Malgré quelques petits problèmes, « Fantastic Beasts 3 » est tout simplement magique
Enfin du nouveau dans l'univers « Harry Potter », pensent de nombreux fans. À juste titre : « The Secrets of Dumbledore » est un film fantastique avec un trio d'acteurs en grande forme, qui fait vite oublier le précédent film raté.
Avant toute chose : sachez que cette critique ne contient aucun spoiler. Vous ne lirez que les informations connues grâce aux bandes-annonces déjà diffusées.
On peut penser ce que l'on veut d'elle, mais J.K. Rowling est sans aucun doute une autrice de livres pour enfants hors du commun. Sinon, comment expliquer que Harry Potter continue d'ouvrir les portes d'un monde magique qui enchante enfants et adultes ? Après tout, leur monde est plein de contrastes fascinants : merveilleux et dangereux à la fois, caché, mais tout de même présent juste sous notre nez.
Le Monde des sorciers.
Les films Fantastic Beasts n'ont jamais vraiment réussi à égaler ce gigantesque succès. Peut-être parce que J.K. Rowling n'a pas fourni de roman à ce sujet, mais seulement des scénarios. Et ces derniers, on peut le dire maintenant, ne sont pas son point fort. La deuxième partie, The Crimes of Grindelwald (Les Crimes de Grindelwald), est justement truffée de problèmes narratifs et structurels.
Warner Bros. a donc fait revenir une vieille connaissance : Steve Kloves. Ce dernier a déjà écrit sept des huit scénarios de Harry Potter. Et maintenant The Secrets of Dumbledore, aux côtés de J.K. Rowling. Du moins, c'est ce qui se raconte. Selon la base de données IMDb ce serait le cas. Selon le générique du film, non. Si cela ne tenait qu'à lui, le studio de cinéma préférerait éliminer complètement J.K. Rowling de tout marketing après le scandale transgenre.
En tout cas, Steve Kloves fait du bien à la franchise. Car The Secrets of Dumbledore n'est pas seulement génial, il est de loin le meilleur volet de la série Fantastic Beasts. Le film a une structure, un concept, un fil rouge, un début, un milieu et une fin. Ajoutez à cela des personnages bien écrits, une action formidable et un Mads Mikkelsen qui remplace Johnny Depp et qui est si bon qu'en étant brutalement honnête, il aurait dû jouer le rôle du mage noir Gellert Grindelwald dès le début.
De quoi parle « The Secrets of Dumbledore »
Nous sommes en 1930. Le monde des sorciers est en pleine mutation, car Gellert Grindelwald veut imposer un nouvel ordre mondial dans lequel l'existence des sorcières et des sorciers est révélée et une où les Moldus, les non-magiciens sont subordonnés au monde des sorciers. Avec la guerre. Après tout, ce sont les Moldus qui, jadis, faisaient la chasse aux sorcières et aux sorciers au Moyen Âge.
Il n'y a qu'une seule personne qui puisse rivaliser avec le pouvoir de Grindelwald : Albus Dumbledore (Jude Law). Mais un pacte de sang, scellé dans leur jeunesse alors qu'ils étaient encore alliés, empêche le duel légendaire qui, des années plus tard, sera constamment cité dans Harry Potter. C'est pourquoi Grindelwald et Dumbledore s'efforcent de rassembler leurs partisans, dont le magizoologiste Newt Scamander, ou Norbert Dagonneau en version française (Eddie Redmayne) pour mener le combat à leur place.
Du moins jusqu'à ce que Grindelwald mette la main sur une nouvelle arme puissante : la capacité de voir l'avenir, au moins de manière fragmentaire.
Encore un changement de cap ; en bien cette fois-ci
Maintenant que Steve Kloves tient les rênes, du moins sur le plan narratif, The Secrets of Dumbledore a surtout un avantage sur les deux volets précédents : un plan. Le film sait où il commence et où il s'arrête. Et comment le chemin doit clairement être tracé entre le début et la fin sans s'encombrer de choses inutiles.
C'est rafraîchissant, surtout si on le compare à l'intrigue compliquée et confuse de The Crimes of Grindelwald. Il est impressionnant de voir comment, dans le scénario de Steven Kloves, la professeure Lally Hicks (Jessica Williams), nouvellement introduite, résume les événements de ce qui s'est passé avant en seulement deux ou trois phrases simples. Cela montre ce qui était vraiment pertinent dans l'intrigue à l'époque et ce qui était plutôt inutile et freinait la narration.
