Votre montre est-elle durable ?
Avez-vous déjà réfléchi à la durabilité de votre montre ? Au côté sombre de l’industrie horlogère et au fait que l’huile de ricin et d’autres matériaux sont censés la rendre plus écologique.
La durabilité est sur toutes les lèvres. Le textile n’est pas le seul secteur en plein bouleversement, l’horlogerie aussi. Au lieu de s’en tenir à des processus de fabrication dépassés, même les marques traditionnelles établies de longue date – qui sont nombreuses dans le secteur de l’horlogerie – se tournent désormais vers des alternatives plus respectueuses de l’environnement.
Certes, en comparaison directe avec les textiles jetés, la quantité de montres mises au rebut est relativement faible. Ce n’est toutefois pas une raison pour ne pas remettre en question l’industrie et réfléchir à l’origine des ressources utilisées pour fabriquer votre montre. Parmi les matériaux les plus prisés, on trouve l’or, dont l’extraction nuit à l’environnement.
Le nouvel or
Partout où l’on cherche de l’or, les forêts sont défrichées et les eaux contaminées. Le mercure et l’arsenic ne sont que quelques-unes des substances toxiques nécessaires à son extraction. À cause de l’exploitation aurifère, les produits chimiques ne se retrouvent pas seulement dans l’eau, mais aussi dans l’air et finalement dans la chaîne alimentaire. En outre, les mines libèrent de grandes quantités de CO₂.
Vous cherchez une alternative ? L’alternative respectueuse du climat est l’or recyclé. Bien que l’or secondaire soit extrait de la même manière que l’« or neuf », il est au moins intégré au cycle des matières premières puisqu’il est fondu et recyclé plusieurs fois.
Outre le fait que tout le monde ne porte pas une montre en or au poignet, les matériaux tels que le plastique sont également nocifs pour l’environnement et les transports inutilement longs représentent une grande partie des émissions de CO₂ des montres. Pour les réduire, de nombreuses entreprises tendent le plus possible à la neutralité carbone. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? On parle toujours de neutralité carbone lorsque les émissions de carbone sont compensées ou que les gaz à effet de serre ne sont pas libérés dans l’atmosphère en premier lieu. L’ensemble du groupe Mondaine, par exemple, est totalement neutre en CO₂ depuis fin 2020. En d’autres termes, pour la production, il s’appuie sur l’énergie solaire obtenue grâce aux panneaux situés sur le toit de son usine et sur des matériaux respectueux de l’environnement. Dans le cas du modèle de montre « Essence », Mondaine utilise des matériaux renouvelables et recyclés tels que l’huile de ricin pour le boîtier et, selon le modèle, du caoutchouc naturel, du liège ou des bouteilles PET recyclées pour le bracelet.
L’entreprise suisse récupérait déjà la ferraille dans les années 1990. Celle-ci était fondue et transformée en boîtiers métalliques pour les montres. Les points de recyclage pour les montres étant rares, le groupe a développé l’un des premiers en Suisse. Ces points restent rares malgré les nombreuses entreprises d’horlogerie. Toute personne souhaitant se défaire de sa montre, qu’elle soit Mondaine ou non, peut le faire ici. La seule condition est qu’elle ne soit pas en plastique, car il n’est généralement pas possible de démonter ce matériau.
Compenser
Il existe différentes méthodes et approches pour agir en tant que marque écologique. Outre l’utilisation de matériaux durables, le produit des ventes permet également de soutenir financièrement des organisations à but non lucratif. Oris fait les deux. En plus de son engagement solidaire, l’horloger indépendant coopère également avec des entreprises comme Everwave qui met actuellement au point une technologie visant à capturer le plastique avant qu’il arrive dans la mer. Grâce à des partenariats de ce type, la marque sensibilise le public aux questions environnementales. C’est pourquoi Oris utilise du PET recyclé pour ses modèles en édition limitée « Clean Ocean » et fait don d’une partie des recettes réalisées.
Luminox s’inscrit aussi dans ce mouvement. Pour sa ligne « Tide Eco », la marque, qui appartient au groupe Mondaine, s’appuie sur des déchets plastiques recyclés provenant de la mer. Elle s’est associée à « Tide Ocean SA » qui collecte, trie et recycle les déchets plastiques. Grâce à cette revalorisation, le matériau Tide Ocean – dans le cas de l’Eco Tide Series – est transformé en bracelets.
