Luca Fontana
En coulisse

L'économe : "Qui l'a inventé ?" Un Suisse ... entre autres

Patrick Vogt
14/2/2025
Traduction: traduction automatique

Velcro, canard WC ou couteau de poche, la liste des inventions suisses est longue. Nous considérons volontiers l'éplucheur comme une invention suisse. Pourtant, il ne s'agit là que de la moitié de la vérité. Mais c'est une réussite.

Concombre, carotte, pomme, poire... Je prépare une fois de plus une boîte à goûter pour notre fille. Pour venir à bout des épluchures de fruits et légumes indésirables, je saisis l'économe avec une assurance de somnambule. C'est l'un de ces petits outils dont on ne peut plus se passer au quotidien et dans la cuisine. Et en plus, c'est une invention suisse. N'est-ce pas ?

Le premier name dropping

Lorsque je m'interroge sur l'origine de l'éplucheur, la première chose que je fais est de me rendre sur Wikipedia. Dans l'article correspondant, on peut lire que ce terme existe depuis la fin du XIXe siècle. Le nom de l'éplucheur est mentionné dans un enregistrement d'échantillon et de modèle - quasiment le précurseur de la demande de brevet - d'un ferblantier de la cour de Vienne du 22 décembre 1891. L'éplucheur a-t-il donc été inventé en Autriche ?

En cherchant une preuve de cela, je trouve effectivement ce que je cherche à la Bibliothèque nationale d'Autriche, dans ses archives numériques pour les journaux et les revues historiques. Dans le "Amtsblatt zur Wiener Zeitung" du 17. [[strike:Jänner]]janvier 1892, on trouve l'enregistrement mentionné par Wikipedia : le responsable du terme Sparschäler est un certain Joseph Denk. Bien pensé, Joseph!

Mon vieil allemand est un peu rouillé, mais il y a bien écrit Joseph Denk, non ?
Mon vieil allemand est un peu rouillé, mais il y a bien écrit Joseph Denk, non ?
Source : Screenshot Österreichische Nationalbibliothek

Il ne semble pas (plus) y avoir de photos ou de dessins du premier éplucheur, en tout cas je n'en trouve pas. En revanche, je tombe dans les années suivantes sur des annonces de journaux faisant la promotion de l'économe, par exemple en 1905 dans le "Zürcher Oberländer" ou dans un numéro de «Berner Tagwacht» von 1908. Et dans une annonce dans le "Oberländer Tagblatt" du 23 septembre 1918 dit sans doute tout à fait dans l'esprit de son inventeur :

«Les éplucheurs économisent beaucoup de temps et d'argent !»

Tout à fait remarquable, cet éplucheur

Malgré des mentions dans des annonces de journaux, le jeu de l'éplucheur ne semble pas encore avoir pris son essor. Les choses changent en 1936. C'est alors que l'Allemand Albert Deimel fait breveter son éplucheur de pommes de terre Famos. Il s'agit d'un éplucheur dont la lame est montée dans le sens de la longueur et peut être déplacée .

«Éplucheur de fruits et de pommes de terre», telle est la désignation exacte de l'éplucheur breveté de Deimel.
«Éplucheur de fruits et de pommes de terre», telle est la désignation exacte de l'éplucheur breveté de Deimel.
Source : Wikimedia / Malchen53

Le fait que vous puissiez acheter l'éplucheur Famos dans sa forme originale jusqu'à aujourd'hui montre que l'ustensile de cuisine de Deimel est devenu un outil populaire et couronné de succès.

Le roi de Suisse

Malgré le fameux brevet de l'Allemand Albert Deimel, il faudra encore attendre quelques années avant que l'éplucheur n'entame définitivement sa marche triomphale dans les tiroirs de la cuisine internationale. En 1947, l'entrepreneur et inventeur suisse Alfred Neweczerzal dépose un brevet international pour son modèle "Rex" - roi en latin -, le premier éplucheur à lame mobile transversale.

Le bébé d'Alfred Neweczerzal : l'éplucheur Rex.
Le bébé d'Alfred Neweczerzal : l'éplucheur Rex.
Source : Wikimedia Commons / Fred Klein

Le "Rex" s'impose rapidement comme un outil indispensable dans la cuisine. Pendant plus de 70 ans, l'entreprise Zena fondée par Neweczerzal à Affoltern am Albis produit des dizaines et des dizaines de millions d'éplucheurs, dont environ 60 pour cent sont exportés dans plus de 20 pays. Il est donc clair que l'éplucheur en soi n'a pas été inventé en Suisse. Mais le modèle que l'on connaît et utilise dans le monde entier, si.

En 2020, l'entreprise familiale est finalement vendue, mais reste en mains suisses : Victorinox, la mère du couteau suisse, reprend également la production de l'éplucheur "Rex".

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Du tiroir de la cuisine au timbre-poste

Qu'est-ce qui caractérise l'éplucheur "Rex" au juste ? Tous ceux qui l'ont déjà utilisé - et je pense que c'est le cas de la plupart d'entre eux - diront des choses similaires : il est agréable à prendre en main, il est léger, il permet d'éplucher rapidement... Et comme si tout cela ne suffisait pas, il est aussi très stylé, pour ne pas dire iconique.

Son design, pratiquement inchangé depuis 1947, fait la renommée du "Rex" en dehors de la cuisine. Il est vénéré comme un classique du design suisse et exposé dans les musées. La Poste lui a même consacré un timbre en 2004.

Il vaut mieux ne pas lécher la lame de l'éplucheur, mais son propre timbre, oui.
Il vaut mieux ne pas lécher la lame de l'éplucheur, mais son propre timbre, oui.
Source : Shutterstock / Boris 15

Le terme "culte" est à manier avec parcimonie plutôt qu'avec inflation. Mais pour moi, l'éplucheur "Rex" remplit toutes les conditions pour être perçu et qualifié d'objet culte. Je veux dire, hé, si ce n'est pas lui, alors qui ou quoi ? Même s'il existe aujourd'hui des éplucheurs qui font encore mieux que le Rex... Est-ce un crime de lèse-majesté ?

Photo d’en-tête : Luca Fontana

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