Point de vue
Pourquoi je me détourne de l’univers Marvel et vous aussi
par Luca Fontana
Je ne sais pas ce qui est passé par la tête des gens chez Marvel. Robert Downey Jr. revient dans l’univers cinématographique de Marvel (MCU)... dans la peau de Dr. Doom. Qu’est-ce que c’est cette histoire ?!
Ce dimanche-là n’était pas comme les autres ; c’était le jour où la Comic-Con (en anglais) organisée à San Diego allait être le théâtre d’une annonce bouleversante. Kevin Feige, directeur de Marvel, a expliqué aux fans qu’il avait enfin trouvé le méchant de ses deux prochains Avengers. Et ce nouveau personnage pourrait même devenir l’ennemi de tous les temps, comme l’ont souligné les réalisateurs Anthony et Joe Russo.
Des dizaines de personnes à cape brune affublées de masques de fer sont montées sur la grande scène du hall C. Un logo brillait sur le mur derrière eux. Avengers : Doomsday. Le public était survolté. Les premiers fans ont crié : « Dr. Doom ! ». Mais qui allait se glisser dans ce rôle ? Un homme a fait quelques pas en avant. Sa cape était verte. D’un geste élégant, il l’a enlevée, ainsi que son masque.
C’était... roulement de tambour... Robert Downey Jr. !
Les fans se sont mis à pousser des cris stridents, puis on a entendu un tonnerre d’applaudissements. L’euphorie qui régnait après l’attente interminable et ce coup de théâtre était « inévitable » (en anglais).
Kevin Feige et ses collaborateurs étaient ravis des réactions d’un public visiblement satisfait. Les mauvais jours du MCU appartiennent enfin au passé.
Mais est-ce bien le cas ?
Je ne veux pas jouer les rabat-joie. Robert Downey Jr. est un acteur incroyable, et je ne doute pas une seule seconde que Dr. Doom pourrait devenir l’un des méchants les plus célèbres de Marvel. Après tout, le comédien a déjà réussi à hisser Tony Stark au rang d’icône. De nombreux superhéros tentent en vain de l’imiter depuis 2008.
Sans lui, Tony Stark ne serait pas qui il est. Et sans Tony Stark, pas de MCU.
C’est justement pour ça que je ne comprends pas cette décision. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! J’ai beau me creuser la tête, je ne saisis toujours pas. Premièrement, comment séparer Robert Downey Jr. de Tony Stark, littéralement ? Comment savoir où finit Tony et où commence Robert ? Seul Downey Jr. a su réellement capter l’essence de ce personnage.
Deuxièmement, comment la direction de Marvel expliquera-t-elle que le comédien adoré deviendra tout simplement quelqu’un d’autre ? Doit-on l’interpréter comme une version malveillante de Tony Stark arrivée tout droit d’un autre multivers ? Ou bien incarne-t-il la version classique de Victor von Doom que l’on voit dans les bandes dessinées, et tous les autres personnages feront comme s’il n’était pas le portrait craché de Tony Stark ?
Je me pose beaucoup de questions, et je veux des réponses. L’explication la plus facile serait que ce Victor von Doom soit en réalité un Tony Stark d’un autre multivers qui aurait été abandonné alors qu’il était bébé. Un enfant qui aurait grandi à Latveria (en allemand), une petite ville de l’Europe de l’Est, et qui y serait devenu Dr. Doom, un dictateur très doué en nouvelles technologies.
Franchement, c’est du grand n’importe quoi.
Mais ce n’est pas ce qui est le plus problématique dans tout ça. Avec son annonce, Marvel a réussi ce qu’elle voulait : faire sensation. Malheureusement, elle a aussi montré que son directeur et ses collaborateurs n’ont rien compris. J’ai souvent entendu des gens dire que quand Tony Stark est mort dans Avengers : Endgame, le MCU est mort avec lui. Marvel a certainement eu vent de tout ça. Et la maison de production réagit en ressuscitant son célèbre personnage ?!
Ce n’est pas ça, le problème. Et faire revenir Robert Downey Jr. n’est certainement pas la solution !
En vérité, depuis la création du multivers, nous sommes bombardés de films et de séries. Impossible de tenir le rythme ! Les nouveaux personnages sont souvent des ados sans grand relief, et la diversité semble forcée. Le pire, c’est que lorsque l’un d’entre eux meurt, on le remplace par une autre version du multivers, comme Iron Man, justement.
En plus, ces films sont devenus d’exorbitantes mais efficaces campagnes de marketing, et les personnages des emblèmes de la franchise. Au premier plan, on retrouve des caméos et des références à d’autres adaptations de bandes dessinées difficiles à comprendre ou justifier. Jusqu’à présent, seul Deadpool & Wolverine fonctionne vraiment, mais seulement parce que ses acolytes se moquent des clichés du MCU si populaire par le passé.
Voilà où on en est depuis plus de cinq ans. La marque fait de la pub pour la marque. Et après le générique de fin, on a droit à la fameuse scène post-crédits obligatoire qui, comme vous l’aurez deviné, fait de la pub pour le prochain film.
C’est absurde, n’est-ce pas ?
Ce qui manque au MCU, c’est une ligne directrice bien réfléchie. Un concept qui mise sur la qualité plutôt que sur la quantité et dans lequel les personnages, et non la marque, se trouvent au cœur des histoires. Et surtout, un concept qui ne mise pas sur un humour bas de gamme qui fait seulement rire les enfants assis devant Disney Channel le samedi matin.
Par exemple, quand Steve Rogers, encore frêle, se jette sur une grenade factice pour sauver les candidats les plus aptes du camp militaire. Vous vous souvenez de cette scène ? Il s’agit peut-être de la scène la plus héroïque de tout l’univers de Marvel, car à ce moment-là Steve ne possède pas encore ses pouvoirs de superhéros qui lui permettront plus tard de devenir Captain America. C’est justement ça qui faisait le succès de Marvel : des histoires inspirantes et des personnages attachants devenus superhéros un peu « par hasard ».
La société de production devrait consacrer ses efforts à redresser son navire et se concentrer sur ses personnages, par sur sa marque.
Malheureusement, elle fait tout le contraire. Elle se repose sur ses succès passés. C’est comme si elle n’avait jamais compris ce qui la rendait si populaire... C’est un peu comme d’acheter des fleurs à quelqu’un pour se faire pardonner, sans savoir ce qu’on a fait de mal.
Vous l’avez compris, l’annonce pompeuse de Marvel hier soir au hall C de la Comic-Con n’était en fait qu’un acte désespéré.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»