Comment vos enfants vous appellent-ils ?

Pour mes enfants, je suis encore « papa ». Mais pour combien de temps encore ? J’entends de plus en plus souvent les ados de mes ami·es appeler leurs parents par leurs prénoms. Personnellement, j’ai du mal à m’y habituer. Si cela ne tenait qu'à moi, mes deux enfants pourraient très volontiers m’appeler « papa » toute leur vie au lieu d’utiliser mon prénom, qui n’est de toute façon pas très original. Moi aussi, j'appelle encore aujourd'hui mes propres parents « maman » et « papa », car même si je suis adulte, ils seront toujours mes parents.

Selon de nombreuses études et sondages, je ne suis pas une exception. Il n'y a que très peu d'enfants qui appellent leurs parents par leur prénom et, à en croire Jesper Juul, feu le thérapeute familial danois pour enfants, ça serait une bonne chose. Ce dernier a, en effet, déclaré : « Un enfant qui appelle ses parents par leur prénom est en fait un enfant qui n'a pas de parents. »

Ok, il n’y va pas avec le dos de la cuillère... Mais je suis d'accord avec Juul : je ne suis ni l’ami ni le camarade de mes enfants et je ne le serai jamais. Les mots étant bien souvent plus que de simples mots, ils expriment ici aussi des rapports sociaux, « maman » et « papa » me semblent ainsi tout simplement plus naturels.

Il suffit de remonter une centaine d’années pour revenir à une période où les enfants appelaient leurs parents « Père » et « Mère ». Ces appellations subsistent d’ailleurs encore aujourd’hui dans une poignée de « bonnes familles ». L’ancien entraîneur du Bayern Munich, le Néerlandais Louis van Gaal, a ainsi fait la une des journaux il y a quelques années après avoir révélé dans une interview qu'il se faisait vouvoyer par ses filles. Pour Louis van Gaal, il s'agissait moins de créer une distance artificielle que d'exprimer une déférence.

Le fait est que la relation entre parents et enfants est asymétrique, même si, en tant que père, je m'efforce bien sûr de maintenir cette relation sur un pied d'égalité. Nos paroles reflètent d’ailleurs cette asymétrie. Ce n'est pas un hasard si l'on n'appelle pas ses enfants « fille » ou « fils », mais par leur prénom.

Bien sûr, je n’utilise pas « papa » pour parler de moi, je ne comprends de toute façon pas les gens qui parlent d’eux-mêmes à la troisième personne. Certains font pire à mes yeux en ajoutant à cette folie linguistique avec des phrases telles que : « Papa a dit qu'il n'y aurait plus de sucreries après le brossage des dents », mais c’est une autre histoire...

En fin de compte, mes enfants peuvent m'appeler comme ils le souhaitent. Nos relations deviennent bien sûr de plus en plus amicales au fur et à mesure qu’ils grandissent. Mais je serais ravi qu’à 16 ans, ma fille m’appelle et me dise : « Papa, tu peux venir me chercher, je viens de rater le dernier bus. »

Mais je me demande ce que vous en pensez et comment ça se passe dans votre famille. J’ai hâte de lire vos commentaires.