En coulisse

Les parfums de Patrick : « Oud Wood » de Tom Ford a deux problèmes

Un parfum est une œuvre d'art, les parfumeurs et parfumeuses sont des artistes et je suis un collectionneur de leurs créations. « Oud Wood » de Tom Ford est fantastique, mais présente deux inconvénients.

C'était encore un de ces moments. Cela doit faire environ six mois. Je n'ai pas pu résister et je suis entré dans ma parfumerie préférée. J’allais faire un tour rapide du magasin et peut-être prendre un ou deux échantillons. C'était en tout cas le plan. Puis, je suis rentré chez moi avec 30 millilitres de « Oud Wood » de Tom Ford, de sa collection Privat Blend. Après cet achat impulsif et complètement superflu, j’ai oublié le flacon de parfum dans un tiroir.

Le problème avec « Oud Wood » de Tom Ford

Il y a quelques semaines, j'ai déménagé et en déballant une caisse, je suis tombé sur le flacon encore dans son emballage. C’était le bonheur. Mais ce dernier a rapidement cédé la place à la désillusion, ou à la déception plutôt. Car le premier hic avec « Oud Wood », c’est qu’il ne tient pas longtemps, du moins sur ma peau. Le parfum s’en évapore aussi vite qu’un chevreuil pendant la saison de la chasse. Trois, deux, un, il est parti et ne reviendra plus. Cela m'avait échappé lorsque je l’ai testé en parfumerie.

Deuxième hic : « Oud Wood » de Tom Ford ne contient pas d'oud naturel. Ce n’est pas moi qui le dis, mais le youtubeur ci-dessous qui se spécialise dans les critiques de parfums : À près de 150 francs pour 30 millilitres, je me sens arnaqué par Monsieur Ford, ou plus précisément par la société Estée Lauder, à laquelle la marque appartient depuis de nombreuses années. À ce prix, je m’attends à de l’oud naturel, sans cela, la marque doit songer à baisser le prix.

Que sent l’oud ?

C’est une odeur aussi intense qu’elle est polarisante : soit vous l’aimez, soit vous la détestez. Il n’y a pas de juste milieu. Il est animal et sexy, avec une note chaude et boisée. Les parfums contenant ce précieux ingrédient doivent d'ailleurs être appliqués de préférence sur la pomme d'Adam. En effet, la vibration provoquée par la parole génère de la chaleur, ce qui rend le parfum plus intense.

Tradition orientale

En Orient, l'oud est une matière première convoitée depuis 2000 ans déjà. Il est obtenu à partir de la résine du bois aquilaria malaccensis, essence originaire d'Asie du Sud-Est, et n'est produit que lorsque l'arbre est attaqué par un champignon spécial. L’arbre se protège alors en sécrétant une résine odorante. C'est de ce bois imprégné de résine que provient le précieux oud, qui peut coûter plusieurs dizaines de milliers de francs le kilo. Selon l'âge et l'habitat de l'arbre, le parfum peut varier considérablement.

Bâtons de bois d’aquilaria malaccensis, également appelé bois d’Aloes ou bois d’aigle de Malacca. Shutterstock.
Bâtons de bois d’aquilaria malaccensis, également appelé bois d’Aloes ou bois d’aigle de Malacca. Shutterstock.

Mode occidentale

L'engouement pour l’oud a commencé il y a 20 ans. Du moins chez nous, en Occident. En 2002, « M7 » d'Yves Saint Laurent est sorti sur le marché et a été lancé avec une campagne publicitaire très remarquée mettant en scène un homme nu. Le designer derrière « M7 » est Tom Ford.

En 2007, le créateur de mode a ensuite lancé le parfum « Oud Wood » dans le cadre de sa collection Tom Ford Private Blend. Il a fait appel pour cela à Richard Harpin, qui avait déjà créé des parfums pour Calvin Klein ou Ralph Lauren.

Le créateur de mode Tom Ford en 2016 au Festival du film de Venise. Shutterstock.
Le créateur de mode Tom Ford en 2016 au Festival du film de Venise. Shutterstock.

De l’oud à perte de vue

Récemment, je suis retourné dans ma parfumerie préférée pour humer le parfum « Oud Wood Intense » de Tom Ford, dans l'espoir que ce parfum tienne plus longtemps sur ma peau. Or ce n'était pas le cas. En outre, je n'aime pas du tout la version intense. Pour moi, il sent trop le cuir et en plus, il coûte plus cher que « Oud Wood ».

Ah et je suis aussi reparti avec 30 millilitres de « Tobacco Oud Intense » de Tom Ford. Je crois que mon cas est désespéré.. Mais c'est une autre histoire.

Je m'appelle Patrick. Bardelli, pas Süsskind. Comme l'auteur du roman « Le parfum ». Néanmoins, je suis aussi fan de parfums et j'écris régulièrement ici sur les bonnes et les mauvaises odeurs. Si vous me suivez en tant qu'auteur, vous en serez informé par e-mail dès la publication de l’article.

Cet article plaît à 28 personne(s)


Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • En coulisse

    Les parfums de Patrick : l’oud, soit vous l’aimez, soit vous le détestez

    par Patrick Bardelli

  • En coulisse

    La marque en passe d’être la plus appréciée de toutes

    par Laura Scholz

  • En coulisse

    Les parfums de Patrick : « Stronger With You Intensely » d'Emporio Armani

    par Patrick Bardelli

Commentaire(s)

Avatar