Spider-Man : No Way Home – grandiose malgré de (trop) nombreux personnages
15/12/2021
Traduction: David Berthold
Jamais deux sans trois : dans « Spider-Man : No Way Home », la trilogie Spider-Man, qui se déroule dans le Marvel Cinematic Universe (MCU), prend fin. Cette conclusion ne laissera pas les fans indifférents.
Avant toute chose : cette critique de film ne contient aucun spoiler. Vous ne lisez que les informations connues grâce aux bandes-annonces qui ont déjà été diffusées.
Deux années se sont écoulées depuis que Deadline a dévoilé cette nouvelle qui a eu l'effet d'une bombe : Spider-Man, c’est terminé, du moins dans le MCU. Le point de friction résidait au niveau des studios de films Marvel et Sony, qui ne souhaitaient vraiment pas se partager les droits cinématographiques de la saga.
Un choc non seulement pour les fans, mais aussi pour l’acteur principal, Tom Holland. Alors âgé de 23 ans, il s’est emparé d’un téléphone et a directement appelé le chef de Disney, Bob Iger. Cette réaction a tellement impressionné ce dernier qu’il a ordonné à son chef de studio de retourner à la table des négociations avec Sony afin de trouver une solution, pour le plus grand bonheur des millions de fans attristés ainsi que par intérêt pour leur porte-monnaie.
Spider-Man est resté dans le MCU, en grande partie parce que Sony voulait se tailler une part encore plus grande du gâteau. Pour les fans que nous sommes, peu importe : nous avons enfin la conclusion de la trilogie, débutée en 2017 avec une petite histoire de retour aux sources et qui se termine maintenant par une catastrophe multiverselle menaçante.
De quoi ça parle ?
Le voile est enfin levé : Peter Parker (Tom Holland) est Spider-Man et tout le monde le sait. Pire encore : les gens pensent qu’il est le méchant qui a voulu perpétrer un attentat à Londres, lui et non Mysterio (Jake Gyllenhaal), le véritable auteur du crime.
Depuis lors, la vie de Peter est devenue un véritable enfer. C’est pourquoi il se tourne vers le Docteur Strange (Benedict Cumberbatch). Le plan : un sort pour faire oublier au monde entier que Peter Parker et Spider-Man ne font qu’un. Mais le sort tourne mal : le multivers se brise. Tout à coup, des gens se font attaquer par un homme avec des tentacules métalliques ; un fou dans un costume vert de gobelin sème l’insécurité dans la ville ; quelque part, un homme uniquement composé d’électricité se matérialise. Bon sang, que se passe-t-il ?
Les personnages apparus proviennent d’autres réalités. On comprend rapidement que retourner d’où ils viennent constitue le cadet de leurs soucis.
Peuvent-ils vraiment le faire ?
Je ne peux pas en dire plus à cause des spoilers qui rôdent : cela menace ma critique de sombrer dans le peu inspirant « le film a un début, un milieu et une fin ». Je vais quand même essayer.
Parlons d’abord des craintes, par exemple que No Way Home soit plus du fan service qu’un véritable film. Le concept du multivers est en effet aussi fascinant que dangereux : tous les personnages peuvent venir de n’importe où. Alors oui, les films du MCU font ça depuis longtemps. Le multivers pousse cependant le concept à son paroxysme (non, vous n’avez pas encore vu tous les personnages dans la bande-annonce) : que se passe-t-il si le Dr Otto Octavius (Alfred Molina), du Spider Man de Sam Raimi sorti en 2002, apparaît soudain en tant que méchant du MCU ? Marvel s’épargne ainsi l’introduction d’un nouveau personnage : ce choix laisse plus de temps pour l’action et les punchlines. La nostalgie agit comme une colle qui maintient toute la structure. Mais ce faisant, n’oublie-t-on pas de raconter une histoire ?
En fait, No Way Home trébuche encore çà et là. Au début, le retour des vieux personnages fait véritablement plaisir : le fan service est bien présent. C’est une sorte de « récompense fidélité » pour les nerds amateurs de comics, qui se réjouissent du moindre détail repris de ces derniers. Mais je retire mes lunettes de nerds et je remarque que de nombreux personnages des anciens films sont certes géniaux, mais freinent néanmoins le cours du récit, pile en plein milieu de l’intrigue. Moins aurait été ici mieux. Sony s'en est bien mieux sorti dans Spider Man : Into the Spider Verse.