Mais le grand art du scénario de Steven Kloves consiste alors surtout à opérer un changement de cap dont le besoin se fait cruellement sentir, sans trop s'éloigner de la prémisse proprement dite. Rappelons que Fantastic Beasts and Where to Find Them (Les Animaux fantastiques) a débuté comme une sorte de Monster Hunter dans le monde des sorciers de Harry Potter. The Crimes of Grindelwald a ensuite suivi. L'histoire a changé de focalisation et de tonalité pour se concentrer sur l'escalade menaçante et déprimante entre Grindelwald et Dumbledore ; Newt Scamander, qui était encore le protagoniste du premier volet, est devenu un personnage secondaire dans sa propre franchise.
Le scénario de Steve Kloves The Secrets of Dumbledore fait sensiblement marche arrière avec l'ambiance dépressive. D'une part, il redonne beaucoup plus de place non seulement à Scamander, mais aussi aux animaux fantastiques qui donnent leur titre au film. Pas tout à fait dans la même mesure que Fantastic Beasts and Where to Find Them, mais suffisamment pour que les fans des créatures magiques y trouvent leur bonheur. D'autre part, il ramène dans le monde magique cette fantaisie enfantine que Crimes avait perdue. D'un point de vue cynique, on pourrait même dire que Steve Kloves reconnaît l'échec de son prédécesseur sur toute la ligne.
Le fait est que ce nouveau changement de cap est plus qu'un simple pas dans la bonne direction. C'est une aide géante ; comme si Fantastic Beasts avait enfin trouvé sa tonalité et avec elle sa place dans le Monde des sorciers. Et c'est une bonne place.
Le nouveau Grindelwald contre l'ancien Dumbledore
Il n'était pas du tout évident que les choses se passeraient pour le mieux dans The Secrets of Dumbledore. La production, secouée par des scandales incessants, est trop incisive pour miser sur son succès.
Par exemple en 2017, lorsque la guerre des roses a commencé entre l'acteur de Grindelwald Johnny Depp et son ex-femme Amber Heard, les deux parties s'accusant mutuellement de violence domestique. Le studio de cinéma Warner Bros. a d'abord maintenu l'acteur. Trois ans plus tard, ce n'est plus le cas : en novembre 2020, Depp a quitté le projet après que son procès en diffamation de 50 millions de dollars ait été rejeté ; quelques mois seulement après le grotesque scandale transgenre de la créatrice de Harry Potter, J.K. Rowling. Ce scandale a été précédé d'une vidéo controversée de l'acteur Ezra Miller, qui aurait étranglé une femme en Islande après qu'elle l'ait provoqué.
Des scandales en masse.
Mais le film n'en porte pas trace, bien au contraire. Le rôle d'Ezra Miller a été considérablement réduit – ce n'est sans doute pas un hasard– et Mads Mikkelsen a pris la place de Johnny Depp ; un coup de chance. Mikkelsen n'est pas seulement un digne remplaçant de Gellert Grindelwald. Il le joue avec un tel charisme qu'il est facile de tomber sous son charme et ses idéologies bien trop radicales. Un peu comme ce fut le cas autrefois pour le jeune Albus Dumbledore, à nouveau interprété par Jude Law, dans une perfection magistrale, avec un mélange de mélancolie contemplative et de joie enfantine.
En effet, l'alchimie cinématographique entre Law et Mikkelsen fonctionne bien mieux que celle entre Law et Depp. Non pas que l'interprétation de Grindelwald par Depp ne soit pas bonne, mais Depp incarnait davantage la folie de Grindelwald, les abîmes de son âme. Depp l'exprimait également dans son apparence : la peau claire, les cheveux décolorés, un œil blanc et un look steampunk. Un contraste beaucoup trop grand avec le Dumbledore classique et démodé, surtout que depuis Crimes, une romance de jeunesse est suggérée entre les deux.
