Vous souvenez-vous de « Skies of Arcadia » ?
9/7/2024
Traduction: Marie-Céline Berthou
En 2000, « Skies of Arcadia » marque un sacré virage par rapport aux anciens JRPG. Son histoire légère fait souffler un vent de fraîcheur sur un genre habituellement mélancolique. La bonne nouvelle, c’est que le jeu vaut encore le détour aujourd’hui !
Je ne me souviens pas de Skies of Arcadia pour son histoire (un récit plutôt classique où il faut sauver le monde), mais pour la manière dont celle-ci était présentée. Les personnages sont basiques : soit gentils, soit méchants, ces derniers se révélant souvent ridicules et incompétents. Skies of Arcadia est donc léger, ce qui le distingue des autres jeux du même genre au début du millénaire, et cela fait tout son charme.
Le jeu m’est surtout resté en mémoire pour son cadre original et parce qu’il est sorti sur la dernière console de Sega, la Dreamcast.
Un univers génial, des personnages attachants
On y incarne le fils d’un pirate, Vyse. Le terme « pirate » n’est pas tout à fait adapté : Vyse est en fait un stéréotype de Robin des Bois qui vole les riches pour donner aux pauvres. Sans compter qu’il parcourt les cieux au lieu de naviguer sur l’eau. Dans l’univers de Skies of Arcadia, les gens vivent sur de grandes îles qui flottent dans les airs. Tout ce qui se trouve en dessous leur est aussi mystérieux que le sont les profondeurs de la mer pour nous.
Une nuit, Vyse et son équipage attaquent un vaisseau du puissant empire Valuan. Ils s’emparent de trésors et sauvent Fina, une mystérieuse jeune femme qui a été capturée par l’Empire. S’ensuit une aventure dans laquelle Vyse et ses amis naviguent dans les airs, rencontrent des personnes issues de nombreuses cultures étrangères et découvrent des secrets oubliés depuis longtemps qui menacent le monde entier.
Les personnages principaux sont sympathiques et un peu naïfs, ils sont impatients de découvrir tout ce que le monde a à offrir. Vyse a par exemple toujours un commentaire à faire sur les objets qui se trouvent sur votre chemin si vous appuyez sur la touche d’action à proximité. C’est un super élément de worldbuilding qui met en exergue le caractère curieux et aventurier des protagonistes. L’histoire elle-même offre en outre une bonne dose de comique de situation dû à l’énergie débordante des personnages et à la stupidité des amiraux de l’Empire.
On ne découvre jamais pourquoi le monde de Skies of Arcadia est comme il est, mais ce n’est pas grave, il est merveilleux. Il y a des choses à explorer dans tous les recoins, on fait des découvertes en interagissant avec certains lieux de l’univers de jeu. Vous découvrirez ainsi des ruines de civilisations antiques, des phénomènes géologiques ou de nouvelles espèces animales, et bénéficierez en récompense de quelques lignes qui donnent des détails sur l’univers. Vous pouvez ensuite revendre ces informations à la guilde des marins.
La carte n’a rien d’extraordinaire pour aujourd’hui, mais pour l’an 2000, elle était immense. Vous voguez à travers les cieux et découvrez peu à peu de nouvelles contrées en améliorant votre navire. Vous pouvez vous amarrer à différents endroits pour explorer le monde à pied.
Des batailles navales en point d’orgue
En évoluant à pied, vous tombez sur des ennemis à combattre au tour par tour, comme dans les JRPG. Et les combats sont fréquents ! C’est particulièrement agaçant si vous voulez interagir avec l’environnement sans vous faire attaquer en permanence. Il peut donc arriver que vous deviez participer à quatre ou cinq combats avant de pouvoir effectuer l’action souhaitée. Le taux de rencontre a été revu à la baisse pour la réédition du jeu sur Nintendo Gamecube, mais il reste élevé.
En dehors des combats traditionnels, vous prendrez aussi part à des combats entre navires. Ils se déroulent par tours divisés en trois ou quatre actions, en fonction du nombre de membres dans votre groupe. Tout ça est représenté sur une grille, chaque colonne représentant un tour et chaque ligne un membre du groupe. Les personnages revendiquent une ligne pour effectuer une action (tirer un canon, utiliser un objet ou effectuer une manœuvre de défense). Les attaques à venir du navire ennemi sont marquées sur la première ligne pour vous permettre d’anticiper. Certains combats de navires vous obligent également à prendre des décisions stratégiques : choisir par quel côté attaquer le bateau ou changer de vitesse pour surprendre l’adversaire.
Au fur et à mesure du jeu, vous pourrez améliorer votre navire en recrutant de nouveaux membres d’équipage. D’un point de vue actuel, les combats de bateaux ne sont pas particulièrement complexes, mais à l’époque la mécanique de jeu m’avait totalement happé et je ne m’en lassais pas.
Bonne intégration de l’unité de mémoire virtuelle
La version Dreamcast bénéficiait d’un atout original : le mini-jeu Pinta's Quest sur l’unité visuelle de mémoire (VMU). Le VMU n’était pas juste une carte mémoire, il comportait aussi un écran de gamepad supplémentaire et pouvait servir de console de poche indépendante. Le mini-jeu ne devient accessible qu’une fois que vous avez parlé au personnage de Pinta dans le jeu principal. Dans Pinta's Quest, vous sillonnez le monde à bord du bateau de Pinta et collectionnez des objets, de l’or et des points d’expérience. Vous pouvez d’ailleurs récupérer les objets et l’or dans le jeu principal. Les zones de la carte accessibles avec le bateau de Pinta dépendent de votre progression dans Skies of Arcadia.
Ce mini-jeu est amusant, mais il ne joue aucun rôle dans le déroulement du jeu principal ; il a même été supprimé dans la version Gamecube. Je me souviens encore de l’époque où j’emmenais mon VMU partout pour me maintenir à flot financièrement dans le jeu principal.
Il n’y aura probablement jamais de suite
L’univers fantastique de Skies of Arcadia, les personnages attachants et la narration enjouée font de ce jeu une superbe aventure. Il n’existe à ce jour hélas pas de remake HD, et encore moins de suite. Celle-ci devrait d’ailleurs se passer de la productrice de l’original, Rieko Kodama, décédée subitement en 2022. Ne nous reste donc que l’original qui demeure ma foi un grand jeu.
Kevin Hofer
Senior Editor
kevin.hofer@digitecgalaxus.chLa technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.