Quand revenir en vacances au même endroit année après année a du bon
Depuis que nous avons des enfants, nous avons perdu toute sorte d’imagination s’agissant des vacances Cela fait désormais quatre ans que nous passons nos vacances d’été au même endroit. Cela vous semble ennuyant ? Eh bien, ça l’est. Mais parfois, l’ennui aussi peut avoir du bon.
Mon premier café, assise à la grande table en bois près du mur turquoise. Mon premier jogging matinal en bord de mer jusqu’à la tour numéro douze. Notre première balade à vélo sur la promenade longeant la plage, parmi des personnes se promenant en tongs avec des chaises longue multicolores sous les bras. C’est la liste des petites chose que j’attendais avec impatience avant nos vacances d’été en Italie.
Pour la quatrième année d’affilée.
C’est en effet la quatrième fois que ma famille et moi partons au même endroit pour nos vacances. L’antithèse de la coolitude. Surtout quand on en parle avec les autres : « Vous y êtes déjà allé·es, non ? — Oui, quatre fois. » En m’entendant dire cela, je bâille intérieurement. Nous sommes devenus ennuyants.
Au secours, je deviens ennuyante !
Avant, nous aimions les voyages. Nous avons traversé l’Amérique du Sud avec nos sacs à dos, fait du surf dans les Philippines, parcouru la côte ouest des États-Unis en road trip... À chaque fois, nous cherchions de nouvelles aventures, de nouveaux lieux à découvrir et de nouvelles rencontres.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout cela nous paraît bien épuisant. Depuis que nous avons des enfants, nous avons perdu toute sorte d’imagination s’agissant des vacances. Si, les premières années où nous avons eu des enfants, nous nous donnions encore la peine de concocter chaque année un nouveau voyage, si possible adapté aux enfants, la paresse nous a aujourd’hui gagnés et nous n’avons plus la volonté d’organiser de nouvelles vacances.
Ou comme le dirait mon amie employée dans une agence de voyages : nous devenons peu à peu des « récidivistes », c’est-à-dire des personnes qui, année après année, retournent au même endroit. Souvent âgées, ces personnes réservent la chambre 267 dans le même hôtel à Majorque depuis 20 ans déjà, se rendent chaque année depuis plus de 30 ans dans la même maison de vacances dans le sud de la France ou garent leur camping-car exactement au même endroit sur la côte Adriatique depuis 40 ans.
Quatre fois... On est encore loin des 40 fois ! On se rassure comme on peu. Toujours est-il que je peux aujourd’hui comprendre, ce qui me faisait dresser les cheveux sur la tête il y a dix ans.
6 raisons pour lesquelles nous revenons toujours à notre nid douillet
Nous aussi, nous aimons revenir au confort de ce mobile-home face à la mer. Petit, aménagé simplement, mais climatisé, doté d’une douche et situé dans un endroit où il y a plein d’enfants avec lesquel·les nos propres enfants peuvent jouer. Bref, c’est pratique, sympa et ennuyant. Mais figurez-vous que l’ennui aussi a ses avantages.
1. Rendez-vous en terres connues
Nous savons exactement à quoi nous attendre. Où trouver quoi. Le fonctionnement de toute chose. Bref, nous n’avons pas à nous poser de questions. Dès l’instant où l’on pose le pied dans la résidence de vacances, les vacances commencent et on peut se détendre. Cela vaut de l’or, surtout dans le quotidien familial souvent stressant et épuisant qui atteint son apogée juste avant le début des vacances scolaires. On est aussitôt en mode vacances, même émotionnellement.
2. Tout le plaisir est dans l’attente
« Comment pourrais-je me réjouir de quelque chose que je ne connais pas encore ? », me demandait ma fille avant son premier jour d’école il y a un an. Et elle a tout à fait raison : on ne peut vraiment se réjouir que de quelque chose qu’on connait déjà. Découvrir un nouvel endroit éveille bien sûr notre curiosité, mais on ne peut vraiment s’imaginer l’endroit et avoir hâte d’y être que lorsqu’on y est déjà allé au moins une fois.