Mikkelsen, quant à lui, oscille entre personnage charmant, bienveillant et terriblement effrayant. Un numéro d'équilibriste qui fonctionne à merveille et qui rend la romance en question plus crédible. Aujourd'hui, je ne peux pas imaginer un meilleur acteur pour incarner Grindelwald. C'est le plus grand des compliments que je puisse faire à Mikkelsen.
Et qu'en est-il des secrets de Dumbledore qui donnent son titre à l'ouvrage ? Pour les fans, il s'agit en fait d'une plongée dans l'histoire du personnage. Très profonde, même. Mais pas de panique, je ne spoile rien. Mais préparez-vous à l'une ou l'autre surprise. Et même à verser quelques larmes dans certaines scènes, grâce au jeu de Jude Law.
Des critiques ? Oui, quelques-unes
Même si j'ai envie de continuer à m'extasier, The Secrets of Dumbledore n'est pas parfait. En effet, à l'exception du trio porteur Scamander, Dumbledore et Grindelwald, la plupart des personnages du film ne connaissent que très peu de développement. Yusuf Kama, un reste de Crimes of Grindelwald, joué par William Nadylam, aurait même pu être complètement supprimé. Il en va de même pour le frère de Scamander, Theseus (Callum Turner). Les deux sœurs Goldstein (Katherine Waterston et Alison Sudol) sont certes présentes, mais à peine. Et l'Allemand Oliver Masucci, que vous avez peut-être déjà vu dans Er ist wieder da ou Schachnovelle, est complètement gâché dans le rôle d'Anton Vogel.
Sans oublier Dan Fogler dans le rôle du Moldu Jacob Kowalski. Il gagne haut la main en termes de points de sympathie et cela ne change pas dans le troisième film. Mais c'est précisément pour cela que j'aimerais qu'il ait enfin un peu plus d'influence sur l'intrigue. D'une part, il est un peu le cœur du film, mais d'autre part... eh bien, c'est un Moldu, et il est aussi utile aux sorciers et aux magiciens qu'une poêle à frire. Même le scénario de Steve Kloves ne parvient pas vraiment à expliquer pourquoi le monde des sorciers fait constamment appel à lui. Quoi qu'il en soit, j'en suis quand même ravi. Comme je le disais : on ne peut pas faire autrement que d'aimer Kowalski de tout son cœur.
En revanche, l'arrivée de Lally Hicks, professeur de sortilèges à Ilvermorny, la version américaine de Poudlard, déjà mentionnée plus haut, est réjouissante. Peut-être parce qu'elle joue la plupart des scènes avec le personnage on ne peut plus sympathique de Kowalski, alors qu'ils créent beaucoup d'agitation à Berlin. C'est là qu'une grande élection à venir est annoncée dans le film. Une qui doit désigner le ou les futurs leaders de la communauté magique mondiale.
Minute...
Dans chaque pays, il existe un ministère de la Magie. Chaque ministère est placé sous l'autorité d'une ou d'un chef·fe. Je n'ai jamais entendu parler d'une autorité supérieure à la leur, ni dans les livres ni dans les films. Même si le scénario veut me faire croire que seule une personne au cœur pur peut être élevée à ce rang de leader, le concept a quelque chose de dictatorial.
Verdict : la franchise devient enfin plaisante
Là où Fantastic Beast and Where to Find them semblait encore trop mignon et trop insignifiant dans le grand cosmos Harry Potter, The Crimes of Grindelwald cherchait sa justification dans une histoire incroyablement surchargée qui, sans aucun avertissement préalable, jetait complètement par-dessus bord sa prémisse initiale. Avec The Secrets of Dumbledore, on parvient enfin à trouver un bon équilibre.
En effet, grâce à son casting bien sélectionné et au scénario de Steve Kloves, le réalisateur David Yates met en scène une aventure généralement légère, avec beaucoup d'action et une utilisation imaginative des effets spéciaux. Le tout est une fois de plus accompagné par la musique impeccable de James Newton Howard, qui ne cite le thème emblématique de Harry Potter qu'autant de fois qu'il le faut pour que nous, spectateurs, puissions nous laisser aller à une agréable nostalgie, avant de reporter notre attention sur les créatures fantastiques.
- « Fantastic Beasts : The Secrets of Dumbledore » sortira en salle le 7 avril. Durée du film : 142 minutes. Interdit aux moins de douze ans.*
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»