
En coulisse
Combien coûte le travail sur un PC gaming ?
par Samuel Buchmann
Nos développeurs ont créé un système d'exploitation pour mini ordinateurs rendant les PC traditionnels superflus dans nos entrepôts et nos succursales. Le but de la manœuvre ? Éviter les déchets électroniques, les prise de tête et des coûts se chiffrant en millions.
Même si la journée comportait deux fois plus d'heures, Thomas Gfeller et son équipe ne seraient pas sortis indemnes de l'année passée. La charge de travail se serait tout simplement abattue sur les développeurs de l'équipe Planet Express. Et pour cause, chez Digitec Galaxus, ils sont responsables, avec le support informatique, d'équiper tous les nouveaux postes de travail – lesquels poussent comme des champignons – d'ordinateurs et de leur mise en réseau.
« Digitec Galaxus a fait un gigantesque bond en avant en très peu de temps, la pandémie de coronavirus ayant stimulé le commerce en ligne », explique Thomas. Et de poursuivre « Nous avons dû augmenter rapidement la logistique ».
Un tel changement ne s'opère pas en un claquement de doigts. « Il faut plus d'entrepôts, plus d'étagères et plus d'ordinateurs, plus de matériel en somme », explique Thomas. Face à la croissance constante de Digitec Galaxus, cela signifierait, de la part du support informatique, une mise en place et une gestion en continue de nouveaux ordinateurs en collaboration avec Planet Express. Une entreprise impossible. Et pour cause, Planet Express s'occupe de tout un tas de choses : réseau de l'entreprise, sécurité informatique, deux clouds, univers Microsoft Office, environnement d'impression.
« Bien sûr, nous aurions pu simplement mettre en place deux ou trois équipes supplémentaires pour l'installation et la prise en charge de nouveaux ordinateurs Windows toute la journée », explique Thomas en fronçant les sourcils. « Cela nous aurait alors coûté quelques centaines de milliers de francs par an et par équipe », mais il en a été tout autrement. Planet Express a franchi cet obstacle avec plus de panache. Au lieu d'augmenter le nombre de développeurs, elle a réduit le nombre de machines.
L'idée sous-jacente ? Tous les collaborateurs de Digitec Galaxus n'ont pas besoin d'ordinateurs dans leur travail quotidien. Que ce soit à l'entrepôt de Wohlen, à la succursale de Saint-Gall ou à celle de Genève, les collaborateurs utilisent leurs appareils principalement pour trois activités : communiquer sur Microsoft Teams, consulter l'ERP et consigner leurs heures de travail. Tout cela se fait dans Firefox ou dans un autre navigateur Web.
Les ordinateurs traditionnels sont désormais capables de faire beaucoup plus que par le passé. Il est donc judicieux d'utiliser des appareils dotés d'une puissance de calcul moindres pour des tâches spécifiques comme l'accès au navigateur. Ces appareils sont des clients légers (Thin Clients). Contrairement aux ordinateurs traditionnels – également appelés clients lourds (fat clients) –, ils fonctionnent sans entretien, ne stockent aucune donnée localement et peuvent être démarrés directement via le réseau.
Thomas et son équipe ont mis en place ce système de client léger chez Digitec Galaxus à partir de différents composants open source, code ouvert, trouvés sur Internet. Le résultat parle de lui-même. Cette base logicielle permet à l'entreprise d'utiliser dans tous ses entrepôts et succursales des appareils plus rapides à mettre en place, plus faciles à transporter, plus sûrs et bien moins chers que les ordinateurs traditionnels.
Autre atout ? Les clients légers de Planet Express ont une caractéristique particulière : ils chargent le système d'exploitation sous forme de paquet dans la mémoire vive et ne dépendent ensuite plus d'aucun serveur en backend, comme le feraient des clients légers traditionnels. C'est pourquoi ils n'ont pas besoin d'une gestion supplémentaire de la part de l'équipe de Thomas. « Je ne connais pas d'autre exemple où l'on procède ainsi », souligne-t-il. Ces clients légers ont remplacé presque tous les PC volumineux dans les succursales et les entrepôts de Digitec Galaxus.
