Votre derrière n’en peut plus du papier
Lors du premier confinement, j’arborais un sourire un peu narquois en voyant les gens amasser des montagnes de papier toilette. Je n’en utilise presque jamais à cause de ma toilette de douche. Un bilan après 5 ans d’utilisation.
Les gens diffèrent beaucoup les uns des autres : certains sont généreux, d’autres avares ; des individus sont méchants, d’autres prônent l’amour. Cependant, nous avons tous comme point commun de vider nos intestins au moins une fois par jour. Et de nettoyer sa sortie arrière juste après. En Occident, la plupart des gens utilisent du papier toilette, alors qu’en Orient, ils se servent souvent de leurs mains, avec un peu d’eau, bien sûr. Notons que la situation s’est inversée au fil du temps : le livre « Science et civilisation en Chine » mentionne un voyageur qui déclarait en 851 : « Ils [les Chinois] ne font pas attention à la propreté, ils ne se lavent pas à l’eau après avoir fait leur besoin, mais s’essuient avec du papier. »
Le proctologue suisse Daniel Dindo s’exprime de la même manière aujourd’hui : dans une interview accordée au Tages-Anzeiger, il mentionne notre « étrange habitude de nous essuyer les fesses avec du papier sec ». Il déconseille également les lingettes humides : « Elles n’ont aucun sens d’un point de vue écologique et financier. En plus, elles provoquent souvent des démangeaisons et autres réactions allergiques. Mieux vaut privilégier l’eau, comme c’est tout à fait normal dans un certain nombre d’autres cultures.
La tradition de la toilette de douche chez la famille Meyer
Le nettoyage à l’eau est chez nous aussi normal que le Dr Dindo : il possède aussi une toilette de douche. Elle est disponible sous la forme d’un système complet de luxe avec sièges chauffants, éclairage et capteur de proximité qui soulève automatiquement le couvercle (dès 5 000 CHF environ), ou comme simple accessoire pour les bols existants (à partir de 700 CHF). Il suffit d’appuyer sur un bouton pour qu’un bras sorte de l’appareil et pulvérise de l’eau chaude vers le haut tout en se déplaçant d’avant en arrière. Cette technique permet non seulement de nettoyer plus rapidement et plus en profondeur, mais aussi d’éliminer les bactéries, les champignons et autres organismes nuisibles que le papier toilette n’élimine pas, mais ne fait que répandre.
J’ai aussi une toilette de douche, un accessoire de Geberit. Pas grâce au Dr Dindo, mais à mon père, qui en a acheté une il y a 10 ans et ne cessait d’en parler durant une certaine période. Ma mère et ma sœur ne montraient pas un grand intérêt pour les descriptions enthousiastes du « nettoyeur » de fesses, mais moi si. Ce sujet m’a toujours intéressé. Mon fils, encore tout petit à l’époque, affichait également un grand intérêt devant la drôle de fontaine qui pouvait « prendre vie » à partir des toilettes de grand-père.
Je me demande encore pourquoi j’ai hésité si longtemps à acquérir cet accessoire, à savoir en 2016. Après tout, je consommais de grandes quantités de papier toilette humide et sec et ne rendais service ni à l’environnement ni à mon postérieur. Tout d’abord, le plombier a installé et raccordé l’appareil aux lignes d’alimentation en eau et en électricité. Ensuite, j’étais comme un enfant lors de la première utilisation : j’ai minutieusement raconté à ma famille l’incroyable sensation de propreté éprouvée (ma mère et ma sœur n’étaient pas particulièrement intéressées par ces descriptions, mais mon père si).
J’ai aussi informé avec enthousiasme mes amis de mon dernier achat et de ses avantages impressionnants : un postérieur totalement propre et une consommation de ressources minimale. En effet, le papier toilette provient en général des arbres. Imaginez-vous donc : des plantes vieilles de plusieurs décennies sont abattues juste pour qu’on puisse se torcher avec. Ma consommation n’est pas tombée à zéro, il m’arrive encore parfois d’uriner, mais elle ne doit pas s’élever à plus de 5 % ce qu’elle était auparavant (ce chiffre représente une baisse de 25 kilos à 1,25 kg). Un paquet de 12 rouleaux me suffit pour plusieurs mois. Quand les gens se sont rués sur le papier toilette lors du premier confinement, j’étais très tranquille : les deux rouleaux que j’avais encore me suffisaient amplement jusqu’à ce que les rayons des grandes surfaces soient réapprovisionnés.
En déplacement : Happy Po !
Mais comment fait l’aficionado de la toilette de douche en voyage ? C’était un vrai problème à chaque fois, pour ainsid dire un vrai retour dans le Moyen Âge anal. Jusqu’à ce que je découvre Happy PO, la toilette de douche pour fesses version déplacements : vous la remplissez d’eau chaude et il vous suffit de la presser. Génial !
Malheureusement, Galaxus ne la propose pas, mais je peux éventuellement utiliser ma position d’auteur pour signaler subtilement que cet excellent produit doit être ajouté à la gamme.
En attendant, vous pouvez commander Happy Po ici et lire en bas de page les nombreux petits textes amusants sur les sujets les plus pressants sur le thème du derrière.
Petite histoire de caca
Pour en revenir à la question initiale, à savoir la manière de s’essuyer les fesses dans le temps : au cours de l’histoire de l’humanité, toutes sortes d’aides ont été utilisées, comme les feuilles du ver de la peste, que l’on appelle en Bavière « Arschwurzen » pour une bonne raison. En dehors de cette méthode, on utilisait aussi la mousse et le foin, puis à partir du Moyen Âge, les textiles de toutes sortes, les tissus les plus nobles se retrouvant bien sûr au sein des foyers les plus riches, et à partir du XVIe siècle, le papier. Il fait toujours office de « prince » des étrons, d’autant que sa consommation ne cesse d’augmenter. Mais ceux qui, comme le Dr Dindo, mon père et moi-même, ont fait l’expérience des avantages de la toilette de douche connaissent la vérité.
Né à Zurich en 1974, Thomas Meyer est écrivain. Il a travaillé comme rédacteur publicitaire jusqu'en 2012, date à laquelle son premier roman, « Le formidable envol de Motti Wolkenbruch », a été publié. Papa d'un garçon, il a toujours une bonne excuse pour acheter des Lego. Pour en savoir plus sur lui : www.thomasmeyer.ch.