« Plague Tale : Requiem », un gameplay monotone qui ne rend pas justice à l’histoire
Deuxième volet de la série, « Requiem » raconte la suite des aventures médiévales de « A Plague Tale : Innocence » dans un monde infesté de rat et ravagé par la peste noire. Son gameplay sommaire empêche cependant l’immersion dans le jeu.
Encore des gardes... Si ça continue, j’aurais bientôt plus de cadavres sur la conscience que les hordes de rats. Je pourrais certes me faufiler discrètement derrière les gardes, mais ça compliquerait inutilement la scène. J’ai juste envie d’avancer dans l’histoire. Car, comme le premier volet de la série sorti en 2019, toute la force de Plague Tale : Requiem réside dans son histoire. Asobo ne se contente malheureusement pas de son histoire.
J’ai joué un peu plus de dix heures sur PC avant d’abandonner. Selon l’éditeur, Requiem offre 18 à 20 heures de jeu, c’est presque deux fois plus long que son prédécesseur.
Histoire et monde fascinants
Requiem commence presque aussitôt après la fin d’Innocence. Nous suivons à nouveau le périple d’Amicia et Hugo, frère et sœur, à travers la France du XIVe siècle. Ils cherchent ensemble un remède à la mystérieuse maladie d’Hugo, liée à l’infestation de la région par des rats. Il ne s’agit pas de quelques rats sortis des caves où ils grignotaient les provisions de la population. Non, je parle ici de hordes entières de rats aux yeux injectés de sans qui dévorent hommes et femmes. Tels des raz-de-marée, ils fondent sur tout ce qui se trouve sur leur chemin. C’est à la fois impressionnant et effrayant. Et qui ne succombe pas à ces terribles attaques, est contaminé par les rats et meurt généralement de la peste.
Hugo et Amicia ne fuient pas seulement ces escadrons de la mort à quatre pattes, mais aussi l’Inquisition française. Hugo étant effectivement en quelque sorte lié à cette infestation par sa maladie, l’Inquisition s’en prend à lui. Pendant leur périple vers une mystérieuse île, où Hugo trouvera peut-être le salut, ils sillonnent le sud de la France. Dès le début, l’histoire m’embarque. Il me faut découvrir ce qui se cache derrière ce fléau, ce que vient faire un ordre occulte dans cette histoire et si je peux encore sauver Hugo. Même les destins de ses compagnes et compagnons de route ne me laissent pas indifférent. Le périple m’entraîne d’un lieu à l’autre, comme dans Uncharted, mais avec un peu plus de cadavres et de rats, et motive l’explorateur qui sommeille en moi.
Le jeu est particulièrement beau et les effets de lumières créent une ambiance incroyable. Je n’ai de cesse de m’émerveiller devant des villes côtières pittoresques, des fêtes de village colorées et des paysages de rêve où les rayons du soleil transpercent le ciel nuageux. Quant aux quartiers ravagés par la peste et aux catacombes jonchées de cadavres défigurés, même eux sont d’une beauté à faire froid dans le dos. La musique est grandiose. Elle crée tantôt une atmosphère légère avec des sons doux lorsque je flâne dans des champs de fleurs, tantôt angoissante, lorsque je me trouve dans des rues désertées et lugubres. Sur les plans audio et visuel, Plague Tale : Requiem est une petite merveille.
Je n’ai qu’un reproche à faire à Requiem sur ce point, c’est le manque de naturel dans la synthèse vocale. Elle ne me convainc complètement ni en allemand, ni en français, ni en anglais. Amicia a une voix gémissante souvent exagérée, quant à Hugo, on dirait qu’il pleurniche dans toutes les langues. Comme pour le premier volet, je me suis finalement rabattu sur le français. C’est la langue qui correspond le mieux à l’histoire et au décor. Le jeu est effectivement développé par un studio français et ces voix sonnent plus naturelles.
Le jeu ne sert pas l’histoire
Malheureusement, dans Plague Tale : Requiem comme dans tout jeu, il ne s’agit pas seulement de profiter de la vue et de découvrir une histoire. On est constamment bloqué dans la progression par des soldats, des rats ou des énigmes. Le gameplay manque d’originalité et de variété. Amicia a certes appris deux ou trois trucs ; elle sait désormais non seulement allumer des feux, mais aussi éteindre des flammes, faire exploser des flammes ou lancer des appâts pour détourner l’attention des rats avec sa fidèle fronde. Les rongeurs représentent toujours le plus grand danger du jeu. Mais ils n’osent pas venir dans la lumière, je tire donc profit de cette faiblesse pour me frayer un chemin à travers les masses noires, tantôt en allumant des foyers ou des fosses de goudron, tantôt en éteignant les torches des gardes, les laissant ainsi à la merci des rats.
Quand je n’ai pas envie de me faufiler derrière les gardes, j’attaque. Après tout, aucun casque ne peut protéger les ennemis de mon arbalète. Pendant le jeu, j’apprends de nouvelles techniques d’attaque et peux améliorer mon équipement. Mais même comme ça, les combats n’ont rien de stimulant ou d’intéressant. Le level design est très répétitif.
Les énigmes, trop nombreuses, ne font aussi que détourner de l’histoire et de la découverte du monde. Lancer un grappin à l’arbalète pour tirer des portes ou des poutres ? C’était déjà ennuyant dans Uncharted 4. Et je trouve ça dingue de devoir encore déplacer une remorque pour pouvoir sauter par-dessus un mur en 2022. Surtout quand même un enfant de quatre ans pourrait franchir l’obstacle sans aucune aide. J’apprécierais une fonction permettant de sauter les énigmes dans tous les jeux, comme dans le récent The Last of Us Part 1 ?
Verdict : le mieux est l’ennemi du bien
J’aurais vraiment apprécié qu’Asobo se repose davantage sur l’histoire et la découverte. L’univers de Plague Tale alterne entre scènes lugubres jonchées de cadavres et paysages méditerranéens idylliques, dans lesquels on se croirait presque en vacances. Les chapitres centraux sont, pour moi, le point fort du jeu. Dans ces passages, Plague Tale s’écarte du chemin habituellement linéaire et me laisse explorer librement une vaste île. Le rapport entre action, énigmes et passages furtifs est plus harmonieux. Je ne peux malheureusement pas en dire autant du reste du jeu qui me force la plupart du temps à répéter les mêmes gestes : traverser des océans de rats, éliminer des gardes ou résoudre des énigmes relativement simples. Cela ressemble plus à du travail qu’autre chose. Malgré tout, je ne peux rester indifférent face à ce monde fascinant et magnifique. Amicia, Hugo et leurs acolytes me sont déjà devenus chers et je ne me reposerai que lorsque je les aurai menés à bon port.
A Plague Tale : Requiem m’a été envoyé par Plaion. Le jeu est disponible sur PC, PS5 et Xbox Series S/X.
En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.