Quand l’éléphant remplace l’oiseau : qu’est-ce que Mastodon ?

Mastodonte par ci, Mastodonte par là : le logiciel de microblog est actuellement évoqué comme une alternative possible à Twitter. Ceux qui ne se sentent plus à l’aise chez Elon Musk pourraient y trouver une nouvelle plateforme. Mais pour le moment, il n’y a pas beaucoup de comptes ici et certaines choses fonctionnent différemment chez le mammouth que chez l’oiseau.

L’idée derrière Mastodon

Lorsque Mastodon est entré dans l’immensité d’Internet en 2016, Twitter avait déjà dix ans. Au lieu d’un service centralisé, la nouvelle plateforme devrait fonctionner de manière décentralisée. Le concept de fédération sous-jacent peut être comparé aux courriers électroniques. Ici, il n’y a pas de service central. En théorie, chaque personne peut créer son propre serveur de messagerie. Néanmoins, tous les utilisateurs peuvent communiquer entre eux. Cela fonctionne en arrière-plan grâce au protocole ActivityPub. En théorie, d’autres réseaux pourraient le prendre en charge et permettre ainsi une communication avec et depuis Mastodon.

Il n’y a pas une seule entreprise ou même une seule personne qui contrôle tout. De plus, Mastodon travaille sans but lucratif et s’en sort avec relativement peu d’argent, notamment grâce à ses serveurs décentralisés. Il n’existe pas de publicité ni d’abonnement mensuel sur la plateforme. Le logiciel est libre et open source. C’est Eugen Rochko qui l’a imaginé pendant ses études d’informatique à Iéna. Entre-temps, il travaille sur le logiciel avec une société à but non lucratif à Berlin.

Comment fonctionne Mastodon ?

Mastodon est composé de nombreux serveurs appelés instances. Début novembre 2022, instances.social compte plus de 3821 serveurs. Ces derniers se répartissent actuellement environ six millions de comptes et près de 1700 serveurs n’ont aucun compte. Ensemble, ces instances forment ce que l’on appelle le Fediverse, soit l’univers de Mastodon. Ce sont pour ainsi dire de nombreux petits Twitter qui sont reliés entre eux.

Chaque organisation ou individu décide des règles ou des stratégies de modération pour ses serveurs. Les développeurs de Mastodon affirment n’avoir aucun contrôle sur les instances. Sur leur page d’aperçu, ils ne font toutefois la promotion que de ceux qui « sont constamment engagés dans la modération contre le racisme, le sexisme et la transphobie ».

Outre les instances à vocation générale, il en existe de nombreuses qui s’organisent par thème ou par région. Il existe deux timelines sur Mastodon. Une chronologie locale et une chronologie fédérée. Sur l’une, vous ne voyez que les choses de votre instance, sur l’autre, les publications de tous les comptes que vous suivez. Vous pourriez donc par exemple chercher un serveur destiné aux fans de votre série ou de votre club préféré. Il y aura alors beaucoup de choses sur votre thème dans la chronique locale et tout le reste dans l’autre.

Il est également possible de faire des publications qui ne sont visibles que dans votre instance. Ainsi, en tant que fan de Star Wars, vous n’avez pas besoin d’entendre des Trekkies dire à quel point Andor est nul après que vous ayez fait l’éloge du dernier épisode. Ce n’est qu’un exemple de la manière dont les différentes instances et leurs règles de modération génèrent des espaces sûrs dans lesquels les trolls n’ont aucune chance.

Pour certaines instances, vous pouvez directement vous inscrire, pour d’autres, il vous faut patienter sur liste d’attente ; notamment pour ne pas grandir trop vite et avoir suffisamment de ressources serveur. Ensuite, il existe encore les communautés fermées, pour lesquelles vous avez besoin d’une invitation. Si vous souhaitez essayer Mastodon, vous n’avez pas besoin d’attendre d’avoir trouvé votre instance idéale. Il est possible à tout moment de déplacer un compte sur un autre serveur, y compris les followers et les publications.

Autres différences par rapport à Twitter

Les choses similaires entre Mastodon et Twitter s’appellent autrement sur les deux plateformes. Une publication s’appelle Toot en anglais au lieu de Tweet. Dans le Fediverse, un retweet est un boost. Mais vous ne pouvez pas y ajouter de commentaire. Si vous avez quelque chose à dire, vous ne pouvez le faire qu’avec une réponse. De plus, vous disposez de 500 caractères pour une publication. Sur Twitter, vous n’avez que 280 caractères ; en 2016, lorsque Mastodon a été créé, il n’y avait même que 140 caractères.

Chez Mastodon, vous n’avez pas de recherche de texte. Si vous voulez que vos Toot soient trouvées, vous devez utiliser des hashtags. Ces derniers peuvent être recherchés. De plus, il n’existe pas de fonction de recherche de comptes bien développée. Si vous souhaitez suivre quelqu’un, vous devez connaître le nom complet de son compte. Donc @nomdutilisateur@instanz.url ; beaucoup de personnes qui essaient Mastodon l’écrivent dans leur bio Twitter.

Si vous souhaitez dire adieu à Twitter, essayez donc Mastodon. Galaxus ainsi que Digitec sont déjà sur le logiciel de microblog.