Oui, ils le peuvent !
Néanmoins, No Way Home reprend la situation en main. L’action est tellement bien. L’humour, si brillant, ne tombe pas dans l’erreur typique de Marvel, qui consiste à ne pas savoir s’arrêter pour laisser place à une séquence plus sérieuse. Et plus tard, quand Docteur Strange, dans sa Dimension Miroir, annule complètement les lois de ce qui semble possible, mon cœur de fan fait des culbutes et se lance nu dans une ivresse euphorique à travers le pré.
De plus, le réalisateur Jon Watts est suffisamment intelligent pour résister à la tentation de trop détourner le personnage principal de son histoire. Cela reste celle de Peter Parker aka Spider-Man, rôle très bien interprété par Tom Holland. Le scénario indique aussi que Spider-Man rencontre de graves problèmes, problèmes qui testent le personnage et le mènent au bord du gouffre. Peter Parker est donc le personnage qui connaît les moments les plus importants et les évolutions les plus significatives.
Il doit donc assumer les conséquences de ses actes.
Sauf une chose
C’est justement lesdites conséquences qui rendent No Way Home bien plus adulte dans sa tonalité que les deux films Spider-Man MCU précédents. J’aime ça. Justement parce qu’il y a là encore quelques risques que Marvel prend (je m’efforce de rester aussi vague que possible). Ils donnent à l’histoire le sérieux nécessaire qui manque parfois aux films Marvel : le sentiment que le destin de l’univers est vraiment menacé, le fait de pouvoir véritablement ressentir ce danger.
En outre, les interprètes des personnages comme Alfred Molina ou Willem Dafoe sont toujours là. Ainsi que... je n’ose pas le dire... quelque chose de pâle, malgré une impressionnante et incroyable cure de jeunesse numérique. Les plus grands sont là, ceux-là mêmes qui ont été tués par l’autre studio, histoire de faire une fois plaisir au public, sauf à la fin. La fin... mince, nous en revenons au risque de spoilers.
Quelque chose m’a néanmoins dérangé : la musique, ou plus précisément sa mise au second plan. J’ai consacré une liste d'écoute à la musique du film réalisé par Danny Elfman du Spider-Man de Sam Raimi, ainsi qu’à ses suites. Les sons de James Horner pour The Amazing Spider Man en étaient la parfaite continuation. La musique de Michael Giacchino pour Homecoming et Far From Home fait selon moi partie du meilleur de ce que le MCU peut proposer.
En revanche, sa musique pour No Way Home tombe totalement à plat. Je n’y accroche tout simplement pas. Pourtant, ça aurait pu marcher. Michael Giacchino aurait pu puiser dans son propre répertoire ainsi que dans ceux d’Elfman et d’Horner des films précédents. Il aurait même dû ! Il le fait d’ailleurs pour le générique, mais en dehors de cela, je l’ai très peu remarqué. Tout au plus ai-je noté quelques courtes allusions. Bien sûr, ça pèse peu dans la balance aux yeux des spectateurs et spectatrices. En revanche, ça dérange fortement l’aficionado de musiques de film, capable de deviner le titre, la scène et son compositeur en écoutant 10 secondes d’un titre, que je suis.
Bilan : une fabuleuse conclusion surchargée
Finalement, on se retrouve avec une conclusion pleine de fan service un peu trop présent, surtout au milieu du film. Là où je craignais le pire, il est sorti un long métrage Spider-Man qui a osé se montrer plus adulte que ses deux prédécesseurs. Et lorsque... mince, je n’ose pas divulgâcher ! Le film a donc un début, un milieu et une fin. Je vous invite à vous rendre au cinéma si vous voulez en savoir plus, idéalement le plus vite rapidement possible.
Internet sera à coup sûr plus bavard que moi.
« Spider-Man : No Way Home » sort en salle à partir du 16 décembre. Durée du film : 148 minutes.
Luca Fontana
Senior Editor
Luca.Fontana@digitecgalaxus.chVivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»