Les avantages et les inconvénients, bilan après un an et demi sans alcool
Point de vue

Les avantages et les inconvénients, bilan après un an et demi sans alcool

Philipp Rüegg
9/12/2024
Traduction: Yannick Meilleray

Je ne bois plus d’alcool depuis un an et demi. Bien que certaines choses me manquent, je ne veux plus revenir en arrière.

Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas un sermon contre la consommation d’alcool. Je souhaite simplement partager mon expérience, les raisons pour lesquelles j’ai arrêté, ce que j’ai ressenti et appris. Si cela peut vous aider à gérer votre consommation d’alcool, tant mieux. Si cela débouche sur une discussion animée avec de bons conseils de boissons sans alcool, encore mieux.

Mon abstinence d’alcool, qui dure maintenant depuis un an et demi, a commencé un peu par hasard. Nous étions en route pour les vacances d’été au Danemark. Avant le départ, je ne me sentais déjà pas très bien. Cela n’a pas changé à l’arrivée dans notre maison de plage. Ma femme a apprécié seule la sélection de bières locales que nous avions achetées en avance. Le lendemain, je n’étais pas encore en forme. C’est pourquoi j’ai de nouveau décidé de ne pas boire d’alcool. Il m’est alors venu spontanément à l’esprit que je pourrais arrêter complètement. Du moins aussi longtemps que j’en aie envie, ou jusqu’à ce que la tentation de l’alcool revienne.

L’alcool, une habitude

Même si je n’avais pas prévu de renoncer à l’alcool, j’avais cette idée à l’esprit depuis un certain temps. Souvent après qu’un youtubeur ou une célébrité ait vanté ses mérites. Tandis que ces personnes se considéraient comme buveuses excessives, ma propre consommation d’alcool était depuis longtemps limitée. Mis à part les escapades habituelles de ma jeunesse et de mes études, cela faisait des lustres que je ne buvais presque plus que le week-end. Et encore, il ne s'agissait généralement que de deux ou trois bières. Selon la définition officielle, on est loin d’une quantité problématique. Mon comportement m’a tout de même dérangé.

Une fête sans alcool ? Autrefois, c’était pratiquement impensable pour moi.
Une fête sans alcool ? Autrefois, c’était pratiquement impensable pour moi.
Source : Philipp Rüegg

Boire était devenu une habitude depuis longtemps. La question n’était pas vraiment « si » je bois une bière le vendredi soir, mais plutôt « quand » je vais ouvrir la première bouteille. Régulièrement, je me surprenais à préférer boire autre chose, mais à prendre quand même une bière au final. C’est le week-end, l’alcool est de rigueur. Il était rare que je me contente d’un seul verre. Comme un de mes amis a l’habitude de le dire que « l’estomac a besoin de plus d’une bière ». C’est pourquoi la première était presque toujours suivie d’une deuxième, puis d’une troisième.

Même lorsque j’allais au cinéma, au stade ou que je voyais des amis, une bière était mon fidèle compagnon dans 90 % des cas. Quand j’y repense, je ne me souviens pas d’avoir passé une seule semaine sans boire d’alcool, à part quand j’étais malade. Ce côté obsessionnel m’a longtemps agacé. Les vacances au Danemark ont finalement été le coup d’envoi de mon abstinence.

Le nombre de gobelets est un indicateur clair que pour beaucoup, le football et la bière vont de pair.
Le nombre de gobelets est un indicateur clair que pour beaucoup, le football et la bière vont de pair.
Source : Philipp Rüegg

Des défis à relever

Je n’ai jamais vraiment été tenté de reboire de l’alcool. Bien que le réfrigérateur soit plein à craquer de bières danoises, je me suis contenté des variantes sans alcool. Heureusement, il y en avait beaucoup. Autrement, il m’aurait fallu plus de courage et d’efforts pour rester sobre. Et c’est ainsi que les jours sont devenus des semaines et les semaines des mois.

Il y a tout de même eu quelques défis. Les matchs à domicile du FC Winterthour, par exemple. D’une part, parce que le club perd souvent et que le recours à la bière est alors particulièrement tentant. D’autre part, car c’est un événement convivial où j’aime trinquer avec des amis. Il s’avère que cela fonctionne aussi merveilleusement bien avec de la bière sans alcool. Je ne crie pas moins fort pour autant, ce que je serais tenté de considérer comme un effet secondaire positif.

Lors de notre LANannuelle, on ne boit certes plus autant que par le passé, mais l’alcool est encore de la partie.
Lors de notre LANannuelle, on ne boit certes plus autant que par le passé, mais l’alcool est encore de la partie.
Source : Philipp Rüegg

J’étais plus inquiet pour notre LAN party annuelle. Si 15 personnes boivent de la bière pendant deux jours consécutifs, cela risque d’être un peu ennuyeux pour moi. Une fois encore, il était inutile de s’inquiéter. J’ai rempli le bac à légumes du réfrigérateur d’une sélection variée de bières sans alcool et j’ai trinqué avec presque autant d’euphorie que le reste de la bande de gamers et gameuses. Cela m’a permis de maintenir mon niveau de décibels à un niveau raisonnable pour balancer des insultes bienveillantes lorsque je perdais un jeu à tort.