Matériaux alternatifs
La marque Swatch, devenue célèbre pour ses montres en plastique, sait que l’expression « On ne change pas une équipe qui gagne » est une valeur sûre dans la plupart des cas. Cependant, pour s’adapter à l’air du temps et faire preuve de modernité, la marque mise sur le plastique biosourcé obtenu à partir de l’huile de ricin au lieu du plastique conventionnel pour sa ligne « Bio Reloaded » et cherche une fois de plus à mettre les matériaux alternatifs à l’honneur : dans les années 1990, la marque avait déjà lancé les montres-bracelets « ReWatch » fabriquées à partir de canettes en aluminium recyclées. Le design a reçu un accueil mitigé avant de tomber dans l’oubli.
Les montres en bois connaîtront-elles le même sort ? Le fait est qu’elles poussent actuellement comme des champignons et semblent donc vouées à une destinée plus heureuse. Touchons du bois ! Des marques comme Laimer et Swiss Natura en ont fait leur spécialité. La première s’approvisionne pour ses garde-temps en chutes de bois certifiées FSC provenant de l’industrie du meuble. Victorinox fabrique des bracelets en bois. Pour le modèle « I.N.O.X. Mechanical », la marque lifestyle suisse s’appuie sur le même procédé de fabrication que celui de ses bracelets en cuir. Des plaquettes de bois sont utilisées pour la surface à la place du cuir. Une innovation prometteuse quand on sait que les bracelets en cuir sont tannés au chrome, un métal lourd toxique. Si vous ne voulez pas vous passer d’un bracelet en cuir, vous pouvez opter pour du cuir tanné naturel, comme le proposent des marques comme Oris.
Étant donné qu’une montre est censée être un investissement dans quelque chose de durable, on peut s’interroger sur la durabilité d’une montre en bois. Elle ne résiste probablement pas aux rayures. Si vous voulez quelque chose de plus robuste qui sera encore beau dans dix ans, optez pour l’acier inoxydable. Bien que la consommation d’énergie de cet acier particulièrement noble soit plutôt élevée, elle est toutefois inférieure à celle du plastique et c’est un matériau recyclable. Les modèles en céramique, quant à eux, sont encore plus robustes et résistants aux rayures. Ces montres sont un bon investissement à long terme et elles restent belles pendant longtemps.
Mouvement à quartz ou automatique
Il ne s’agit pas seulement de réfléchir à l’extraction des matières premières, au processus de fabrication et au choix des matériaux dans la jungle des montres, il faut aussi penser au cœur de chaque garde-temps : le mouvement. Pour les collectionneurs et les connaisseurs, la montre automatique est et reste une valeur sûre et représente un chef-d’œuvre d’artisanat. Qu’est-ce qui fait la différence ? Il fonctionne sans pile. À la place, les aiguilles sont mises en mouvement par un mécanisme élaboré. Le mouvement de votre bras remonte la montre. Si vous ne la portez pas pendant plusieurs jours, l’heure s’arrête jusqu’à ce que vous vous la mettiez à nouveau. Selon le mouvement, la réserve de marche dure de quelques heures à trois jours. Les montres à quartz, quant à elles, fonctionnent avec des piles et sont plus précises. La raison : les cristaux de quartz oscillent plus régulièrement sous tension. Le garde-temps est donc plus fiable.
Outre le savoir-faire traditionnel, un autre argument plaide en faveur des montres automatiques : elles sont plus durables, car elles ne nécessitent pas de piles qu’il faut remplacer et jeter au bout de quelques années. Pas très écolo ! Il en va autrement de la montre à quartz solaire. Ici, des cellules solaires sur le cadran remplacent la batterie.
Rien n’est joué
Les choses bougent dans l’industrie horlogère. Elle a entendu le signal d’alerte et bouleverse peu à peu ses méthodes traditionnelles. Les améliorations en matière de transparence, de chaînes d’approvisionnement et de responsabilité environnementale ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan.
Comme toujours, c’est un effort commun. Les entreprises, mais aussi les consommateurs, contribuent à réduire l’empreinte écologique. Si vous envisagez d’acheter une montre depuis un certain temps et que la question de la durabilité vous tient à cœur, ce guide d’achat de WWF Suisse pourra éventuellement vous aider. Sa conclusion : quel que soit le modèle de montre que vous choisissez, privilégiez le minimalisme. L’accent doit être mis sur la qualité plutôt que sur la quantité. Mieux encore, un objet de famille ou un modèle d’occasion au poignet reste le moyen le plus durable de posséder un garde-temps.
Quand je ne suis pas en train d'explorer les océans, je plonge avec bonheur dans l'univers de la mode. Toujours à l’affût des dernières tendances dans les rues de Paris, Milan et New York, je vous montrerai comment arborer ces habits de podium dans la vie de tous les jours.