« Age of Mythology: Retold » : une fabuleuse réédition
Critique

« Age of Mythology: Retold » : une fabuleuse réédition

Il y a 22 ans, « Age of Mythology » réinventait un concept de STR bien connu en y ajoutant des héros et des monstres. Cette réédition met les graphismes et le gameplay au goût du jour, sans pour autant détruire le charme de l’original. En avant la nostalgie.

Mes éléphants de guerre labourent le champ de bataille jusqu’au château ennemi. Les fantassins adverses se font brûler par mes crocodiles mystiques qui tirent des rayons de feu avec leurs yeux. Je fais soigner mes éléphants par des prêtres pour qu’ils ne tombent pas sous la pluie de flèches ennemies.

Mais soudain, une hydre surgit derrière eux. Elle menace de massacrer mes pauvres prêtres. Je les protège avec un sort d’armure et je lance un héros sur le monstre depuis le flanc. Il règle son compte à la créature mythique, mon armée garde le dessus, le château tombe. Victoire !

Les batailles de « Age of Mythology: Retold » envoient du lourd.
Les batailles de « Age of Mythology: Retold » envoient du lourd.
Source : Xbox Game Studios

« Age of Empires » chez les légendes

Age of Mythology: Retold est la réédition d’un grand classique sorti il y a 22 ans. Le jeu, développé par Ensemble Studios, connu pour Age of Empires, est sorti en plein âge d’or de la stratégie en temps réel.

À la différence de ce dernier, Age of Mythology se déroule dans un monde de légendes antiques. Outre les épéistes, les chevaliers et les archers, on y trouve des héros, des monstres et des pouvoirs divins. Les fans d’Age of Empires ne devraient pas être trop dépaysés, car les mécaniques de jeu sont très similaires : construire une base, collecter des ressources, créer des unités, mener des batailles.

Comme dans tout bon jeu de STR, je commence par réaliser plusieurs missions pour construire une économie solide.
Comme dans tout bon jeu de STR, je commence par réaliser plusieurs missions pour construire une économie solide.
Source : Samuel Buchmann

La version Retold met les graphismes de l’original au goût du jour et améliore l’équilibrage. Parmi les nouveautés, on retrouve également une ère supplémentaire et diverses améliorations de qualité de vie. Les campagnes sont les mêmes qu’il y a 22 ans, mais les dialogues ont été refaits. Dans l’ensemble, il s’agit donc plus d’une version remastérisée que d’un remake.

De la variété et un bon équilibre

Age of Mythology: Retold sait faire appel à ma nostalgie de millennial. Et je l’avoue, ça me plaît. J’ai l’impression d’être à nouveau ado. Et comme à l’époque, je jouais plutôt à Age of Empires II qu’à Age of Mythology, j’ai oublié assez d’éléments pour que cette réédition ne soit pas ennuyeuse.

Les combats se déroulent avec l’un des quatre peuples : les Grecs, les Égyptiens, les Scandinaves et les Atlantéens. Pour chacun, je peux choisir l’un des trois dieux principaux (quatre pour les Scandinaves). Chaque dieu a ses propres avantages et dieux secondaires que j’acquiers lorsque j’arrive à une nouvelle ère. Je reçois également des pouvoirs divins qui me permettent de faire pleuvoir des météores ou de provoquer une tornade qui dévaste les troupes et les bâtiments.

La tornade fait partie des pouvoirs les plus puissants, mais elle ravage absolument tout sur son passage. Il faut donc l’utiliser avec précaution.
La tornade fait partie des pouvoirs les plus puissants, mais elle ravage absolument tout sur son passage. Il faut donc l’utiliser avec précaution.
Source : Samuel Buchmann

Après la première utilisation, ce pouvoir coûte de la faveur. Avec la nourriture, le bois et l’or, la faveur constitue la quatrième ressource. On l’utilise notamment pour les créatures mythiques. Chaque civilisation acquiert de la faveur de manière différente. Par exemple, les Atlantéens n’ont pas besoin de déposer leurs ressources à un point de collecte, les Égyptiens peuvent eux transformer leurs villages en forteresses, et ainsi de suite.

Les peuples ayant en outre des unités totalement distinctes, ils se jouent de manière très différente. Le contraste semble plus grand que dans Age of Empires, ce qui compense un peu le choix plus restreint de civilisations. Après une trentaine d’heures de jeu, Age of Mythology: Retold me semble bien équilibré. J’ignore si c’est également le cas en mode multijoueurs.

