Poudres, gélules et comprimés colorés : qui a vraiment besoin de compléments alimentaires (et quand)
Capsules de vitamine A, comprimés de fer, poudre de vitamine C : les compléments alimentaires se trouvent à la pelle. Mais desquels avons-nous vraiment besoin ? Nous avons demandé l'avis de trois expertes.
En Suisse, selon une étude menée par l’OFAG, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, une personne sur deux consomme des compléments alimentaires. Pourtant, nous savons peu de choses sur ces poudres, gélules et comprimés colorés. Quoi qu’il en soit, beaucoup ne jurent que par ça et d'autres les diabolisent. La vérité se situe, comme souvent, quelque part entre les deux extrêmes. Nous nous penchons sur la tendance des compléments alimentaires. Spoiler : l'automédication n'est pas une bonne idée. Mais reprenons depuis le début.
Pourquoi les compléments alimentaires connaissent-ils un tel engouement ?
« Ces dernières années, la santé s'est profondément ancrée dans notre conscience en tant que mégatendance et est devenue synonyme de qualité de vie élevée », déclare la nutritionniste Dr Marlies Gruber. Il n'est donc pas étonnant que la vente de gélules colorées soit en plein essor : en Suisse, le chiffre d'affaires du segment des vitamines & minéraux s'élève à environ 109,20 millions d'euros en 2022, rapporte statista.com. Pour 2027, un volume de marché de 135,7 millions est prévu. Cela correspond à une croissance annuelle du chiffre d'affaires d'un peu plus de quatre pour cent. En Allemagne, les compléments alimentaires sont également très appréciés et de plus en plus achetés, notamment grâce au coronavirus : pendant la pandémie, le chiffre d'affaires du secteur est passé d'environ 1 à 1,6 milliard d'euros, ajoute Daniela Krehl, porte-parole de Verbraucherzentrale Bayern.
Mais, saviez-vous que les comprimés et les gélules n'ont pas le droit de guérir ? « Seuls les médicaments dont l'effet et les interactions ont été prouvés par des études sont autorisés », explique la porte-parole. En revanche, les compléments alimentaires sont considérés comme des denrées alimentaires. C'est pourquoi, dans l'UE, le règlement sur les allégations de santé réglemente les affirmations que les fabricants peuvent ou ne peuvent pas imprimer sur les étiquettes. En Suisse aussi, on travaille avec des allégations de santé.
Pas d'examen du gouvernement en vue d’une homologation pour les compléments alimentaires
Des compléments alimentaires sont bien entendu également proposés sur Internet, parfois avec des ingrédients non autorisés dans l'UE et la Suisse. Mais ce qui est bien plus grave : pour les denrées alimentaires, et donc pour tous les compléments alimentaires, il n'existe pas d'examen du gouvernement en vue d’une homologation ni de contrôle étatique en Suisse, en Allemagne ou en Autriche. L'experte Daniela Krehl l'explique à l'aide d'un exemple : « Je ne dois pas avoir d’homologation pour une saucisse, je peux simplement la vendre si je peux prouver qu'elle n'est pas dangereuse pour la santé. » Il en va de même pour les compléments alimentaires.
Et c'est un problème majeur qui préoccupe les pays depuis des années. La nutritionniste Dr Marlies Gruber souligne : « Jusqu'à présent, il n'y a toujours pas de limites maximales communes au sein de l'UE pour les micronutriments dans les compléments alimentaires. » Le danger : certaines substances contenues dans les compléments alimentaires peuvent tout à fait être dangereuses pour la santé si elles sont surdosées par les consommateurs. En Suisse, un modèle de quantité maximale est en vigueur depuis mai 2020. Qui lit le document conclut rapidement au vu de la complexité des données qu’il est préférable de ne pas prendre de poudre ou de pilules sans l'aide de spécialistes.
Nous retenons que les compléments alimentaires sont un sujet complexe et un véritable défi, tant pour les consommateurs que pour les autorités.
Risques : voici ce que peut provoquer un abus de compléments alimentaires
Ai-je encore votre attention ? Super ! Poursuivons : les interactions avec d'autres substances et médicaments n'ont pas encore été suffisamment étudiées. Sur le site klartext-nahrungsergänzung.de de la Verbrauchenzentrale, vous pouvez lire quels sont les interactions, effets secondaires et contre-indications connus à ce jour pour chaque complément alimentaire.
