Eizo ColorEdge CG2700X
3840 x 2160 pixels, 27"
Pour une diagonale d’écran de 27 pouces, l’Eizos ColorEdge CG2700X est bien cher. Mais l’écran démontre lors du test une qualité d’image exceptionnelle et des fonctions bien pensées.
Si vous imprimez souvent des photos, le rendu des couleurs vous a sûrement joué plus d’un tour. Le moniteur est souvent à la source des erreurs entre le cliché original et le produit final, puisque s’il affiche mal une photo, l’impression sera complètement différente. Et s’il ne couvre pas suffisamment l’espace colorimétrique choisi, le traitement de l’image s’apparente à un travail à l’aveugle.
Mais tout ça, c’est fini grâce à l’Eizo ColorEdge CG2700X ! Son calibrage intégré élimine le besoin de manipuler des colorimètres et des logiciels de tiers. Le fabricant japonais promet en outre une qualité d’image qui répond aux exigences des professionnels. Forcément, le prix s’en ressent.
Est-ce que l’investissement en vaut la peine ? Je teste le moniteur au quotidien et pour l’impression haute fidélité.
Le CG2700X n’est pas franchement joli, c’est un gros bloc noir. Les bords autour de l’écran sont plutôt épais pour les standards actuels, ce qui s’explique en partie par la présence du capteur de calibrage sur la partie haute. Avec son pied rond, l’écran paraît un peu vieillot. Mais bon, Eizo préfère la fonction à la forme.
Rien à redire côté finitions et matériaux, l’ergonomie est fantastique. Je peux positionner le moniteur très haut ou très bas, l’incliner et le faire pivoter à 90°. La résistance des ressorts et des charnières est parfaitement réglée. Je n’ai qu’une seule réserve : le pied pourrait être plus solide. Le CG2700X tremble davantage et plus longtemps que d’autres modèles lorsque je me cogne contre la table.
Le pare-soleil aimanté inclus dans la livraison est génial. En similicuir avec un revêtement velours à l’intérieur, il se fixe à l’écran en quelques secondes. Il se replie de façon compacte lorsque vous ne l’utilisez pas. C’est bien pratique : je n’ai besoin du pare-soleil que pour vérifier des photos avant impression, je l’enlève pour travailler.
Tous les ports courants sont présents : DisplayPort, HDMI et USB-C. Ce dernier ne se contente pas de transmettre que l’image, il délivre jusqu’à 94 watts. Comme le CG2700X dispose d’un port Ethernet et de quatre USB-A, il constitue une station d’accueil idéale pour ordinateurs portables. Dommage qu’il soit impossible de brancher des périphériques par USB-C, c’est tout de même un peu étrange pour 2023.
Le rétroéclairage LED de l’Eizo CG2700X est lumineux : 501 cd/m² selon i1Display Pro. Les paramètres de l’écran permettent de définir des valeurs en pas de 1 cd/m², et elles sont correctes. La dalle IPS est éclairée de manière uniforme, la plus grande différence entre le centre et les coins est de 6 %. Le revêtement mat réduit efficacement les reflets. Si j’augmente la luminosité, j’arrive à bien travailler dans une pièce ensoleillée.
Je mesure un rapport 1:1450 pour le contraste, soit exactement ce que promet le fabricant et une bonne valeur pour une dalle IPS. Ce chiffre ne l’indique pas, mais l’Eizo CG2700X nuance parfaitement les valeurs tonales entre le blanc et le noir. Les écrans de jeu et de bureau présentent des faiblesses sur ces points. Leur courbe tonale est souvent en forme de S : les zones claires apparaissent plus claires et les zones sombres plus sombres. Les images ont l’air éclatantes à l’écran, mais ne peuvent pas être vérifiées avec précision pour l’impression. Le résultat final est décevant, car plus terne qu’à l’écran. Les calibrages logiciels ou les vues d’épreuves peuvent éliminer ce problème, mais apportent leur lot de difficultés.
C’est différent sur un bon moniteur graphique comme l’Eizo CG2700X : sa courbe des contrastes est linéaire et sans ruptures. On reconnaît donc les structures des zones claires et foncées. Les impressions ont exactement l’aspect prévu.
En matière de netteté, l’Eizo CG2700X ne fait ni mieux ni moins bien que les autres écrans 4K de cette taille. La densité de pixels est de 164 pixels par pouce (ppi), garantissant une image claire. Certains moniteurs, comme l’Apple Studio Display, affichent 218 ppi et sont donc encore plus nets. macOS est en outre conçu pour cette densité de pixels. Avec l’Eizo CG2700X, vous devrez rétrograder à un facteur d’agrandissement inférieur, mais les inconvénients ne sont pas énormes.
Quant à savoir si la diagonale d’écran est suffisante, cela dépend de vos préférences et de votre proximité avec l’écran. En ce qui me concerne, je me tiens à environ 1 mètre de l’écran et préfère que ce dernier fasse au moins 31 pouces. Dans cette taille, Eizo propose le CG319X, mais son prix est prohibitif pour la majorité des gens.
Espaces chromatiques, points blancs, courbes gamma... Si la simple mention de ces termes vous effraie, vous n’êtes pas seul. La gestion des couleurs est un sujet complexe. L’ordinateur doit interpréter un profil de couleur du fichier image et le transmettre à l’écran. Celui-ci transforme le signal en ce que vous voyez. Si vous envoyez cette image à l’imprimante, cette dernière convertit à nouveau les valeurs des couleurs en un autre format. L’encre prend un aspect différent en fonction du papier, et le rendu varie selon la luminosité. Chacune des étapes est susceptible de mal se dérouler.