Pour mettre en service un client léger, il suffit de peu de choses. Thomas repêche un petit boîtier carré dans une grande montagne de câbles. C'est un NUC, un micro PC de la marque Intel. « C'est le corps d'un client léger », explique-t-il. Dans ce cas, il s'agit d'un produit sur mesure de Little Bit. « Mais c'est là toute la beauté du client léger : il fonctionne presque partout », explique Thomas. Par « partout », il entend tous les appareils disposant au moins d'un processeur à architecture x86, très répandue aujourd'hui, cette dernière datant des années 1980.
Le démarrage se fait comme d'habitude, mais les « engrenages » de la solution sont un peu plus visibles : Thomas appuie sur un bouton et des lignes de code défilent immédiatement à l'écran. « L'appareil charge un système d'exploitation depuis le réseau et le lance localement », explique-t-il en levant les yeux de l'écran.
Et voici la partie spéciale : « Le client léger charge le système d'exploitation dans la mémoire vive. Il n'y a pas de disque dur à l'intérieur ». Elle n'a volontairement pas été montée sur nos NUC, car elle est souvent la première à tomber en panne. De ce fait, l'ensemble revient moins cher.
Une fois le client léger lancé, les utilisateurs peuvent saisir leur identifiant d'entreprise habituel. Le bureau apparaît. À première vue, cela ressemble à Windows. « Pour réduire les coûts et la complexité, nous ne pouvions pas compter sur Windows comme système d'exploitation, en raison de ses défauts dans l'utilisation quotidienne », explique Thomas. « Nous avons donc opté pour Linux. »
Il a ceci d'avantageux que contrairement à Windows et MacOS, il est gratuit et open source ; les « briques » du système sont librement accessibles sur Internet. « Notre solution est constituée d'innombrables composants open source, par exemple Ubuntu, le système d'exploitation Linux open source. Il fonctionne sur les clients légers ».
Le seul bémol ? L'enthousiasme pour le système d'exploitation en dehors du développement logiciel est limité. « Une petite partie seulement voulaient revenir à Windows. C'est l'habitude qui parle je pense », lance Thomas.
Notre réponse active aux demandes nous a valu une salve d'encouragements. Par exemple, devant la demande des employés de la succursale, on a entièrement revu l'interface du bureau afin que le passage à Linux se fasse le plus facilement possible.
Dès le début, le support informatique était emballé par les mini ordinateurs. « Ils ont beaucoup moins de commandes de PC et de demandes d'assistance », explique Thomas. « Pour mettre un client léger en service, il suffit de brancher un câble HDMI, USB et réseau », poursuit-il.
« Cette solution nous permet une mise en service de centaine de nouveaux postes de travail sans consacrer une minute de notre temps de travail ». « Avec Windows, cela aurait été problématique : il faudrait installer le système d'exploitation, y compris l'antivirus et les mises à jour, préparer les paquets logiciels, etc... ». Avec les clients légers, fini tout ça, et plus de frais de licence. Et ce n'est pas tout : « La dernière version logicielle est toujours sur les appareils » souligne-t-il.
Cette solution fait le bonheur de Thomas et de son équipe. C'est un sentiment qu'ils souhaitent partager avec d'autres. Planet Express a donc publié le code de sa solution sur la plateforme de développement Github.
Autrement dit, les intéressé(e)s peuvent désormais y accéder librement. « Nous voulions donner quelque chose en retour pour avoir utilisé de nombreuses parties de logiciels de la communauté open source », déclare Thomas. « C'est notre façon de dire merci. Nous sommes très heureux de recevoir d'autres idées de la part de la communauté. »
Cette publication du code représente, pour Thomas et son équipe, la cerise sur le gâteau de leur projet « client léger ». Cette solution permet à Planet Express de terminer l'année en toute tranquillité.
Allez jeter un œil au projet sur GitHub. Peut-être aurez-vous envie de l'utiliser ? Peut-être cette solution vous aidera-t-elle à économiser quelques heures de travail ? Faites-nous savoir ce que vous en pensez !« Je veux tout connaître ! Je veux des bas terrifiants, des hauts enivrants, des milieux bien moelleux ! » : ces mots d'un personnage culte de la télévision américaine reflètent pleinement mes pensées. Je partage cette philosophie de vie, y compris au travail. Ce que cela signifie concrètement pour moi ? Je trouve que chaque histoire, de la plus insignifiante à la plus incroyable, a son charme.