Mais le danger le plus grave des compléments alimentaires est sans doute le suivant : le surdosage involontaire de certaines substances. Pour cela, il faut savoir que nos 13 vitamines connues se divisent en deux groupes. D’un côté, il y a les vitamines hydrosolubles, dont la vitamine C et toutes les vitamines B font parties. Le corps les élimine par les reins et finalement par l'urine si nous en avons pris trop. En d’autres termes, un surdosage de vitamine C ne fait pas beaucoup de dégâts chez les personnes en bonne santé. Les personnes souffrant d'insuffisance rénale doivent toutefois faire preuve de prudence.
Il en va autrement pour les vitamines A, D, E et K. Ces dernières appartiennent au groupe des vitamines liposolubles et peuvent s'accumuler dans le corps et causer de sérieux dommages. Cela vaut d'ailleurs aussi pour les minéraux. Dr Anna Kreil, spécialiste en médecine interne, cite un exemple concret de ce que peut provoquer un excès de bonnes choses : « En surdosant la vitamine A, on risque par exemple des problèmes oculaires et une insuffisance hépatique », explique la médecin. Mais elle ajoute aussi que les personnes qui ne consomment pas toutes sortes de préparations combinées en automédication et en quantités massives ne devraient pas avoir peur d'un surdosage. Son conseil : il est préférable de toujours respecter la dose recommandée par votre médecin.
Manger varié fait déjà beaucoup pour vous
« Que ton aliment soit ton médicament », Hippocrate, ce médecin de la Grèce antique considéré comme le père de la médecine moderne, disait déjà cette phrase. Et c'est ce que ses successeur·es conseillent encore aujourd’hui : « C'est en mangeant équilibré que l'on obtient le meilleur apport en tous les nutriments », explique l'interniste Anna Kreil. Ne mangez donc pas toujours la même chose. En effet, les différents aliments contiennent des compositions différentes de nutriments. Et c'est précisément de cette variété que le corps a besoin.
Comme nous ne vivons pas dans un pays de pénurie, nous pouvons donc nous servir en toute confiance et choisir parmi une multitude de produits naturels bons pour la santé. Les aliments présentent un avantage décisif par rapport aux pilules et aux poudres enrichies : ils contiennent généralement plusieurs ingrédients sains à la fois. Le hareng est un bon exemple : il contient non seulement une bonne dose d'oméga-3 sains, mais aussi beaucoup de vitamines B5 et B12 ainsi que de vitamine D et de biotine.
Chances : l’utilité des compléments alimentaires
Mais il n'est pas question de diaboliser les compléments alimentaires : les personnes souffrant de certaines maladies, vivant dans des conditions particulières, ayant des habitudes alimentaires spécifiques ou une absorption de substances perturbée (résorption) peuvent tout à fait bénéficier de compléments alimentaires. Si des indications médicales existent et que la ou le médecin donne son feu vert, une substitution par des gouttes, de la poudre ou des comprimés est tout à fait un moyen de choix.
La doctoresse Kreil énumère : « Par exemple, les femmes ménopausées, les patients atteints d'ostéoporose, les personnes souffrant de problèmes osseux ou de troubles de l'absorption, les malades chroniques, les personnes qui ne supportent pas la lumière du soleil ou qui ont des problèmes rénaux », ainsi que les femmes enceintes et les personnes âgées.
De plus, les personnes qui suivent un régime végane n’ingèrent, pas assez de vitamine B12 pas le biais de l’alimentation. Elles doivent donc faire appel à des préparations, sous peine de carences. Il convient d'être particulièrement attentif aux enfants. Au fait : en Suisse, selon des sondages, environ 80 % des personnes véganes font appel aux substituts de vitamine B12.
Pour les femmes enceintes, ce n'est pas un hasard si on leur conseille de prendre de l'acide folique. En effet, ce dernier réduit le risque d’anomalies du tube neural chez les nouveau-nés comme le spina-bifida.
Vitamine D : conseillé comme supplément en hiver pour presque tout le monde
Chez les personnes âgées, les experts sont unanimes : elles devraient absolument prendre de la vitamine D, car à un âge avancé, la peau ne peut plus aussi bien produire la vitamine D via le soleil. La Deutsche Gesellschaft für Ernährung écrit que cette capacité peut même être réduite de moitié par rapport à une personne plus jeune.
