Bonne nouvelle, la Nintendo Switch 2 est « juste » plus grande et plus puissante

Après des mois de rumeurs et de spéculations, Nintendo a enfin présenté la Switch 2 officiellement le 16 janvier. Certaines personnes sont déçues de la courte et sobre vidéo et du fait que la Switch 2 n’est qu’une Switch plus grande et plus puissante. Pas de gadgets extraordinaires, pas d’innovation considérable.

Je comprends cette déception, et pourtant j’ai confiance en l’avenir des consoles Nintendo. En effet, la Switch 2 n’est pas une révolution destinée à bouleverser le marché du jeu vidéo, comme l’étaient la Wii et la première Switch. Elle constitue plutôt une continuation perfectionnée du concept de la console portable.

Nintendo ne prend pas de grands risques pour la prochaine génération de consoles, et ce n’est pas plus mal !

Les erreurs de la Wii U à ne pas refaire

La raison de la communication sobre de Nintendo pour dévoiler sa nouvelle console trouve probablement ses origines dans le désastre de la Wii U en 2011. Nintendo était alors confronté à une situation similaire. Avec plus de 100 millions d’unités vendues, la Wii a été un énorme succès. Pour lui succéder, la Wii U a été lancée en septembre 2010.

Nintendo avait présenté la nouvelle génération de consoles avec une bande-annonce déroutante qui se concentrait trop sur la nouvelle console-tablette et sur les trop (!) nombreuses fonctions gadgets qui l’accompagnaient :

Les acheteurs et acheteuses potentielles ne savaient pas trop ce que Nintendo voulait leur vendre. S’agissait-il d’une tablette pour remplacer une manette de Wii ou une version rafraichie de la Wii ? Le nom « Wii U » n’a pas non plus aidé. Ajouter une lettre au nom de la console rend la communication encore plus ambiguë.

Au bout du compte, la Wii U a été l’un des plus gros flops de l’histoire de Nintendo qui a vendu seulement 13,5 millions d’unités.

La bande-annonce de la Switch 2, elle, ne tombe pas dans le même piège. Nintendo nous fait comprendre que la Switch 2 est une évolution de la première Switch. Elle est plus grande, plus performante et plus jolie, agrémentée de quelques fonctionnalités en plus comme le capteur optique.

Le nom est aussi sans équivoque. Il ne s’agit pas d’une version intermédiaire de la Switch, mais bel et bien d’une véritable console d’une nouvelle génération. Après l’énorme succès de la Switch (près de 150 millions d’unités vendues), Nintendo ne veut pas prendre à nouveau le risque d’un méga-flop.

Je n’en demande pas plus

Avec cette stratégie, Nintendo vise en plein dans le mille. Personnellement, je n’espérais rien de plus qu’une Switch plus grande et plus rapide, et je partage cette opinion avec un grand nombre de fans.

Je me souviens bien du lancement de la Switch, en 2017. À l’époque, j’ai eu un vrai coup de cœur pour le concept de console portable hybride. Jouer à mes jeux préférés sans compromis en déplacement comme à la maison ? Incroyable ! Ma fascination initiale s’est estompée avec le temps, entre autres parce qu’au lancement de la PS5 et de la Xbox Series X/S, le fossé des performances graphiques s’est encore creusé entre ces dernières et la Switch.

Au niveau technologique, la Switch était déjà dépassée lors de son lancement, et année après année, je l’ai ressenti de plus en plus fortement à travers des jeux saccadés et flous. Ces dernières années, j’ai de moins en moins l’impression de pouvoir jouer à des jeux de console en déplacement sans faire de concessions. Les jeux étaient pleins de compromis techniques pour pouvoir tourner sur le matériel vieillissant.

Avec la mise à niveau des performances attendue avec la Switch 2, Nintendo peut raviver la flamme que j’ai ressentie en 2017.

Il nous faut plus d’informations

Lors du Nintendo Direct déjà annoncé pour le 2 avril, Nintendo devra mettre les bouchées doubles. Ils doivent confirmer les attentes que les fans ont depuis la première bande-annonce et nous convaincre que la Switch n’est pas seulement physiquement plus grande et plus belle, mais qu’elle a aussi nettement plus de puissance sous le capot.

