Gros problème pour Intel avec la condamnation définitive de ses CPU instables

Les premières mentions de soucis avec les CPU Intel remontent à décembre 2022 et n’ont fait que se multiplier depuis. Face aux nombreuses plaintes d’utilisateurs signalant des plantages de leur PC pendant un jeu ou l’utilisation de logiciels exigeants, Intel s’est vu obligé de réagir et avait annoncé une enquête en avril 2024.

La semaine dernière, Intel a enfin publié un communiqué. L’entreprise annonce, après une analyse approfondie, avoir constaté « qu’une tension excessive chez certains processeurs desktop de 13e et 14e génération provoquait des problèmes d’instabilité ». L’analyse a également montré que le problème est dû à un algorithme de microcode envoyant des requêtes erronées au processeur.

Dans la foulée, Intel a donc annoncé un patch du microcode qui « élimine la cause des tensions excessives ». Ce patch devrait parvenir aux partenaires à la mi-août après validation totale, les mises à jour UEFI pour les clients finaux devraient suivre rapidement. Les personnes concernées par ces problèmes d’instabilité doivent contacter le support client d’Intel, même si un échange du CPU leur a été refusé par le passé.

Plus de processeurs concernés que prévu

Le communiqué laconique d’Intel laisse entendre que l’entreprise a bel et bien trouvé la cause du problème. Mais, en y regardant de plus près, il suscite plus de questions qu’il n’apporte de réponses. En effet, il n’affirme pas directement résoudre le problème avec le patch, mais simplement en éliminer la cause. Il n’a pas non plus été clairement indiqué quels processeurs sont concernés.

Diverses plateformes d’information ont demandé de plus amples explications à l’entreprise. Les réponses, comme celle obtenue par The Verge, sous-entendent que le problème n’est pas prêt de disparaître. Notez qu’Intel a indiqué au site d’information que tous les processeurs de 13e et 14e génération en minimum 65 watts sont potentiellement concernés ! Il y a quelques semaines, les forums Reddit et cie supposaient que seule la gamme i9, la plus puissante, serait touchée. Mais finalement, les Core i5 et i7 sont aussi affectés.

Les processeurs concernés ont subi des dommages irréversibles

En outre, d’après des sources anonymes de Tom’s Hardware, la détérioration des performances du processeur serait définitive. La tension excessive aurait obligé le CPU à travailler en dehors de plages sûres et aurait entraîné « une dégradation irréversible des processeurs concernés ».

Le magazine en ligne écrit aussi : « Nous avons appris que le patch du microcode ne réparera pas les processeurs déjà victimes de crashes. Il devrait toutefois empêcher les problèmes sur les processeurs qui n’ont pas été affectés par ce problème. On ne sait pas si les CPU exposés à une tension excessive ont subi des détériorations ou des dommages invisibles qui n’ont pas encore provoqué de plantages, mais qui pourraient entraîner des erreurs ou des plantages à l’avenir. »

Dans le pire des cas, un CPU qui fonctionne encore correctement pourrait donc se retrouver affecté, démultipliant par conséquent le nombre de processeurs touchés. Ce n’est néanmoins pas ce à quoi s’attend Intel qui se veut rassurant et déclare que le patch constituera « une solution préventive efficace pour les processeurs déjà en service ». Intel n’a pour l’instant pas contredit les allégations du magazine selon lesquelles les CPU défaillants sont irrécupérables.

En revanche, l’instabilité n’est pas due à un problème d’oxydation lors de la fabrication. Intel a précisé à Tom’s Hardware qu’un tel problème s’était effectivement manifesté sur certains des premiers CPU de 13e génération, mais qu’il a été résolu en 2023 et n’est donc pas lié à l’actuelle instabilité.

Il s’agit d’un deuxième problème qui devrait provoquer le remplacement du processeur, tout comme le problème actuel... Pour autant que la garantie soit encore applicable ou qu’Intel décide d’être généreux et de la prolonger.

Un problème pas totalement résolu ?

Dans son communiqué, Intel insiste sur le fait que les propriétaires des CPU concernés n’ont pas à s’inquiéter d’une détérioration invisible si aucun problème n’est encore apparu. Toutefois, l’entreprise affirme également avoir découvert la cause principale (root cause) avec ce problème de tension et continuer à chercher d’autres problèmes.

Une grande partie de la clientèle ne se montre pas aussi confiante qu’Intel. D’ailleurs, les clients ne sont plus les seuls à envoyer des réclamations à Intel : désormais, certains développeurs de jeux ajoutent des avertissements destinés aux joueurs utilisant un CPU Intel de 13e ou 14e génération ! Un utilisateur de X, 9550pro, a ainsi vu s’afficher un avertissement prévenant de problèmes avec son CPU i7-13700K en lien avec Unreal Engine 5 après un crash de Path of Titans.

Si ça continue, la réputation déjà écornée d’Intel pourrait bien s’effondrer. L’entreprise semble décidée à l’empêcher, sans toutefois envisager un rappel des CPU ou un arrêt de leur commercialisation, ni annoncer une possible extension de garantie. Elle recommande malgré tout aux clients dont le CPU n’est pas encore défectueux de mettre à jour l’UEFI (anciennement BIOS) et d’utiliser les paramètres par défaut d’Intel.

Si vous réfléchissez à acheter un ordinateur portable équipé d’un processeur Intel de 13e ou 14e génération, vous pouvez a priori foncer sans crainte. Selon Intel, ces derniers ne sont pas concernés, car consommant moins de 65 watts. Patientez en revanche un peu si vous visez un PC de bureau avec CPU Intel. Ou tournez-vous vers AMD dont les dernières puces doivent sortir en août après un report du lancement dû à des problèmes de qualité. Les nouveaux processeurs d’Arrow Lake d’Intel (les Core Ultra 200) doivent par ailleurs sortir en octobre.