Les Atlantéens recueillent de la faveur en plaçant des oracles (des prêtres qui émettent des champs de force violets) à grande distance les uns des autres. Ils peuvent aussi servir d’éclaireurs, mais sont vulnérables.
Les Atlantéens recueillent de la faveur en plaçant des oracles (des prêtres qui émettent des champs de force violets) à grande distance les uns des autres. Ils peuvent aussi servir d’éclaireurs, mais sont vulnérables.
Source : Xbox Game Studios

Pour le niveau de difficulté, je choisis le deuxième niveau le plus élevé sur cinq. Ma campagne constitue un véritable défi. Je dois souvent m’y reprendre à plusieurs fois avant de finir une map. Bien gérer ses unités est crucial : essayez de combattre des ciseaux avec du papier, vous n’irez pas bien loin. Les missions restent tout de même faisables, c’est donc le niveau de difficulté parfait pour moi.

« Juste une dernière mission... »

Si vous trouvez ce niveau trop exigeant, vous pouvez toujours baisser la difficulté de quelques crans pour faciliter le déroulement de la campagne.

Les histoires d’Age of Mythology: Retold s’inspirent de légendes classiques comme la guerre de Troie. On y retrouve des héros comme Ajax et Agamemnon, des monstres comme les cyclopes et les momies, et des dieux Odin ou Isis. C’est un mélange hétéroclite de mythologie grecque, égyptienne et scandinave. Les cinématiques manquent parfois un peu de naturel. Mais dans l’ensemble, j’apprécie aussi bien le cadre que l’histoire.

Les cinématiques se déroulant dans les graphismes du jeu, elles ne sont pas des plus élaborées.
Les cinématiques se déroulant dans les graphismes du jeu, elles ne sont pas des plus élaborées.
Source : Samuel Buchmann

Je me retrouve vite accro : je ne compte plus les « okay, cette fois c’est la dernière mission » répétés avant d’aller me coucher trois heures et six maps plus tard. Les trois campagnes comprennent 50 missions au total. En comptant quelques redémarrages, la durée de jeu se situe entre 30 et 40 heures.

J’en suis plus que satisfait, d’autant plus que je ne m’ennuie presque jamais. Si le jeu est si fluide, c’est surtout grâce à la conception variée des missions. Sur des cartes linéaires de jeux RPG, je dirige mes héros et fais avancer l’histoire. Dans d’autres missions, j’ai des objectifs classiques comme « détruire le centre du village adverse » ou « conquérir les restes d’Osiris et les escorter jusqu’à votre village ».

Pour une de mes missions, je dois m’emparer d’un chariot contenant des restes divins et le conduire jusqu’à mon village. Si je perds la relique, elle repart dans l’autre sens.
Pour une de mes missions, je dois m’emparer d’un chariot contenant des restes divins et le conduire jusqu’à mon village. Si je perds la relique, elle repart dans l’autre sens.
Source : Samuel Buchmann

Rien de révolutionnaire

Le pathfinding (recherche de chemin) représente pour moi le principal point faible du jeu. Il arrive que des unités finissent coincées derrière un mur, ignorant le chemin bien visible pour atteindre l’objectif souhaité. J’ai l’impression que cela arrive plus souvent que dans Age of Empires II, qui est pourtant plus vieux.

L’IA des ennemis de l’ordinateur ne se montre pas plus brillante. Après quelques attaques avec de vraies troupes, il lui arrive d’envoyer des flots d’unités individuelles vers une destruction évidente. Et les rassemblements de troupes peuvent être attirés par des unités à distance divisées, ce qui permet de les vaincre plus facilement. Il est possible d’utiliser de telles mécaniques et de « cheeser » en partie la campagne.

Dans les grandes batailles, les unités se bloquent parfois entre elles.
Dans les grandes batailles, les unités se bloquent parfois entre elles.
Source : Xbox Game Studios

Rien de surprenant pour le remaster d’un jeu vieux de 22 ans. Il ne fallait pas s’attendre à des idées révolutionnaires ou à des mécanismes de jeu entièrement nouveaux. Age of Mythology: Retold reste fidèle au concept classique du STR. On ne trouve pas non plus de nouveau contenu.

