Bonnes habitudes santé : une semaine sans café et un sevrage assez surprenant
En coulisse

Bonnes habitudes santé : une semaine sans café et un sevrage assez surprenant

Anna Sandner
31/5/2024
Traduction: Stéphanie Casada

Je n’aurais jamais pensé avoir du mal à me passer de café pendant une semaine. J’étais complètement à côté de la plaque. Ce sevrage de la caféine a été une révélation. Il a même remis mon amour pour le café en question.

C’est fatiguée que je commence cette nouvelle semaine « bonnes habitudes santé ». Je suis assise, une tasse de café décaféiné devant moi. Et toute la semaine s’annonce ainsi. Après plus de vingt ans, au cours desquels je n’ai délibérément renoncé à la caféine que pendant ma grossesse, je veux découvrir ce que fait mon corps sans petits coups de pouce extérieurs. Et je peux déjà vous dire qu’il se rebelle, parfois même avec véhémence !

1er jour : à quand les maux de tête ?

D’un point de vue médical et pharmacologique, la caféine est une drogue qui, en cas de sevrage, est susceptible de faire apparaître des symptômes de manque correspondants. La caféine rétrécit les vaisseaux sanguins dans les intestins, mais dilate les vaisseaux dans le cerveau. Si l’apport quotidien auquel le corps s’est habitué fait défaut, le flux sanguin s’accélère à court terme et la pression artérielle augmente, entraînant des maux de tête (en anglais).

Cette semaine, je m’attends donc à des maux de tête et de la fatigue. Je me demande quand les symptômes commenceront à se manifester, avec quelle intensité et combien de temps je vais devoir lutter. Le premier jour commence comme je m’y attendais, fatiguée, mais sans maux de tête (pour le moment). Je ressens une légère sensation de brouillard, comme si ma tête était emballée dans du coton. Vers midi, les maux de tête commencent à se manifester et s’amplifient tellement jusqu’en début d’après-midi qu’il me faut des analgésiques pour pouvoir me concentrer. Je ne pensais pas souffrir autant. La fatigue se fait également sentir tout au long de la journée. Cela dit, il m’arrivait aussi d’être très fatiguée quand je consommais du café en grande quantité. Pour essayer de me reprendre, je sors tous les sujets des semaines « bonnes habitudes santé » précédentes, de l’eau citronnée à la microsieste.

Mon bilan après cette première journée sans caféine : j’avais clairement sous-estimé les effets du sevrage. Je ressens si fortement le manque de caféine qu’il me limite dans mon quotidien.

2e jour : le mauvais côté des choses

Ma tête est un peu moins embrumée, mais ce matin encore, mes paupières sont très lourdes. Au moins, les maux de tête ont disparu. J’ai donc bon espoir que les choses en restent là et que le pire est déjà passé. Voyons ce que la journée nous réserve.

J’ai crié victoire trop tôt : les maux de tête refont leur apparition au cours de la journée. Ils sont supportables, mais agaçants. En revanche, le verre d’eau citronnée obligatoire me permet de reprendre mes esprits et de rester alerte le reste de la journée.

Je constate à quel point mon projet est surprenant, lorsque des amis me rendent visite dans l’après-midi. « Je ne peux malheureusement vous proposer que du café décaféiné aujourd’hui », dis-je en regardant des visages complètement déconcertés. « Hein ? Pourquoi, quel en est le but ? » L’étonnement est grand, tout comme l’incompréhension. Ce que j’avais lu dans la publication scientifique (en anglais) sur le thème de la consommation de caféine me revient à l’esprit : « L’abus de caféine est probablement le plus fréquent de tous les abus de substances. La consommation chronique d’une drogue favorisant la tolérance, avec un taux d’élimination modéré à rapide , fait de cette substance un excellent candidat pour l’apparition d’une dépendance physique, qui se manifeste par des modifications biochimiques, physiologiques ou comportementales lorsqu’on arrête d’en consommer. » À l’époque, je pensais encore que les mots « drogue », « dépendance », « abus » étaient exagérés. Je commence à me rendre compte que les chercheurs ont sans doute plus raison que je ne le souhaiterais dans ma situation actuelle.

