Qualcomm Snapdragon X Plus et Elite bouleversent-elles le monde des PC portables ?

Qualcomm a présenté un autre système sur une puce (SoC) pour les ordinateurs portables. Avec le Snapdragon X Plus, l’entreprise poursuit son projet de révolutionner le marché des PC portables Windows 11 ARM (anciennement Windows on ARM). Le X Plus est la version allégée du X Elite qui veut rivaliser avec AMD, Intel et Apple à partir du milieu de l’année.

Aperçu des quatre nouveaux SoC ARM pour PC portables

Et ce n’est pas tout : Qualcomm lance également trois versions échelonnées du Snapdragon X Elite, annoncé en octobre 2023. Voici un aperçu des quatre SoC ARM attendus dans les nouveaux ordinateurs portables à partir du milieu de l’année :

Remarque sur les valeurs du tableau : lorsque Qualcomm a présenté le Snapdragon X Elite (X1E-84-100) en octobre, l’entreprise parlait d’un CPU Dual Core Boost de 4,3 GHz. Cependant, dans les derniers documents distribués par le département RP, il ne s’agit plus que de 4,2 GHz. On ne sait toujours pas le nombre d’unités de shader présentes dans les iGPU et leurs fréquences d’horloge. De même, l’indication de la puissance thermique nominale (TDP) manque pour tous les modèles. On ne sait donc pas si les versions les plus faibles peuvent être utilisées pour des ordinateurs portables sans ventilateur.

Le Snapdragon X Plus fraîchement annoncé est, comme ses frères et sœurs, fabriqué par TSMC selon un procédé 4 nanomètres. Comparé aux CPU à architecture x86, il est censé être très puissant et surtout économe en énergie. Il dispose de deux cœurs de moins que les puces Elite. Ses dix cœurs Oryon tournent à une fréquence de 3,4 GHz contre 3,8 GHz pour la version X Elite. Le Snapdragon X Plus n’est pas doté du mode « Dual Core Boost » permettant aux cœurs Oryon du X Elite d’atteindre des fréquences de 4,0 et 4,2 GHz.

Tous les modèles disposent également d’un ISP (Image Signal Processor), prenant en charge les photos de 64 mégapixels et les vidéos HDR 2160p. Les codecs vidéo H.264, H.265, VP9 et AV1 (maximum 2160 p et 120 fps) sont pris en charge. Pour l’encodage, il s’agit de H.264, H.265 et AV1 (maximum 2160 p et 60 fps). Un modem X65 5G, le WiFi 7 et le Bluetooth 5.4 sont de la partie. La mémoire vive est de 64 gigaoctets. Il est possible d’utiliser des SSD avec PCIe 4.0 et jusqu’à six ports USB-C, dont trois peuvent être au standard USB4.

Meilleur que les CPU d’AMD et d’Intel ?

C’est probablement à dessein que Qualcomm ne montre que des résultats de benchmarks multicœurs par rapport à la concurrence lors de ses présentations actuelles du Snapdragon. C’est ce que je suppose, car en octobre, le leader mondial dans le domaine des technologies mobiles a parlé d’un score de 3227 points en monocœur dans Geekbench 6. Il est toutefois apparu clairement par la suite que ce résultat ne pouvait être atteint que dans des conditions optimales sous Linux. Sous Windows, on pourrait atteindre 2940 points maximum. C’est aussi un résultat brillant, si c’est vrai. Du moins en comparaison avec les concurrents Intel et AMD, dont le Core i9-13900H et le Ryzen 9 8945HS obtiennent environ 2650 points. Cependant, cela ne suffit pas pour battre un Apple M3 (nous y reviendrons dans le prochain chapitre). C’est la raison pour laquelle Qualcomm présente de manière enjolivée des scores en multicœur.

Lors du test de processeur Geekbench 6, le Snapdragon X Plus sous Windows 11 ARM est censé obtenir 13 350 points en multicœur et la version Elite 15 610 points. Il ne faut pas oublier que l’efficacité du refroidissement est très importante, surtout pour les ordinateurs portables, et qu’il s’agit ici d’essais réalisés par le fabricant sur ses propres PC portables de référence :

De plus, les puces Snapdragon ont dix ou douze cœurs, alors que le processeur plus faible AMD Ryzen 9 7940HS montré sur le graphique n’a que huit cœurs. Comme Geekbench n’utilise qu’un seul thread par cœur de processeur x86, même si ce dernier en supporte deux, le résultat n’est pas étonnant... mais vaut la peine d’être vu.

L’Intel Core Ultra 7 155 H également présenté, dont les performances seraient inférieures de 37 % à celles du Snapdragon X Plus, possède 16 cœurs. Cependant, Intel applique à ce CPU un concept « Big Little ». Cela signifie que le CPU possède six cœurs de haute performance pour les tâches intensives et huit cœurs d’efficacité, dont deux à faible consommation.