Graphismes contemporains et excellente bande-son

Les graphismes entièrement revus constituent la principale différence par rapport à l’original. D’un point de vue esthétique, Age of Mythology: Retold est un très beau jeu. Les personnages semblent vivants, les paysages regorgent de détails et les pouvoirs divins faisant trembler la terre ou pleuvoir la foudre me donnent l’impression d’être tout-puissant.

Les graphismes ne sont pas extraordinaires, mais ils restent très satisfaisants pour un remaster.
Les graphismes ne sont pas extraordinaires, mais ils restent très satisfaisants pour un remaster.
Source : Xbox Game Studios

Certains puristes nostalgiques ont critiqué le style, le jugeant trop « bande dessinée ». Personnellement, ça ne me dérange pas. Un décor peuplé de héros et de monstres mérite bien un peu de couleur.

J’ai également beaucoup apprécié la bande-son, mélange d’éléments anciens et nouveaux. La musique est à la fois discrète et adaptée. Lorsqu’une bataille importante commence, j’ai aussitôt droit à un concert épique.

Des effets sonores discrets m’avertissent de différentes choses, comme le fait que je vais être attaqué. Le son n’est pas le même selon que l’adversaire attaque une unité militaire ou des villageois. Lorsque je clique sur un personnage et que je lui donne des ordres, je reçois également un feedback sonore. Si les Grecs sonnent bien grec, les Scandinaves me semblent parfois avoir un accent écossais.

Dans les cinématiques, les Scandinaves parlent un anglais à l’accent écossais. Du moment que ça sonne un peu nordique...
Dans les cinématiques, les Scandinaves parlent un anglais à l’accent écossais. Du moment que ça sonne un peu nordique...
Source : Samuel Buchmann

Pour ce qui est du son, le doublage des cinématiques constitue le seul bémol. Ayant joué ma campagne en anglais, mon jugement ne vaut que pour cette langue : la qualité des dialogues est correcte, mais ils semblent moins authentiques que dans le jeu original. À l’époque, ils étaient pleins d’émotion. Cette version remastérisée semble plus artificielle. Les développeurs auraient mieux fait de recycler les anciens enregistrements.

Age of Mythology: Retold sera disponible le 4 septembre sur PC et Xbox Series X/S, et le 27 août avec accès anticipé pour l’édition premium. Pour ce test, Microsoft m’a fourni une version préliminaire du jeu pour PC.

Bilan

Ça, c’est de la réédition

Les rééditions d’anciens jeux sont un exercice d’équilibriste : elles doivent donner l’impression de ne pas avoir changé tout en répondant aux exigences actuelles. « Age of Mythology: Retold » a su relever le défi. Dans ce monde mythique, j’ai l’impression de retrouver mes 14 ans tout en profitant du gameplay peaufiné de cette version remastérisée.

La campagne de l’histoire originale titille mon côté nostalgique. Comme je n’ai plus joué au jeu depuis 22 ans, l’histoire me semble à nouveau passionnante et divertissante grâce à un level design varié et aux quatre civilisations qui se jouent différemment. Je vous recommande de jouer avec le deuxième niveau le plus élevé de difficulté. Gagner et perdre mes batailles de justesse fait s’installer cette sensation de dépendance que je connais bien.

D’un point de vue esthétique, « Age of Mythology: Retold » se défend très bien. Des paysages détaillés, des unités joliment animées et des effets dramatiques font entrer ce classique dans l’ère moderne. La bande sonore est très agréable et met l’accent aux bons moments. Je suis cependant moins convaincu par le doublage.

Outre les dialogues peu naturels, seul le pathfinding parfois problématique vient ternir mon plaisir. Vous ne trouverez en outre pas de contenu nouveau. Si je n’ai pas pu juger de l’équilibrage des peuples en mode multijoueur, la campagne d’une durée de 30 à 40 heures vaut à elle seule le prix raisonnable du jeu. Si vous êtes fan de stratégie classique en temps réel, je ne peux que vous le recommander.

Pro

  • fidèle à l’original
  • gameplay varié
  • très bon équilibre
  • cadre épique, histoire intéressante
  • campagne longue et divertissante
  • jolis graphismes, bande-son appropriée

Contre

  • pas de nouveau contenu
  • pathfinding parfois problématique
  • dialogues redoublés moins bons que les originaux
Photo d’en-tête : Xbox Game Studios

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Mon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse. 


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