3. Un endroit où buller
Nulle part ailleurs vous ne pourrez faire tout ce que vous n’avez pas pu faire depuis des lustres, c’est-à-dire rien. C’est comme la météo, lorsqu’il fait beau, on a l’impression de devoir sortir pour profiter du soleil. Il n’y a que quand il pleut qu’on peut se prélasser sur le canapé sans culpabiliser. Lorsque vous connaissez déjà votre lieu de vacances et les environs, vous n’avez pas besoin de courir par monts et par vaux pour visiter. Vous savez déjà quelles sorties valent le coup. Et puis, quand faire la grasse matinée, somnoler sur la plage, lire un livre, se prélasser, ne rien faire, sinon pendant les vacances d’été ? Et oui, même avec des enfants, ces moments-là finissent par revenir, notamment quand vos enfants sont plus grand·es et qu’ils ou elles se sentent bien dans leur environnement.
4. Rituels : bons souvenirs garantis
Mais nous ne faisons pas vraiment rien. Tous les matins nous prenons un brunch copieux dans la véranda. Nous passons des heures à ramasser des coquillages sur la plage. Nous laissons notre cerf-volant flotter au vent. Nous construisons d’immenses châteaux de sable et des stands de glaces. Nous goûtons tous les parfums du vendeur de glace qui promène son chariot tous les après-midi sur la plage. Nous nous laissons glisser sur la mer en stand-up paddle avec une licorne en caoutchouc sur la proue. Nous jouons au Uno jusqu’à la zizanie, puis nous réconcilions en dansant à la discothèque des enfants. Nous nous baladons à vélo à travers la petite ville à la tombée du jour. Vu et revu ? Non ! Les rituels créent de bons souvenirs. Et chaque année, nous inventons de nouveaux rituels.
5. Moins d’organisation, moins de stress
Pour certaines personnes, planifier les vacances, c’est déjà les vacances. Ces dernières n’aiment rien tant que comparer les vols, parcourir les évaluations d’hôtels, planifier les plus beaux itinéraires et organiser des excursions. Je n’en fais pas partie. Dès que je tombe sur une alternative qui serait encore meilleure ou que je constate que l’hôtel de mes rêves est déjà complet, tout plaisir s’évanouit instantanément. Cela advient généralement au bout d’une demi-heure. Je n’ai en outre pas la moindre envie de devoir m’occuper des vacances d’été de l’année suivante dès le début de l’automne pour avoir ne serait-ce qu’une chance de trouver quelque chose de beau et d’abordable pendant la haute saison. L’invétérée du mobile-home italien que je suis préfère ménager ses nerfs.
6. Happy kids, happy parents
Le meilleur argument pour retourner en vacances au même endroit se trouve être aussi celui que l’on aime le moins mettre en avant : les enfants. Qui aime admettre qu’iel doit tout faire en fonction de sa progéniture ? Les enfants veulent absolument retourner au même endroit avec discothèque pour enfants, animations et gaufres au Nutella ? Eh bien iels peuvent toujours demander au Père Noël ! Nous les parents avons aussi une vie après tout. Mais soyons honnêtes : quand les enfants sont heureux, les parents aussi. C’est en effet la seule façon d’être vraiment détendu·e. Au fond, ce n’est donc pas pour nos enfants que nous retournons dans la même résidence de vacances, mais avant tout pour nous-même. C’est gagnant-gagnant.
Y aura-t-il une cinquième fois ?
Si vous pensez que nos prochaines vacances d’été, celles d’après et celles d’après encore, sont déjà gravées dans la pierre, vous vous trompez. Mon mari a en effet laissé entendre qu’il souhaitait « essayer quelque chose de nouveau » l’année prochaine. Les enfants et moi l’avons regardé avec stupeur et avons protesté, mais nous nous sommes heurté·es à un mur. Nous voilà donc en train de planifier nos vacances d’été 2024.
Mais j’espère secrètement qu’il lira ce texte et qu’il se souviendra des bons côtés de notre mobile-home habituel. Par sécurité, je le réserve déjà pour l’année prochaine. Il sera toujours temps d’annuler.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Aimez-vous retourner au même endroit pour vos vacances ?
- Bien sûr, je ne m'en lasse pas !29%
- Ça arrive, mais pas systématiquement.53%
- Sûrement pas, jamais plus d'une fois au même endroit !18%
Le concours est terminé.
Maman d'Anna et d'Elsa, experte en apéritifs, passionnée de fitness en groupe, aspirante ballerine et amatrice de potins. Souvent multitâche de haut niveau et désireuse de tout avoir, parfois chef en chocolat et héroïne de canapé.