Le lendemain, je reçois un message clair de mon amie sur ce qu’elle pense de mon projet sans café : « Le café est une question de survie. Les dinosaures n’en avaient pas et nous savons toutes et tous ce qui leur est arrivé.
Le lendemain, je reçois un message clair de mon amie sur ce qu’elle pense de mon projet sans café : « Le café est une question de survie. Les dinosaures n’en avaient pas et nous savons toutes et tous ce qui leur est arrivé.
Source : Pexels

3e jour : sans café placebo

Le jour suivant commence sans maux de tête et avec une fatigue modérée. Je mets cette dernière sur le dos de la courte nuit plutôt que le manque de caféine. J’ai bon espoir que le plus dur est derrière moi et que les maux de tête ne reviennent pas.

C’est ma journée de bureau et il me manque donc mon « faux » café. Certes, la machine à café de la cuisine offre un grand choix de cafés, allant du cappuccino au latte macchiato en passant par l’expresso, et le choix de lait est également très varié. Mais à part moi, personne ne semble avoir l’idée absurde de boire du café sans caféine. Autrement dit, je devrais chercher un café qui propose cette rareté si je ne veux pas que tout le monde pense que je renonce au café. Mais je n’en ai pas le temps. Heureusement, car je m’aperçois ainsi que l’on peut très bien s’en passer.

Lorsque j’arrive à la maison en fin d’après-midi, après avoir parcouru douze kilomètres à vélo, je suis épuisée. Légèrement désespérée, je laisse passer cette occasion parfaite de prendre un café l’après-midi. Je suis vraiment fatiguée et je ressens de nouveau cette sensation de brouillard. C’est un sevrage perceptible que je vis actuellement. Je dois l’admettre.

Le café décaféiné : il ressemble au café, a presque le même goût et la même odeur, mais il ne peut pas remplacer le café.
Le café décaféiné : il ressemble au café, a presque le même goût et la même odeur, mais il ne peut pas remplacer le café.
Source : Anna Sandner

4e jour : enfin sortie d’affaire ?

Grâce à la fatigue irrépressible d’hier, je me suis endormie tôt et j’ai maintenant passé une longue nuit réparatrice. Après un verre d’eau citronnée et une séance de yoga, je suis assise devant mon ordinateur, beaucoup plus alerte et sans maux de tête. Il semble que je sois vraiment sortie d’affaire, car les maux de tête et la sensation d’être dans du coton sont désormais révolus. Et après une bonne nuit de sommeil, il n’est plus question de fatigue. J’ai ainsi pu me faire une idée : avec ma consommation de café habituelle jusqu’à présent, c’est-à-dire en moyenne quatre à six tasses par jour, il me faut environ trois jours pour en finir avec le sevrage de la caféine.

5e jour : je veux du CAFÉ !!!

Pour moi, l’objectif de cette expérience n’est pas de renoncer définitivement au café. Je l’aime bien trop pour cela. Mais après toutes ces années passées à boire du café, souvent avec désinvolture, je voulais prendre conscience de l’effet qu’il avait sur mon corps. Et passer d’un état où je bois (trop) de café sans réfléchir pendant la moitié de la journée à celui de buveuse de café pour le plaisir. Au lieu de boire des dizaines de cafés qui me rendent nerveuse, je préfère boire deux, voire trois tasses par jour et les savourer en pleine conscience.

Après cinq jours sans une vraie tasse de café, la nostalgie commence à s’installer...
Après cinq jours sans une vraie tasse de café, la nostalgie commence à s’installer...
Source : Chiecharon/Pexels

C’est exactement ce à quoi j’aspire aujourd’hui : une délicieuse tasse de café, fraîchement moulu et infusé. En revanche, mon substitut, le café filtre décaféiné, me fait plutôt penser à du jus de chaussette imbuvable dont je préfère me passer.

