Pourquoi nos voisins ne connaissent-ils pas le coussin de noyaux de cerises ?

D'un coup, j'ai des crampes au ventre. Une sorte de ruban invisible serre si fort le bas de mon ventre que j'ai l'impression qu'il est en deux parties. J'adopte immédiatement la position du fœtus ; ce n'est qu'ainsi, pliée en deux, que les douleurs abdominales sont à peu près supportables pour moi ; et, par réflexe d'enfant de médecin, je commence par prendre un antidouleur. J'attends 15, 30, 45 minutes. Ça ne passe pas. Je ne sais plus quoi faire. Comme une tarentule, je tourne en rond dans l'appartement à la recherche de quelque chose qui pourrait aider. Je trouve ce qu'il me faut dans le tiroir sous le four. C'est là que se trouve mon ancien coussin de noyaux de cerises.

Médicalement plausible

Quelques minutes au four suffisent pour réchauffer les noyaux qui se trouvent à l'intérieur du petit sac. Ils transmettent ensuite la chaleur accumulée à votre corps de manière longue et continue. Les vaisseaux sanguins sont ainsi dilatés, la peau est mieux irriguée, ce qui permet au sang de circuler plus lentement et aux cellules d'être mieux approvisionnées en oxygène et en nutriments. Les muscles se détendent également. Ce n'est pas pour rien que la thermothérapie est utilisée dans la médecine occidentale conventionnelle, dans la médecine chinoise et dans la médecine naturelle.

Après une bonne trentaine de minutes, mes crampes se sont calmées. Seulement grâce à la chaleur. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Enfant, mes parents le posaient sur mon oreille, sur mon ventre ou sur ma nuque lorsque je me plaignais de douleurs répétées. Mon père a même cousu un petit coussin exprès. Déjà à l'époque, il fonctionnait parfaitement, sauf lorsque j'avais une otite sévère.

Nos voisins tâtonnent dans le noir

Les coussins de noyaux de cerises sont un remède de grand-mère très apprécié, surtout en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Dans le reste de l'Europe, j'ai encore du mal à y croire, mais il est relativement peu connu. C'est du moins ce que j'apprends de l'émission d'Arte « Karambolage », qui montre régulièrement les différences entre la France et l'Allemagne. La page Wikipedia consacrée aux fameux « coussins de noyaux » a tout de même déjà été traduite en néerlandais et en suédois. Dans le Nord, il semble donc que l'on ait également reconnu les vertus curatives de ce produit simple et respectueux de l'environnement.

Un proche parent du coussin de noyaux de cerises, la bouillotte, semble être connu entre autres en Italie et en France. C'est déjà ça, même si la bouillotte n'équivaut pas vraiment le coussin. L'eau ne reste pas chaude aussi longtemps que les noyaux de cerises. Et le plastique résistant à la chaleur, dans lequel les bouillottes sont généralement fabriquées aujourd'hui, n'épouse pas aussi bien les formes du corps.

En outre, le coussin aux noyaux de cerises permet non seulement de réchauffer votre corps, mais aussi de le refroidir. Pour cela, il suffit de le mettre au réfrigérateur pendant quelques heures ou environ une demi-heure au congélateur. Il faudrait recourir à la thérapie par le froid en cas de blessures aiguës comme les contusions et les entorses. La circulation sanguine est ralentie, ce qui limite la propagation des gonflements, mais aussi des inflammations. C'est un véritable talent multiple, les gens de ce pays le savent depuis longtemps.

Qui l'a inventé ?

Selon la légende, le coussin aurait été inventé par des ouvrières suisses d'une fabrique de liqueur de cerises ; peut-être celle du Röteli de Coire ? Elles auraient découvert les propriétés de conservation de la chaleur des noyaux et auraient ainsi soulagé leurs douleurs musculaires dues à leur dur labeur. Une belle histoire qui dure encore aujourd'hui. Mais il est clair que les coussins en noyaux de cerises étaient déjà connus bien avant.

Des archéologues ont découvert environ 400 grammes de noyaux de cerises lors de fouilles à Münster à la fin des années 90. Comme ils étaient très proches les uns des autres, les scientifiques en ont déduit que les noyaux étaient autrefois enveloppés dans un sac en tissu. Les découvertes sont datées de la fin du Moyen Âge.

Le coussin de noyaux de cerises est donc une tradition dans les pays germanophones depuis des siècles. Je ne comprends pas pourquoi ce remède naturel n'est pas connu dans le monde entier. Avons-nous gardé le secret comme la recette du fromage d'Appenzell ? Ou la simplicité de ce remède nous a-t-elle ridiculisés ? Je ne sais pas. Mais je pense qu'il est grand temps de soulager les maux de ventre du reste de l'Europe. Au lieu de chocolat, des coussins de noyaux de cerises devraient remplir les valises des étudiants d'échange et des touristes.