du processus de conception ainsi que tous les déchets. À la base, le designer voulait miser uniquement sur les couleurs noir et blanc. Mais pour pouvoir garder les objets blancs avec des imperfections, il a commencé à expérimenter et a développé l'émail gris appelé « finition Glacier ». Comme le « bougeoir Canyon », elle s'inspire des montagnes et des glaciers, plus précisément d'une grande surface de haute montagne dont le motif est intemporel, mais qui risque de disparaître à cause du changement climatique. Une raison de plus pour le Français de ralentir ses processus de design et d'économiser les ressources : « Je ne veux pas que mes objets de design soient une tendance passagère, mais qu'ils durent des générations. C'est pourquoi je prends le temps de concevoir des pièces et ne tombe pas sous la pression de vouloir seulement vendre. »
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