Je connais peu de photographes qui y comprennent un traître mot. Même moi, ça me donne mal au crâne. L’Eizo CG2700X est un véritable don du ciel. Il élimine la variable du moniteur sans que j’aie à m’en occuper : l’appareil se calibre lui-même à l’appui d’un bouton grâce à un capteur intégré. Il enregistre le profil final dans son hardware et non dans le système d’exploitation. Les couleurs restent fidèles si j’en change.
Une certaine maîtrise de la gestion des couleurs reste utile, car je peux ajuster moi-même les paramètres cibles pour le calibrage dans le logiciel « ColorNavigator » d’Eizo. Un tutoriel détaillé serait de trop ici, mais voici quelques principes de base.
Une fois les paramètres choisis, je peux calibrer le moniteur. Pour ce faire, le CG2700X déploie son capteur intégré, mesure plusieurs champs de couleur en deux petites minutes et adapte son profil. Et tout ça, en totale autonomie ! C’est beaucoup plus pratique qu’avec des colorimètres externes qu’il faut ressortir, brancher et placer correctement sur l’écran à chaque fois.
Un calibrage sortie d’usine n’est pas nécessaire, Eizo s’en est chargé. Mais un moniteur peut évoluer avec le temps. ColorNavigator propose donc 170 heures de fonctionnement avant le recalibrage de l’écran. Tant que l’écran est branché, il s’en occupe automatiquement sur demande, et même sans être raccordé à l’ordinateur.
La sélection d’un espace colorimétrique n’apporte quelque chose que si le moniteur le couvre correctement. L’Eizo s’en tire à la perfection ou presque : sRGB 100 %, Rec709 100 %, AdobeRGB 99 % et DCI-P3 98 %. Pas besoin de modifier l’image à l’aveugle, l’écran affiche tout ce que renferme mon fichier.
L’exactitude des couleurs est sensationnelle. J’imprime plusieurs photos avec l’Epson SC-P900 sur du papier FineArt de Hahnemühle. À la lumière du jour, les couleurs du résultat final sont pratiquement similaires à celles affichées sur l’écran. Cela m’évite d’avoir à faire plein d’essais, étape hélas indispensable sur des écrans moins performants.
La prise en main d’Eizo me plaît beaucoup, le menu réagit vite. Il est concis, mais propose tout de même tous les paramètres vitaux. Comme sa structure est logique, je m’y retrouve tout de suite. La commande s’effectue par le biais de touches tactiles à droite sous l’écran. Normalement, je déteste les commandes tactiles, mais celle-ci fonctionne impeccablement. Deux touches raccourcis sont dédiées au signal entrant et au choix du profil de couleur ; si seulement tous les moniteurs en faisaient autant...
Pour les autres options, direction le logiciel ColorNavigator. Là aussi, Eizo signe un sans-faute. L’outil est bien organisé et les préréglages sont bien trouvés. Les débutants réussiront sans peine le calibrage, tandis que les experts pourront effectuer des réglages plus pointus.
Exemple : un papier en fibres naturelles comme le bambou Hahnemühle a un coloris plus chaud que mon moniteur dans son réglage standard. Si j’imprime une photo dessus, elle semblera décolorée. Je peux heureusement corriger ces écarts dans ColorNavigator. Pour ce faire, je tiens la feuille à la lumière du jour et j’ouvre les paramètres avancés. Je peux régler le point blanc du moniteur jusqu’à ce que la couleur corresponde à celle de mon papier. Mon écran affiche alors un aperçu précis de l’impression.
L’Eizo CG2700X est un écran sophistiqué jusque dans les moindres détails. Il affiche correctement les photos et se commande facilement. Cela peut paraître anodin, mais c’est un combo unique en son genre.
La qualité de l’image est au-dessus de tout soupçon. La représentation parfaite des dégradés de valeurs tonales permet de vérifier les nuances minimes de luminosité et les structures. On retrouve cette précision au niveau des couleurs : le CG2700X couvre tous les espaces chromatiques majeurs et les reproduit sans divergences. La densité de pixels est d’actualité avec 164 ppi.
BenQ, Asus et Dell proposent aussi des moniteurs avec une bonne qualité d’image, mais aucun n’arrive à la cheville du CG2700X. En matière de convivialité, Eizo joue dans une tout autre ligue. Grâce au calibrage interne du CG2700X, je n’ai pas besoin de me débattre avec des colorimètres et des logiciels tiers médiocres. L’écran se charge de tout ! Le ColorNavigator est un outil limpide qui permet tout de même des réglages extrêmement précis. La commande physique du moniteur me paraît tout aussi exemplaire.
L’esthétique est le seul point négatif pour moi : les larges bords et le pied rond du CG2700X paraissent un peu obsolètes. En revanche, rien à redire sur la finition, l’ergonomie et les ports à disposition. Le moniteur est une véritable station d’accueil grâce à l’USB-C et il fournit assez d’électricité pour un MacBook Pro ou d’autres appareils similaires. J’adore aussi le pare-soleil aimanté qui se fixe facilement et ne prend pas de place une fois replié.
Tous ces détails distinguent clairement l’écran Eizo de ses concurrents. Et ça, ça a forcément un prix. Pour un moniteur de bureau, le CG2700X n’en vaut pas la peine et il ne conviendra pas au gaming. En revanche, son prix est parfaitement justifié pour les photographes et les graphistes qui ont besoin d’un rendu fidèle des couleurs.
Photo d’en-tête : Samuel BuchmannMon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse.