Les bons soins pour votre hygiène intime
Vous cherchez les produits adaptés à votre toilette intime ? Il en faut bien moins que ce que vous pensez.
« Quelle est la blague la plus courte ? Celle qui est déjà terminée. » Je pourrais aussi abréger mon article comme ceci : « Quelle est la meilleure toilette intime ? Rincer avec de l’eau. »
Mais comme un sujet de santé important ne peut pas être résumé en deux phrases, voici des faits sur les parties intimes chez la femme et chez l’homme, et des soins adaptés à cette zone.
L’acide naturel de la zone intime féminine
Le microbiome de la peau est composé d’un grand nombre de bactéries, de champignons et de virus. Leur habitat est le manteau protecteur acide, un film protecteur composé de sueur et de graisses cutanées avec un pH acide d’environ 5,5.
Quant au pH vaginal, il est d’environ 3,8 et il est produit par des bactéries lactiques antimicrobiennes. Ces lactobacilles protègent le vagin des autres bactéries et champignons, éliminés par l’acide, et préservent ainsi l’équilibre de la microflore vaginale.
Mais gare aux douches et aux utilisations de savon. Les lotions pour la toilette intime, les mousses, mais aussi les crèmes dépilatoires et même les douches vaginales à l’eau détruisent le milieu protecteur.
Se laver trop souvent nuit à la santé
Des études le confirment : les vaginoses bactériennes, ou même les infections vaginales à levures, peuvent être déclenchées par un nettoyage excessif ou par des savons, ou des gels douche qui irritent la flore vaginale. Une étude canadienne de 2018 a montré que les gels hydratants, les crèmes, les lingettes humides, les savons, les suppositoires et les sprays n’avaient rien à faire dans cette région du corps : chez les participantes qui utilisaient de tels produits, on a constaté une probabilité 3,5 fois plus élevée d’infection bactérienne et 2,5 fois plus fréquente d’infections urinaires.
Selon cette étude, les rinçages vaginaux réguliers augmentent le risque d’infection par le HPV de 26 pour cent, et même de 40 pour cent pour l’infection par le virus cancérigène HPV. Et cette étude américaine a démontré une augmentation jusqu’à 50 pour cent du risque de cancer de l’ovaire chez les femmes qui pratiquent des lavages vaginaux.
Quand le mécanisme d’autonettoyage vaginal suffit
D’où la recommandation de ne pas laver le vagin, de ne pas le rincer (ni avec de l’eau ni avec du vinaigre de cidre, encore moins avec du yaourt) et de ne pas le traiter avec d’autres produits de soin. Il contient des muqueuses, donc il vaut mieux le laisser en paix puisqu’il s’agit d’un organe autonettoyant.
Les pertes vaginales, environ 5 millilitres chaque jour, sont d’ailleurs un signe de ce processus d’autonettoyage. Dans son livre Unverschämt, la gynécologue Sheila de Liz appelle les pertes vaginales « un petit post-it de notre vagin », un message qui nous dit que tout va bien ou que les bactéries dans le milieu vaginal sont tout à fait satisfaites. Tant que ces pertes ne démangent pas, n’ont pas de mauvaises odeurs, ne sont pas friables ou verdâtres alors tout va bien.
La vulve, c’est-à-dire la partie intime extérieure, n’a pas besoin non plus de grand-chose pour devenir ou rester propre. Il est préférable de laver la peau autour des lèvres à l’eau chaude. Là encore, pas besoin d’utiliser du gel douche ou des lotions spéciales pour la toilette intime. Bien au contraire : Öko-Test en a testé un grand nombre en 2022, la majorité des produits ont échoué. En effet, ils contenaient des substances nocives qui « peuvent irriter les muqueuses ou la peau, s’accumuler dans les tissus adipeux ou déclencher des allergies. Ce qui pose particulièrement problème, c’est que l’essai a révélé la présence de lilial, une substance soupçonnée de nuire à la fertilité ».
Bien sûr, tout est dans la tête, notamment la question de savoir à quel point vous vous sentez propre en bas. Mais si l’eau ne vous suffit vraiment pas alors utilisez une très petite quantité de solution lavante douce pour votre zone intime externe : c’est-à-dire un savon dermatologique au pH neutre, non parfumé et dont le pH est de 5,5, ce qui correspond à la couche protectrice acide de la peau.
L’hygiène intime masculine
La même formule vaut pour la zone intime masculine : le strict minimum suffit. Utilisez simplement de l’eau chaude. La dermatologue Yael Adler en explique les raisons dans son livre Dans ma peau : « La sueur, la poussière et les cellules mortes sont parfaitement solubles dans l’eau. Mais nous voulons en fait conserver notre propre graisse cutanée, que notre épiderme met quatre semaines à fabriquer en y consacrant beaucoup de temps, et en aucun cas la nettoyer avec des savons. »
Il est certes recommandé de laver l’appareil génital masculin tous les jours pour éliminer la sueur, les squames, les résidus d’urine et de sperme, et parfois les bactéries, mais c’est justement sous le prépuce qui, comme le vagin et la bouche, est constitué de muqueuses, que vous avez meilleur temps de renoncer aux savons agressifs, pour le bien de votre peau.
Quand le smegma peut-il devenir dangereux pour la santé ?
L’important est plutôt de remonter le prépuce lors du lavage afin d’évacuer les dépôts qui se trouvent en dessous. Non seulement ce soi-disant smegma a une odeur désagréable, mais il constitue également un risque de cancer du pénis. Bien qu’il s’agisse d’une maladie rare, le cancer du pénis est difficile à traiter et le manque d’hygiène est l’un des facteurs déclencheurs. Autrement dit, lorsque le prépuce n’est pas régulièrement débarrassé du smegma. « Les résidus de smegma peuvent alors favoriser l’apparition d’un cancer du pénis », écrit l’hôpital cantonal de Winterthour.
Il en va de même pour les hommes et pour les femmes : vous pouvez vous laver autant que vous le voulez, votre odeur intime individuelle restera. C’est à travers les glandes sudoripares apocrines, ou glandes odorantes que les êtres humains dégagent leur propre parfum. Les glandes odorantes sont situées dans la région intime, sous les aisselles et autour des mamelons. Contrairement aux glandes sudoripares eccrines, elles ne sécrètent pas de sueur en cas d’effort physique ou de chaleur, mais des substances chimiques (phéromones) qui confèrent une odeur bien particulière à chacun·e d’entre nous. Vouloir faire disparaître cette odeur de glande odorante propre au corps est contre-productif, voire impossible, explique la dermatologue Yael Adler : « Les glandes odorantes reproduisent constamment leurs essences corporelles (...) et poussent les personnes concernées dans un cercle vicieux de lavage et de démangeaisons, et finalement, désespérées, chez le médecin. »
La peau est aussi sensible derrière
Une autre région intime peut rapidement réagir à des lavages trop fréquents qui provoquent des démangeaisons : l’anus. L’experte Yael Adler explique à ce propos : « Au niveau de notre sphincter, la peau et la muqueuse se rejoignent et se fondent l’une dans l’autre. Les replis de peau externes peuvent être perturbés par les résidus de savon qui se déposent dans leurs fissures. L’air ne passe pas dans ces replis et toutes les substances irritantes du savon s’incorporent aussi dans la peau. Les conséquences sont des démangeaisons pouvant aller jusqu’à l’eczéma anal et des infections fongiques ou bactériennes. »
Les personnes qui se lavent cette région avec du savon doivent donc impérativement rincer à grande eau afin d’éliminer tous les résidus de savon de cette zone sensible de la peau. La zone anale peut également être nettoyée à l’aide d’une douche spéciale. Notre collègue Natalie a essayé le bidet protable.
En revanche, vous devriez renoncer aux gants de toilette pour nettoyer vos parties intimes ou les utiliser une fois maximum et les laver à 60 degrés. En effet, ils peuvent être de véritables nids à microbes et dérégler la flore anale sensible.
Comme je l’ai dit : moins on en fait, mieux c’est.
Photo d’en-tête : shutterstockJ'aurais pu devenir enseignante, mais je préfère apprendre plutôt qu'enseigner. Jour après jour, j'apprends grâce aux articles que je rédige. J'aime particulièrement les thème de la santé et de la psychologie.