Malgré ces faits, le résultat des SoC Qualcomm est une révolution par rapport à toutes les tentatives précédentes avec Windows on ARM ou Windows 11 ARM, y compris les appareils Surface avec CPU à architecture ARM de Microsoft. Les nouvelles puces Snapdragon X ne disposent pas d’architecture « Big-Little ». Qualcomm affirme que tous les cœurs sont conçus pour être à la fois performants et efficaces. Il ne fait aucun doute qu’une révolution est en cours par rapport aux processeurs x86 en matière d’efficacité énergétique. Les puces ARM garantissent une plus grande autonomie.

Mieux que l’Apple M3 ?

Le M3 d’Apple obtient un score d’environ 3100 points en monocœur dans Geekbench 6. Cela ne donne pas une belle image par rapport au score de plus de 2900 points obtenu par le Snapdragon X Elite sous Windows. C’est pourquoi Qualcomm préfère montrer la comparaison multicœur suivante lors de la présentation du nouveau SoC Plus :

Le fait que les deux Snapdragon soient respectivement 10 et 28 pour cent plus rapides en multicœur qu’un Apple M3 peut être vrai. D’ailleurs, comparaison n’est pas raison, car le M3 ne dispose que de huit cœurs. Apple applique également un concept de « Big Little ».

Ce que Qualcomm montre n’est que de la poudre aux yeux. Une comparaison avec un Apple M3 Pro à douze cœurs aurait plus de sens à ce stade. Celui-ci dépasse les 15 000 points en multicœur. Selon le concept de refroidissement des futurs ordinateurs portables, la puce Snapdragon devrait faire un peu mieux, autant ou moins bien qu’une puce Apple en multicœur.

Qualcomm craint la comparaison avec Apple en matière de GPU et vante l’IA

Le GPU Adreno intégré du Snapdragon X Plus a la même puissance (3,8 TFLOP) que celui des deux versions Elite plus faibles. L’iGPU prend en charge jusqu’à quatre écrans : un interne de 4K et 120 hertz et trois externes de 4K et 60 hertz.

La comparaison iGPU a été réalisée à l’aide de 3DMark Wild Life. Il s’agit d’un test de performance multiplateforme pour Windows, Android et iOS. Le résultat n’est pas mauvais si on le compare à celui réalisé par la concurrence Intel et AMD. La performance se situe malgré tout à un faible niveau par rapport aux cartes graphiques dédiées.

Le NPU ou puce d’intelligence artificielle, est identique pour toutes les versions du Snapdragon X et devrait offrir 45 TOPS. Cette puissance serait plus de deux fois supérieure à celle des autres SoC de PC portables actuels. Les SoC des nouveaux ordinateurs portables de Qualcomm seront très probablement basés sur l’intelligence artificielle. Comme si un bon NPU était plus important qu’un puissant CPU en 2024.

Des PC portables Snapdragon pour révolutionner le gaming

Comme pour tous les fabricants, Qualcomm n’hésite pas à faire des promesses peu transparentes pour rendre ses futurs produits attrayants. Dommage que l’entreprise ne mise pas sur la transparence, car le potentiel des prochains Snapdragon ne doit pas être caché. Personne ne s’attend à ce que Qualcomm dépasse d’emblée toute la concurrence.

Selon moi, Qualcomm pourrait théoriquement rivaliser avec ses concurrents à partir du milieu de l’année, grâce ses nouvelles puces, si elle parvenait à surmonter certains obstacles. Je fais ainsi allusion à Windows on ARM, qui a toujours eu un gros problème. L’offre d’applications créées nativement pour les processeurs est bien inférieure à celle de Windows pour les processeurs x86, et à celle d’Apple. Par exemple, Adobe Photoshop, Lightroom et Fresco fonctionnent déjà nativement, sans perdre en vitesse. Le logiciel d’édition de PDF Adobe Acrobat, le logiciel de montage vidéo Premiere Pro et d’autres produits ne sont toutefois toujours disponibles qu’« en version x86 ». Le logiciel non adapté à la nouvelle architecture du processeur fonctionne tout de même sur Windows 11 ARM / Windows on ARM, mais il est seulement émulé. Cela signifie moins de vitesse et plus de perte de puissance.

Comme les nouveaux Snapdragons sont très performants, il est probable qu’ils pourront tout de même afficher de manière fluide de nombreux logiciels natifs. Les premiers essais avec des jeux Windows émulés montrent un éventuel potentiel pour le marché des consoles portables. Ainsi, Control devrait être émulé de manière relativement fluide avec des réglages moyens et une résolution de 1080 p. Le taux de rafraîchissement chute toutefois de 40 à 30 images par seconde (fps) pour atteindre 26 fps lors des fusillades. Le youtubeur JuanBagnell montre également une vidéo du premier combat de Baldur’s Gate 3, où il atteint 25 à 30 fps. Ce résultat est à considérer avec précaution, car cette scène ne se déroule pas dans le monde ouvert. Il est difficile d’imaginer ce que les jeux seraient capables de faire s’ils étaient programmés nativement pour la version ARM de Windows.

Tout bien considéré, les nouveaux Snapdragons pourraient effectivement révolutionner le marché des PC portables. Mais plutôt de manière progressive, grâce à l’offre croissante de logiciels natifs.