Mon entraînement à 444 morts dans « The Messenger » : m’occuper de mes enfants
Quand on a des enfants en bas âge, on ne peut jouer qu’à certaines catégories de jeux vidéos : ceux que l’on peut interrompre. Et pour cela, les jeux Metroidvania sont parfaits. Bizarrement, c’est un genre pour lequel je n’avais pas assez de patience ni de sang-froid avant de devenir père.
Il faut savoir que je suis un fou de jeux vidéos. En tout cas, je l’étais avant d’avoir des enfants. En effet, depuis la naissance de mon aîné, j’ai très rarement pu jouer aussi longtemps qu’avant. Mais heureusement, mes fils ne sont plus des bébés et j’ai donc un peu plus de temps pour m’adonner à ma passion d’antan.
C’est là que j’ai découvert un nouveau genre : Metroidvania. Ce terme est un mot-valise créé à partir de deux noms de séries : Metroid et Castlevania. Les jeux Metroidvania se caractérisent par de grands univers de jeu, donc chacun est accessible quand on a acquis certaines nouvelles compétences. Je viens de terminer The Messenger. Il y a quelques années, je n’en aurais pas été capable. Ce sont mes enfants qui ont été ma meilleure préparation.
Les parents doivent avoir des nerfs d’acier
Si vous avez été en contact avec de jeunes enfants, vous le savez bien : ils peuvent piquer une crise si, à leur avis, vous n’avez pas tartiné correctement leur tranche de pain. Autre grand classique : vous avez enfin fini d’habiller le plus jeune pour une promenade en forêt. Et voilà que votre aîné a déjà enlevé son anorak. Vous pouvez recommencer à zéro. D’ailleurs, votre manière de peler les bananes ne leur plaît jamais. Bref, la vie avec des enfants est un apprentissage de la patience.
Avant d’être père, j’étais une vraie boule de nerfs. Mes enfants m’ont appris à garder mon calme en toutes circonstances. Une qualité qui m’est très utile dans un autre contexte : les jeux Metroidvania. Même quand je meurs pour la dixième fois au même endroit, je ne déclare pas forfait. Je ne hurle plus comme un fou. Au contraire, je remercie le jeu de m’avoir donné son feed-back (ma mort virtuelle) et je me lance dans un nouvel essai.
Je suis la cible permanente d’attaques personnelles
J’ai été mobbé pendant presque toute ma scolarité. J’étais toujours mis de côté par mes camarades. Au final, cela ne m’a pas rendu plus fort, mais plus faible. De fait, j’ai manqué de confiance en moi pendant des années. Mon estime personnelle ne s’est que lentement améliorée. Et même en tant que jeune adulte, je prenais personnellement la moindre critique.
Qu’en est-il aujourd’hui ? On continue de m’insulter. Mais maintenant, ce sont mes propres enfants qui me traitent de tous les noms. Certaines insultes sont claires (« t’es bête »), d’autres moins (« papa, t’es une saucisse aux cheveux gris »). Par le passé, ça m’aurait mis hors de moi, mais aujourd’hui, « t’es bête » me laisse de glace (j’utilise moi-même cette expression). Par ailleurs, je constate que même les adultes ont du mal à contrôler leurs émotions. C’est ce que prouvent les débats houleux dans les commentaires en ligne. Quant à la saucisse aux cheveux gris, mon fils m’a affirmé que ce n’était pas une injure, mais un compliment. Cela dit, il n’est pas arrivé à m’expliquer en quoi c’était flatteur de ressembler à une saucisse. Bref, grâce à lui et à son frère, j’ai appris à garder mon sang-froid.
Quel est le rapport entre cette longue digression et les jeux Metroidvania ? Dans The Messenger, que je viens de terminer, j’ai un nombre infini de vies. Chaque fois que je meurs, le démon cupide Kazimodo me fait revivre. En contrepartie, il mange tous les diamants temporels (la monnaie du jeu) que je vais devoir récupérer. Et il se moque de moi à chaque fois. Par exemple, il me dit : « Je suis celui que tu n’aurais jamais rencontré si tu avais eu un minimum de talent ». Jusqu’au générique du jeu, le petit démon moqueur m’a adressé 444 critiques (je ne suis pas très bon à ce jeu). Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir prendre ces critiques avec bonne humeur.
Grâce à mes enfants, je joue aux jeux Metroidvania de manière zen, je ne détruis plus la manette et je ne fonds plus en larmes. J’envisage même de réessayer certains jeux de plateforme qui avaient le don de m’exaspérer dans ma jeunesse. Vous savez quoi ? Je vais certainement redevenir un fou de jeux vidéos.
La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.