Les jeux présentés lors du Direct doivent faire comprendre sans équivoque qu’ils n’auraient pas pu tourner sur l’ancien matériel. Si ce n’est pas le cas, ça ne passera pas.

Mais j’ai confiance. Contrairement au chipset obsolète de NVIDIA de la Switch 1, la Switch 2 intégrera une technologie moderne pour des graphismes impressionnants même en mode portable. Digital Foundry avait déjà simulé l’année dernière ce qui pourrait être possible avec le nouveau processeur T239.

Pas de concurrente à l’horizon

Si l’on regarde les 20 dernières années de l’histoire de Nintendo, la stratégie conservatrice de la Switch « plus grande et plus puissante » semble quelque peu paradoxale. En effet, cela fait longtemps que Nintendo s’est retiré du marché très concurrentiel des consoles high-tech pour poursuivre la stratégie dite océan bleu.

Le principe de la stratégie océan bleu est de quitter les marchés qui deviennent trop concurrentiels (océans rouges) et de créer son propre marché sans compétition directe, le but étant de se concentrer sur le développement de produits innovants et sur de nouveaux publics cibles au lieu d’investir ses ressources dans une avancée technologie coûteuse.

C’est exactement ce qu’ils ont fait en 2017 avec la Switch. Avec son concept hybride de console portable, Nintendo s’est ouvert un tout nouveau marché, tout en continuant de nager dans l’océan rouge très concurrentiel de PlayStation et de Xbox. Et ils ont réussi ce tour de force avec du matériel archaïque.

Depuis le lancement de la Switch, le marché des jeux vidéo a toutefois changé. De plus en plus de gameuses et gameurs PC adoptent les consoles portables plus puissantes qui grappillent des parts de marché et empiètent sur le territoire des consoles portables de Nintendo. L’océan bleu que Nintendo s’est créé est-il en passe de devenir rouge ?

Je crois que non. Malgré le nombre croissant de mini-PC de jeux portables, aucun fabricant n’a su reproduire le concept hybride de la Switch. Les consoles PC portables sont trop complexes et trop chères pour la majorité des gens. Plutôt que de voler des parts de marché à Nintendo, elles bataillent dans un nouvel océan rouge de consoles portables non hybrides.

Le Steam Deck, la plus abordable et la plus conviviale des consoles portables PC, est réduit à l’insignifiance commerciale par rapport à la Switch. Selon les estimations, l’appareil ne s’est vendu qu’à cinq millions d’exemplaires depuis son lancement en 2022. Ce ne sont même pas 4 % des membres de la communauté active de Steam.

Pour l’instant, Nintendo ne doit pas nécessairement se faire du souci et se chercher un nouvel océan bleu. L’entreprise au plombier italien a tout intérêt à continuer de perfectionner son concept dans une catégorie où elle règne en maîtresse.

Regard vers l’avenir et Switch 3

Au vu des vents favorables qui soufflent dans les voiles de Nintendo sur son paisible océan bleu, il est logique de présenter une nouvelle Switch « juste » plus grande et plus puissante. Le marché des hybrides est encore plein de ressources.

Si Sony et Microsoft décidaient de se lancer sérieusement dans le secteur des consoles portables, j’y verrais une véritable concurrence. Ce n’est d’ailleurs qu’une question de temps. Microsoft a déjà confirmé être en train plancher sur une console portable Xbox, mais selon le chef Xbox Phil Spencer, il faudra encore attendre « des années ». Et chez Sony, des rumeurs de plus en plus insistantes laissent entendre que l’entreprise travaille également sur une PS5 portable.

Si Sony et Microsoft décident d’aborder la prochaine génération gaming avec des consoles mobiles hybrides, Nintendo aura un problème. Au plus tard avec la Switch 3, l’entreprise devra dire adieu au marché créé en 2017 et voguer vers de nouveaux horizons.

Mais nous n’en sommes pas encore là. En attendant, j’ai grand-hâte d’avoir la Switch plus grande et plus puissante entre les mains. Espérons qu’elle sorte bientôt.