En Suisse, on va même plus loin en recommandant des préparations à base de vitamine D pour un groupe de population beaucoup plus large. Ainsi, l’OFAG écrit : « En raison de la latitude de la Suisse et de l’ensoleillement insuffisant qui en résulte, environ 60 % de la population n’est pas suffisamment approvisionnée en vitamine D pendant les mois d’hiver. » C'est pourquoi l'autorité conseille non seulement aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes, aux bébés, aux jeunes enfants et aux personnes âgées de prendre des suppléments de vitamine D en hiver, mais recommande également aux personnes âgées de trois à 60 ans de surveiller leur apport en vitamine D. Cela peut se faire soit par l'alimentation, par des aliments enrichis, soit par des suppléments.
Si vous souhaitez des chiffres pour pouvoir évaluer les résultats de votre prochaine analyse de sang : l'OFAG parle de carence grave en vitamine D lorsque la concentration de 25(OH)D est inférieure à 25 nmol/l ou < 10 ng/ml.
Conclusion
Les compléments alimentaires ne sont souvent pas nécessaires, mais ils ne sont pas non plus mauvais en soi. Ce sont plutôt ces trois choses : le battage médiatique dont ils font l'objet sans être remis en question, l'absence de contrôles étatiques, plus les dangers sur lesquels bien trop peu de consommateurs sont informés.
C’est pourquoi il est conseillé de faire un bilan sanguin une fois par an, cela permet de savoir ce dont vous avez besoin, surtout si vous avez déjà une carence ou si vous en soupçonnez une. Mais bien sûr aussi à titre préventif ou tout simplement pour vous assurer que tout est en ordre. La ou le médecin peut déterminer s’il vous faut prendre des compléments, si oui, lesquels et pendant combien de temps. Parfois, un changement d'alimentation (ou faire le plein de soleil, mais avec une protection solaire !) est la meilleure solution.
Complément alimentaire : qui fait quoi ? Aperçu des termes
Les nutriments sont des substances organiques et inorganiques dont nous avons besoin pour survivre et que nous transformons dans notre métabolisme. Il s'agit entre autres des glucides, des lipides, des protéines, des minéraux et des vitamines.
Les minéraux sont des nutriments inorganiques. Ils sont répartis en sels minéraux (calcium, potassium, magnésium, sodium, phosphore, soufre et chlore) et en oligo-éléments (cobalt, fer, iode, cuivre, manganèse, sélénium, zinc, molybdène). Il existe encore d'autres oligo-éléments comme le bore, le fluor et l’arsenic, dont on ne sait pas encore s'ils sont essentiels pour nous ou non.
Les vitamines sont des composés organiques essentiels à notre vie. Nous connaissons 13 vitamines : A, C, D, E, K et huit vitamines B (B1, B2, B3, B5, B6, B7, B9, B12). Parmi les vitamines hydrosolubles, on compte la vitamine C et toutes les vitamines B. En cas de surdosage, le corps les élimine et elles ne peuvent généralement pas nuire aux personnes en bonne santé. Les vitamines A, D, E et K font partie des vitamines liposolubles. En cas de surdosage, elles peuvent avoir des effets néfastes sur la santé, car ces vitamines s'accumulent dans l'organisme.
Les substances vitales sont des substances végétales secondaires qui ne sont pas essentielles, mais qui peuvent avoir un effet bénéfique sur notre corps. Exemple : le lycopène est une substance que l'on trouve par exemple dans la tomate et qui pourrait avoir un effet préventif sur le cancer (les chercheurs sont encore divisés à ce sujet).
Je me décrirais comme ça : ouverte d'esprit, j'aime prendre le temps de réfléchir, j'ai besoin de me retrouver seule de temps et temps, je suis curieuse, plutôt drôle et, bien sûr, époustouflante.
L'écriture est ma vocation : à 8 ans, j'écrivais des contes de fées, à 15 ans des paroles de chansons « super cool » (que personne n'a jamais eu l'occasion d'écouter), au milieu de la vingtaine un blog de voyage, et maintenant des poèmes et les meilleurs articles de tous les temps !