Trinquer crée un sentiment de communauté

C’est lors de la Badenfahrt, la fête de la ville de Baden, que j’ai mal vécu le fait de ne pas boire d’alcool. Pour beaucoup, ces fêtes consistent en des visites de différents bars. Lors de l’édition anniversaire de 2023, ces derniers étaient décorés de manière exceptionnelle. Alors que mes potes se commandaient une bière à chaque bar, j’ai passé près d’une heure à chercher en vain une alternative sans alcool. Je n’avais pas envie de boissons sucrées.

Une fois de plus, j’ai été frappé par le degré d’alcoolisation de notre société. On trouvait des boissons alcoolisées à tous les coins de rue et sous toutes les formes. Selon la devise : c’est la fête, alors on boit.

L’alcool a aussi un côté social.
L’alcool a aussi un côté social.
Source : Elevate @elevatebeer/Unsplash

J’ai finalement trouvé ce qu’il me fallait au dixième bar. Pour le coup, j’avais l’embarras du choix. Il y avait plusieurs bières sans alcool, y compris différents mocktails. Une bière fraîche à la main, je me suis tout de suite senti mieux, je pouvais enfin trinquer avec les amis. Avant cela, je me sentais un peu exclu. Trinquer, avec ou sans alcool, est quelque chose de collectif.

Le revers de la médaille de l’abstinence

Ne plus boire d’alcool est libérateur. Plus besoin de se demander si on peut encore boire une autre bière ou non. La gueule de bois fait partie du passé. Je me sens globalement mieux. Les avantages en matière de santé sont quant à eux plutôt marginaux. J’ai un peu plus d’énergie et je suis encore moins souvent fatigué pendant la journée. En revanche, je n’ai pas perdu de poids, même si c’est ce qu’on lit souvent.

Est-ce que je ne boirai plus jamais d’alcool ? Probablement pas. J’ai déjà fait quelques exceptions. Après tout, le pape boit lui aussi régulièrement du vin rouge. Lors de mes dernières vacances en Italie, dans les régions viticoles, j’ai cédé à l’envie d’un bon verre de vin rouge. Et à la maison, je me suis déjà offert une ou deux gorgées de rhum. L’alcool est devenu pour moi ce qu’il a toujours été : un produit d’agrément. Pour la première fois, je mets l’accent sur la qualité plutôt que sur la quantité 🍻.

En renonçant à l’alcool, on perd aussi d’autres choses.
En renonçant à l’alcool, on perd aussi d’autres choses.
Source : Michael Starkie @starkie_pics/Unsplash

Cela m’amène à l’écueil de l’abstinence. Lorsque j’ai quand même envie d’alcool, je me demande : est-ce le moment de faire une exception ? Qu’est-ce qui distingue cette situation des autres ? Pour compliquer les choses, l’alcool ne me tente plus vraiment.

Dans un monde idéal, je pourrais boire autant que je le souhaite sans jamais avoir de gueule de bois ou de problèmes de santé. Le fait de ne plus pouvoir simplement commander une bière fraîche me manque de temps en temps. La dégustation de différentes boissons a toujours été une de mes passions. Le choix quasiment infini de bières, gins, vins, etc. ne sera jamais totalement compensé par la quantité croissante d’alternatives sans alcool. Elles n’ont tout simplement pas le même goût et ne donnent pas le même sentiment de satisfaction. Heureusement, les temps obscurs où sans alcool était synonyme d’Appenzeller Sonnwendlig et de Clausthaler sont derrière nous.

Même si l’offre d’alternatives sans alcool augmente, elle sera probablement toujours inférieure à celle avec alcool. Voici un aperçu de mon armoire à liqueurs encore bien remplie.
Même si l’offre d’alternatives sans alcool augmente, elle sera probablement toujours inférieure à celle avec alcool. Voici un aperçu de mon armoire à liqueurs encore bien remplie.
Source : Philipp Rüegg

Il y a tout de même quelque chose qui me dérange : selon le niveau d’alcool de mon entourage, j’ai parfois l’impression d’être plus un observateur qu’un participant. Les personnes qui boivent et moi ne sommes alors plus sur la même longueur d’onde. La convivialité bascule dans le répétitif, l’ivresse prend le dessus. Cependant, comme mon entourage a aussi réduit considérablement sa consommation d’alcool et que je suis rarement le seul à trinquer avec des alternatives sans alcool, je me sens rarement exclu.

Je ne suis donc pas vraiment triste de ne pas pouvoir avoir le beurre et l’argent du beurre. Pour moi, la décision d’arrêter de boire a porté ses fruits, même si je dois me priver de temps en temps. Pour toutes les personnes qui veulent faire de même ou qui aiment simplement savourer une bière sans alcool de temps en temps, voici pour finir mes favoris du moment :

Photo : Amy Parkes/Unsplash_

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En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour. 


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