Dressforfun Dirndl
Ma première fois à la fête de la bière
Ce mois-ci, dans tout le pays, des gens en lederhosen et en dirndl se promènent dans les rues et les gares pour s'asseoir quelque part dans une tente de la fête de la bière. Pour la première fois, j’étais aussi l’une d’entre elles.
Originaire de Thurgovie, on me rencontre plus souvent lors des fêtes populaires. Mais jusqu'à présent, j'ai toujours regardé avec un léger mépris les fêtes de la bière organisées en Suisse. Les chapiteaux qui se dressent depuis quelques années dans chaque bled ne peuvent pas être aussi cool que ça. Il est clair que jusqu'à présent, j’étais contente de ne pas devoir participer à cette pseudofête en Suisse. Mais quand il y a six mois (!) ma collègue m’a gentiment demandé si je voulais participer, je n'ai pas pu lui dire non.
Je participe donc à une appropriation culturelle d’une coutume bavaroise de 200 ans et de la plus grande fête populaire (en allemand).
Bien sûr, je m’y rends en dirndl, je ne veux pas me faire remarquer négativement en tenue civile. Dans mon cas, mon budget n’a suffi que pour la version bon marché d’une boutique en ligne. Le prix des vrais est exorbitant et je m’y suis prise bien trop tard pour en louer un. Le fait que je puisse à peine m'asseoir dans mon « costume traditionnel bavarois » à cause de sa coupe étroite est un mal nécessaire que j'accepte.
Après un voyage en train, beaucoup de bière (il y a aussi ceux qui boivent déjà avant) et une marche en groupe avec tous les visiteurs qui se rendent à la fête de la bière, nous y sommes. Ce qui, à Munich, est réservé aux riches, est, dans une Suisse bien organisée, offert à tous : un banc réservé. Normal, après tout, j'ai payé 60 balles.
Les chopes et l’entraînement des biceps sont inclus
À peine arrivé sous le chapiteau, la première surprise : il n'y a pas que du poulet et des jarrets à manger, mais aussi, de la salade de pommes de terre, des bretzels, de la choucroute et des pâtes au pesto pour les végétarien·nes. Je choisis l'option végétarienne traditionnelle, c'est-à-dire l'assiette d’accompagnements. Mais c’est déjà ça, à d'autres fêtes populaires, il m’est souvent arrivé de devoir me contenter de pain sans moutarde.
Avec cela arrive aussi la première chope. Elle est incluse dans le menu qui lui était compris dans le prix d’entrée ; je suis étonnée. Dans certains clubs zurichois, il faut parfois payer le même prix d’entrée et à part un regard noir du videur, rien d’autre n’est inclus.
Je savais qu'une chope était lourde, à savoir 2,3 kilogrammes, mais je n'avais pas réalisé à quel point cela était lourd avant ma première fête de la bière. Chaque « tchin » devient un entraînement des biceps et chaque gorgée un mini-workout. À la fin de la soirée, à force de trinquer, je suis à deux doigts de la tendinite.
Chutes de bancs à perte de vue
Comme si les énormes chopes de bière n'étaient pas déjà assez difficiles à manœuvrer, à peine les assiettes sont-elles vides que toute la tente se met debout sur les bancs. Tout le monde saute dessus comme si c’étaient des trampolines. Au cours de la soirée, je vois plusieurs bancs se briser et des personnes tomber. Où est la Suva quand on a besoin d’elle ? Et est-ce que cela rentre dans la catégorie « accident non professionnel » ?
Il suffit que le groupe se place un peu trop loin sur le bord avant ou arrière du banc pour que ce dernier bascule. Autour de nous, les gens ne cessent de tomber sur les tables, les chopes de bière se renversent, les gens se hissent debout. Les participants, les tables et le sol sont couverts de bière et les bancs étroits en bois deviennent encore plus glissants.
Je ne comprends pas la tradition de debout sur le banc. Si l'on se tenait simplement à côté des bancs, on verrait tout aussi bien le groupe de musique qui joue devant chanson après chanson. De Rosi à Layla, tous les chants folkloriques sont bien entendu repris en chœur.
Tout se gâte lorsque commence la grande course non pas autour, mais sur les tables. Un type en lederhosen veut rejoindre ma collègue, mais il ne remarque pas qu'il n'y a personne d'autre sur le banc. Il marche sur le bout de ce dernier et le catapulte vers le haut avant de tomber sous la table. Aïe...
Trois files indiennes et prosits plus tard
Comme tout me devient trop dangereux et que je ne veux pas me casser les dents sur une chope ou me casser un membre en tombant du banc, je cherche une alternative sûre.
Je la trouve entre les bancs. À la queuleuleu les gens se faufilent sans cesse sous le chapiteau. Solide comme un roc, les deux pieds au sol et les mains appuyées sur la personne devant moi, j'explore le chapiteau en file indienne. Et après chaque prosit et un toast à la convivialité, c'est-à-dire toutes les demi-heures environ, je porte un toast avec mon voisin ou ma voisine.
Ensuite, à minuit pile, tout se termine. La lumière s'allume. Tous les participants à la fête populaire quittent le chapiteau tranquillement et, en petits groupes, se mettent en route, direction la gare. Alors que certaines personnes doivent être soutenues et que d'autres parcourent trois fois plus de chemin à force de tituber, je remarque quelque chose : Beaucoup d’alcool ? Des chansons sexistes ? Des chapiteaux dans des bleds ? Je connais déjà tout cela.
La fête de la bière en Suisse ne se distingue pas vraiment des autres fêtes populaires locales. Seuls les chutes des bancs, le dirndl et les options végétariennes sont nouveaux. Je ne sais pas pourquoi je me suis autant débattue pour y aller, peut-être que cela fait aussi presque partie de la chose ? Un peu, sans doute. Mais je pense que c’est surtout à cause de tous ces « accidents non professionnels ». Cela est trop extrême pour moi. Je préfère me contenter de la course de cochons à l'Olma. Celle-ci commence déjà le 13 octobre.
Faire des expériences et découvrir de nouvelles choses font partie de mes passions. Tout ne fonctionne pas toujours comme prévu et il arrive quelquefois que quelque chose se casse. Sinon, je suis accro aux séries et je ne peux plus me passer de Netflix. En été, on me trouve le plus souvent dehors au soleil – au bord du lac ou à un festival de musique.