Je suis papa et je fais du vélo sans casque
Pourquoi devons-nous, en tant que parents, toujours donner l'exemple dans tous les domaines possibles de la vie ? Un plaidoyer pour plus de désobéissance parentale.
Nous, parents, devons, ou plutôt voulons idéalement être un modèle pour nos enfants. Car nous savons que l'éducation ne se fait pas vraiment lorsqu'on essaie (souvent en vain) d'apprendre des choses à ses enfants. L'éducation est transmise lorsque nous nous comportons littéralement de manière exemplaire, car nos enfants nous imitent, copient nos modèles et apprennent de nous. En bref : nous n'éduquons pas nos enfants en premier lieu par nos paroles, mais par notre comportement quotidien et nos actes, comme le constate également Maya Risch, conseillère en éducation, dans une interview accordée à Galaxus.
Bien sûr, la plupart des parents ont du mal à toujours être à la hauteur de ce rôle de modèle. Nous ne sommes que des êtres humains, nous avons des jours bons et des jours moins bons et surtout : ne sommes-nous pas avant tout des modèles pour nos enfants lorsque nous ne nous comportons pas toujours de manière exemplaire, parce que nous sommes justement authentiques (cet argument est toujours valable) ? Pour être honnête, je ne veux pas donner à mes enfants l'image d'un surhomme qui agit toujours de manière correcte et réfléchie.
J'ai moi-même un peu plus de mal que la moyenne à donner l'exemple (ce que ma femme approuverait sans trop d'hésitation). La raison : je ne suis pas très à cheval sur les règles et le comportement, et j'aime repousser les limites.
Trois catégories de règles
Pour moi, il y a trois catégories de règles :
1. Des règles que je suivrais même si je n'avais pas d'enfants
Les règles qui me semblent évidentes et que je suivrais même si je n'avais pas de devoirs de père. Il s'agit notamment de ne pas laisser traîner de déchets, de ne pas nuire à autrui ou ..., je n'ai malheureusement plus d'idée. Je pourrais encore mentionner ici, par exemple, le « respect des autres ». Mais qu'en est-il du dîner ? N'est-ce pas moi qui, une fois de plus, me délecte à dire du mal des autres ? Et qu'en est-il de « pas de médias à table » ? Aucun souci ! J'ai fait comprendre à mes enfants que regarder des courses de ski n'entre pas dans la rubrique « médias ».
2. Des règles raisonnables sous certaines conditions, mais que je suis quand même en tant que père
Ensuite, il y a des règles que je ne comprends que partiellement, mais où je me dois de me comporter de façon exemplaire. Par exemple, un carrefour sans voiture où les feux pour piétons sont au rouge. Si j'étais seul, je traverserais la rue (déserte) sans me gêner. Mais s'il y a mes enfants – ou d'autres enfants au passage piéton – j'attends sagement que le feu passe au vert. Je ne veux pas être responsable si un enfant se fait renverser parce que la prochaine fois qu'il traversera au rouge, il l'aura appris d'un adulte irresponsable.
3. Des règles qui me semblent évidentes, mais que je ne suis pas
Et puis il y a les règles que je comprends en principe, mais que je ne suis que rarement. L'exemple type est le port d'un casque de vélo. Lorsque je suis sur mon vélo de course ou que je parcours de longues distances, je porte toujours un casque. Mais lorsque je me promène tranquillement à vélo avec mes enfants, il ne me viendrait jamais à l'idée de porter un casque de vélo, ce qui ne m'a pas seulement valu des regards réprobateurs d'autres parents. Non, certains parents m'ont déjà dit ouvertement que j'étais un modèle pour mes enfants et que je devais donc porter un casque.
Et bien sûr, au début, mes enfants m'ont demandé pourquoi eux, mais pas moi, devaient porter un casque. Ma réponse, à la fois convaincante et évidente : « Parce que vous êtes des enfants et pas moi. » Il n'y a en effet aucune raison rationnelle de ne pas porter de casque. Même lors d'une petite randonnée tranquille à vélo, un accident peut se produire. Et le rôle d'exemple n'est vraiment pas à négliger. Et pourtant, je continuerai à ne pas porter de casque lors de mes petites excursions. Premièrement, parce que cela me priverait d'une partie de mon sentiment de liberté. Et deuxièmement, le fait de ne pas porter de casque est aussi un petit acte (de fin d'adolescence ?) contre toute cette société d'interdiction, de réglementation et de sécurité.
Mais surtout, faire du vélo sans casque permet de m'opposer à ce rôle de modèle qui m'est imposé de l'extérieur dans tous les domaines possibles de la vie. Je ne suis qu'un être humain, avec ses défauts et son caractère. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il ne m'arrive rien en faisant du vélo sans casque.
Complément : non, je ne suis pas fou
Suite aux nombreuses réactions dont je vous remercie, je me vois contraint d'apporter un petit complément. Pris en flagrant délit : je ne boucle jamais ma ceinture en voiture, je laisse mes enfants jouer sans surveillance avec le feu ou avec des couteaux tranchants, et pire encore, je leur interdis de mettre leur gilet fluorescent le matin, car cela va à l'encontre de ma conception de la mode. Sérieusement, je me définis sans nul doute comme un père responsable, qui attache beaucoup d'importance au respect des règles et des normes sociétales. Je ne considère pas non plus le fait de ne pas porter de casque de temps en temps comme un acte de rébellion. Bien au contraire : en fin de compte, il s'agit justement d'apprendre à ses enfants à respecter les règles (le port du casque sur un vélo ordinaire ne fait d’ailleurs l’objet d’aucune règle/prescription). Ainsi, lorsque je fais une agréable balade à vélo sur un chemin de terre non fréquenté, car nous habitons à la campagne, je ne porte pas de casque. Bien sûr, une buse pourrait me tomber sur la tête, mais j’accepte ce risque infime.
Vous vous demandez certainement pourquoi mes enfants doivent porter un casque : tout simplement parce qu'ils peuvent éventuellement tomber sans intervention extérieure, ce qui ne m'arrive jamais, sauf si je fais du vélo en état d'ébriété. Mais bien sûr, en tant que papa responsable, ça ne m’arrive jamais ! Un utilisateur m'a demandé : « Une question me brûle les lèvres : qu’apprennent tes enfants de ton comportement ? » J’y réponds volontiers. Je veux être un modèle pour mes enfants en leur apprenant à évaluer correctement les dangers et les risques, et non en les éduquant à suivre n'importe quelle norme sans la remettre en question.
Quoi qu’il en soit, je trouve les réactions à mon articles passionnantes. En fin de compte, c'est à chacun de décider s'il veut porter un casque à vélo et surtout dans quelle situation, et on peut effectivement avoir des avis différents sur la question. Mais, selon moi, la comparaison avec le port du masque ne tient pas la route. Car bien sûr, je porte le masque d'hygiène là où il est obligatoire. Je vous le dis, je ne suis vraiment pas une espèce d’illuminer qui n’en fait qu’à sa tête.
Ma collègue de la rédaction voit les choses un peu différemment, vous trouverez ici sa réponse à mon article :
Deux fois papa, troisième enfant de la famille, cueilleur de champignons et pêcheur, spectateur hardcore, à moitié danois et champion du monde des gaffes.