« Shōgun »: la série phare de l’année ?
« Shōgun » explore le Japon féodal dominé par les tensions politiques et les combats des guerriers samouraïs. Grâce à un casting 5 étoiles et une mise en scène opulente, cette série est pressentie pour être le meilleur drame historique de l’année.
Il n’y a aucun spoiler dans cette critique. Les informations, dont il est question ici, se limitent à ce que révèlent les bandes-annonces qui sont déjà sorties.
Shōgun n’est pas la première adaptation du roman historique du même nom de James Clavell, mais peut-être la meilleure jusqu’à présent. Si l’on s’en tient aux critiques et avis des spectateurs (en anglais). Voilà une série qui peut séduire les nombreux fans de Game of Thrones et de Le Dernier samouraï, par ses images opulentes, son récit complexe, mais passionnant où la fiction se mêle à l’histoire.
Mieux encore : je n’ai vu que deux épisodes, mais j’ose déjà affirmer que Shōgun a le potentiel pour devenir l’une des séries les plus acclamées de l’année 2024.
De quoi parle « Shōgun »
Nous sommes en 1600. Le Japon sombre dans le chaos après la mort de son puissant dirigeant national (Taiko). Son fils de sept ans est trop jeune pour gouverner. Un Conseil des régents, composé de cinq grands seigneurs du Japon, prend donc les rênes du pouvoir en attendant que l’héritier du défunt empereur atteigne sa majorité. C’est alors que les intrigues commencent.
En effet, quatre des cinq régents, convaincus de la force de leurs propres armées de samouraïs, désirent être plus que de simples gouverneurs. Toutefois, ils sont conscients qu’aucun d’entre eux ne sortirait vainqueur d’un conflit ouvert. Ils vont donc recourir à des méthodes subtiles pour se débarrasser de leur rival, Yoshii Toranaga (Hiroyuki Sanada), seigneur de la vaste région de Kanto. Ce dernier doit être démis de sa fonction. Cela fera de lui une proie facile. Mais c’est sans compter sur la vigilance de Toranaga, qui s’est lié d’amitié avec le navigateur anglais John Blackthorne (Cosmo Jarvis).
Le protestant Blackthorne nourrit aussi des ambitions. Il a, avec Toranaga, des ennemis communs dans le pays : les catholiques portugais, fortement représentés dans les hautes sphères politiques. Toranaga y voit une opportunité. Il compte se servir habilement de Blackthorne pour semer la discorde entre les régents, dont certains sont catholiques, et ainsi gagner du temps. Il veut obtenir le titre le plus élevé, celui de Shōgun, qui confère le pouvoir absolu au commun des mortels au Japon.
Un combat pour un titre
Shōgun ou « général pacificateur des barbares ». Dans le Japon féodal, ce titre revenait au plus haut commandant militaire. En fait, au dirigeant de tout le pays. Pendant l’ère du shōgunat, le Japon était dominé par un régime militaire. Cette période est aussi connue sous le nom d’époque d’Edo : le shōgun était le véritable détenteur du pouvoir, tandis que l’empereur avait plutôt un rôle cérémoniel. La Révolution Meiji en 1868 marqua la fin du shōgunat et l’abolition des privilèges des shōguns, la restauration des pouvoirs de l’empereur, la modernisation ainsi que l’ouverture du Japon vers le monde occidental.
Le Dernier samouraï se déroule précisément pendant la Restauration Meiji. L’acteur japonais Hiroyuki Sanada y jouait le rôle de l’implacable maître de sabre samouraï Ujio. 20 ans plus tard, il reprend le rôle du seigneur Yoshii Toranaga dans Shōgun. Il est plus posé, plus digne et plus rusé, mais toujours aussi dangereux.
L’histoire du Dernier Samouraï est racontée du point de vue occidental, notamment d’un ex-général américain joué par Tom Cruise. Par contre, Shōgun est l’adaptation d’un classique dont le rythme, les vibrations et le suspense sont très proches des premières saisons de Game of Thrones. Sans les éléments fantasy, mais avec des samouraïs et plusieurs personnages principaux.
Certains d’entre eux sont plus importants que d’autres. Ils sont présentés avec leurs projets et leurs intérêts ainsi que leurs stratagèmes utilisés pour prendre le pouvoir et devenir le futur shōgun. Un vrai régal pour les fans de récit à suspense. La série démarre de manière lente et mesurée, même si certaines scènes parfois violentes montrent la nature implacable d’un peuple avec ses coutumes et ses traditions. On est encore loin des grandes scènes de batailles impressionnantes suggérées dans la bande-annonce.
Une authenticité rarement vue à Hollywood
Shōgun est un spectacle époustouflant, avec un souci du détail allant des costumes aux décors, en passant par les maquillages et les coiffures, les armures et les effets spéciaux. Par exemple, lorsque l’Anglais Blackthorne, qui s’attend à tomber entre les mains de sauvages et de barbares, est conduit pour la première fois dans la ville féodale d’Osaka. Il n’est pas le seul à tomber des nues devant une civilisation aussi majestueuse.
L’authenticité est au cœur de cette nouvelle série. Elle donne la priorité aux protagonistes japonais, contrairement à la première adaptation en série du roman de James Clavell en 1980, raconté principalement du point de vue de John Blackthorne. La nouvelle version de Shōgun se distingue par son approche narrative originale. Les dialogues se font la plupart du temps en japonais. Cela contribue à l’immersion totale dans la culture japonaise.
Il existe toutefois des séquences en anglais et en portugais. Les Portugais ont été les premiers Européens à débarquer au Japon et à établir des relations commerciales avec ce pays, à y répandre le catholicisme et la langue portugaise. Pendant longtemps, les Japonais pensaient l’Europe se limitait au Portugal. Cette idée fut abandonnée avec l’arrivée du navigateur anglais William Adams au début du 17e siècle, dont le personnage de John Blackthorne est vaguement inspiré.
Dans l’univers de la nouvelle série Shōgun, Blackthorne et les quelques Japonais bilingues parlent également portugais, mais les spectateurs entendent l’anglais ou le français selon le doublage choisi sur Disney+. Si l’équipe de réalisation de Shōgun avait opté pour une transposition 100 % authentique des langues, il aurait pu sous-titrer toute la série. Mais, on ne voulait pas en arriver là, car après tout, c’est une production américano-japonaise.
Conclusion : encore plus d’intrigues politiques et de combats de samouraïs, pour les prochains épisodes
Les deux premiers épisodes qui sont officiellement sortis m’ont plongé dans un Japon féodal à l’aube d’une longue guerre civile. Rien à redire sur la qualité de la série, que des éloges à faire. L’histoire est passionnante, malgré un rythme (encore) modéré.
Le scénario et les décors s’appuient sur un casting très alléchant, avec en tête le sensationnel Hiroyuki Sanada dans le rôle du régent Yoshii Toranaga et Cosmo Jarvis dans celui de John Blackthorne, qui ne mâche pas ses mots. Les intriques politiques commencent dans les deux premiers épisodes. Les batailles épiques se font attendre. Que nous réserve le prochain épisode ? J’ai hâte de le voir. En attendant, je me contente de la documentation disponible à ce propos.
*Shōgun a démarré le 27 février avec deux épisodes sur Disney+ (Star). La série comprend dix épisodes d’environ 60 minutes chacun. La diffusion se fait chaque mardi. Interdit aux moins de 12 ans.*
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»