6e jour : adieu la nervosité intérieure

Aujourd’hui, je réalise pour la première fois ce qui est pour moi la plus grande réussite sans caféine. Ce sentiment de frénésie, de nervosité et d’agitation qui m’envahit parfois lorsque je suis assise devant l’ordinateur toute la journée, que je travaille et que je bois du café ; eh bien il a disparu. Je peux plus facilement me concentrer sur mon travail sans avoir à chercher des distractions entre les deux. Sinon, c’est une sorte de spirale infernale : je suis agitée, je prends une tasse de café pour faire une petite pause, ce qui ne fait qu’accroître mon agitation, après quoi je vais chercher le café suivant et ainsi de suite. Je suis maintenant sortie de ce cercle vicieux, du moins pour le moment.

8e jour : adaptation réussie, sevrage réussi, et maintenant ?

Au dernier jour de ma semaine « bonnes habitudes santé », le résultat me laisse un peu perplexe. J’ai réussi à me passer de caféine pendant une semaine. Le fait de ne pas boire de café n’était pas le plus gros problème. Le sevrage était beaucoup plus difficile que je ne l’avais imaginé.

Je peux maintenant espérer que le fait de ne plus boire de café n’aura pas de conséquences aussi importantes. La seule condition est de ne pas recommencer à en boire en trop grandes quantités. Parce que, en toute honnêteté, je ne m’infligerais pas à nouveau ces trois jours passés dans du coton avec des maux de tête. En même temps, je ne veux pas non plus renoncer complètement au café, d’autant plus qu’il n’y a même pas de raison de le faire pour des raisons de santé. En effet, le café n’est pas mauvais en soi et la caféine a même des effets positifs sur la santé. C’est la dose qui fait le poison.

Pourtant, j’ai quelques scrupules à reprendre un café maintenant que je viens de faire le grand saut. Ça fait bizarre. Pour cette raison, je renonce même à la caféine pendant trois jours supplémentaires. Je ne trouve tout simplement pas le moment qui semble convenir. Lorsque le moment est venu, après dix jours en tout, j’apprécie beaucoup la première tasse. Et pour la première fois depuis de nombreuses années, je ressens consciemment les effets de ce merveilleux breuvage. Je suis véritablement euphorique (ce qui est sans doute plus dû au plaisir qu’à l’effet physique du café), je remarque que je suis plus alerte, plus énergique et plus réveillée.

Bilan : une semaine sans caféine

En une phrase : la semaine sans caféine m’a permis de m’effrayer des symptômes de manque, mais elle m’a fait passer du statut de consommatrice de masse à celui de grande amatrice.

Voilà à quoi ressemble le bonheur : un vrai café, plein de caféine !
Voilà à quoi ressemble le bonheur : un vrai café, plein de caféine !
Source : Melhaiwan/Pexels

Pour moi, cela en valait la peine, même s’il s’agissait d’une semaine d’essai que je n’ai pas l’intention de prolonger ni de répéter. Le problème principal n’était pas, comme je le craignais, la fatigue, mais le sentiment de ne pas pouvoir penser correctement et ces maudits maux de tête. Le fait que la nervosité de base, qui devient parfois un compagnon de tous les jours en raison d’un excès de café, ait disparu a été une expérience très positive. J’en retiens définitivement quelque chose : boire du café avec modération et plaisir est merveilleux et fera à nouveau partie intégrante de ma vie. En revanche, le fait de boire du café en grande quantité et sans réfléchir est révolu et n’arrivera (espérons-le) plus. Après cette semaine, j’apprécie beaucoup plus ces grains magiques et je vais à nouveau savourer pleinement chaque gorgée de café chaud à l’avenir.

Quel est votre rapport avec le café et la caféine ? Avez-vous déjà essayé de vous en passer complètement ou ne buvez-vous de toute façon presque pas de café ? Dites-nous tout dans les commentaires !

Et si vous souhaitez voir mes autres « bonnes habitudes santé », vous les trouverez ici :

  • En coulisse

    Bonnes habitudes santé : ma série de tests

    par Anna Sandner

Photo d’en-tête : Olof Nyman/Pexels

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Rédactrice scientifique et biologiste. J'aime les animaux et je suis fascinée par les plantes, leurs capacités et tout ce que l'on peut faire avec et à partir d'elles. C'est pourquoi mon endroit préféré est toujours à l'extérieur - quelque part dans la nature, volontiers dans mon jardin sauvage. 


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