L’IA, une chance : revalorisation des « vrais » emplois et disparition des « bullshit jobs »

Quand vous pensez IA, vous pensez probablement à ChatGPT, Google Bard, DALL-E, Midjourney ou d’autres outils. L’IA recoupe toutefois bien plus aujourd’hui. Et rares sont les personnes qui comprennent comment l’utiliser à bon escient ou qui en connaissent les dangers. Je ne parle pas de scénarios à la Terminator.

Quelles activités peut-on confier à l’IA ?

L’intelligence artificielle est d’ores et déjà en mesure de nous remplacer dans l’exécution de tâches répétitives ou de travaux administratifs. Ainsi, elle se chargera peut-être bientôt de garer les voitures des client·es dans les hôtels de luxe ou gèrera seule des guichets. Nous n’aurons alors plus besoin de passer des heures dans un espace réduit ou de faire des allers-retours incessants dans des parkings étroits.

Elle sait également résoudre des problèmes plus complexes de bout en bout, faire preuve de logique et faire bouger les choses dans la production. Correctement intégrée, l’IA peut donc nous assister dans la création et la gestion de processus complets. Un tel système pourrait, par exemple, scanner un aéroport entier et calculer le temps nécessaire pour traverser l’aéroport et embarquer. Il pourrait aussi vous guider via votre smartphone (ou des lunettes de réalité augmentée) et vous indiquer le meilleur itinéraire jusqu’à votre destination, qu’il s’agisse de la porte d’embarquement, du bistrot ou des toilettes.

L’IA peut également prendre en charge le chargement et le déchargement de la soute, afin d’éviter que vos valises ne soient malmenées. En bref, dès lors que de nombreuses données entrent en jeu, l’IA peut aider.

L’IA pourrait redonner de la valeur au « vrai » travail

Si nous laissions l’IA nous seconder plus souvent, moins de personnes occuperaient des postes répétitifs. Cela pourrait signer la renaissance des « vrais » emplois. Celles et ceux qui frisaient le bore-out (épuisement professionnel par l’ennui) au bureau pourraient à nouveau s’épanouir dans leur travail. Peut-être dans l’artisanat, par exemple en tant que chef·fe de cuisine ou menuisier·ère. Ce sont des emplois dans lesquels l’IA ne peut actuellement pas remplacer les êtres humains et créer des étagères sous-pente ou préparer de délicieux repas. L’artisanat apporte des avantages concrets à la clientèle, mais aussi aux personnes qui effectuent ces tâches.

En effet, créer quelque chose de ses propres mains est sans doute plus gratifiant que de passer des journées, voire des semaines, à peaufiner des diapositives PowerPoint.

Comment tirer parti de l’IA ? Quels sont les écueils à éviter ?

L’être humain est de nature feignante. Ainsi, tout ce qui peut nous faciliter la vie est bienvenu. Or, à vouloir en faire le moins possible, on oublie aussi de réfléchir. Prenons l’exemple de ChatGPT.

Vous avez besoin d’écrire quelque chose ? Demandez à ChatGPT. Si plus personne n’écrit, cela va finir par poser un énorme problème dans la communication humaine. ChatGPT n’a pas de retour, il ne sait pas comment ses textes sont reçus, comment une personne les comprend, les interprète et si elle les trouve utiles. Sans compter que ChatGPT ne fait que s’appuyer sur des contenus déjà existants ; en général, créés par des humain·es. Et ce que l’outil invente est en partie erroné, voire tout simplement mensonger. Dans la recherche, on parle du phénomène des hallucinations de l’IA.

Vous pouvez utiliser ChatGPT comme source d’inspiration, comme assistant ou pour apprendre. C’est un outil qui peut vous faire gagner du temps et vous aider à vous lancer. Vous pourrez ainsi vous améliorer, acquérir plus de connaissances et utiliser l’IA à votre avantage.

Comme les marteaux, tout dépend de l’utilisation qu’on en fait. Ces deux outils, le marteau et ChatGPT, peuvent faire autant de bien que de mal.

Quels sont les risques ?

L’IA présente malheureusement un désavantage significatif dans le domaine de la connaissance. L’information est certes traitée et retraitée, mais jamais recréée. On n’obtient finalement que des répétitions et des références à ce que l’on connait déjà. Les informations sont interpolées et recyclées des milliers de fois, sans nouvelles connaissances et sans valeur ajoutée. Je parle de ce problème plus en détail ici :

Plus on avancera, plus il deviendra difficile de trouver des informations pertinentes. La moindre info est noyée dans un océan de données insignifiantes. On en voit déjà les conséquences aujourd’hui. L’économie de la création de contenu est en plein boom, mais nombre de celles et ceux qui travaillent dans ce domaine ne font presque que recycler des contenus existants.

L’intelligence artificielle va changer le monde

En résumé, si l’on se mettait à utiliser l’IA de façon pertinente, des personnes pourraient y perdre leur emploi. On ne sait pas exactement quels emplois sont concernés, bien qu’il existe des pronostics, notamment ceux du Forum économique mondial, publiés en début d’année 2023. Un modèle semble se dégager : plus les données jouent un rôle important dans l’emploi, plus il est probable que l’IA entre en jeu. Cela vaut également pour les tâches monotones et répétitives comme les travaux administratifs.

En revanche, l’IA ne remplacera pas les humain·es de sitôt pour les métiers créatifs et manuels. Les menuisier·ères, les cuisinier·ères, les coiffeur·ses ou les jardinier·ères n’ont donc rien à craindre. On aura également toujours besoin de personnel de soin pour les personnes âgées ou d’animateur·rices dans les jardins d’enfants. L’IA rendra peut-être enfin ces métiers essentiels plus attrayants, mieux reconnus socialement et mieux rémunérés.

On pourra alors dire que l’IA aura effectivement rendu le monde meilleur. Et c’est tout ce que l’on souhaite, n’est-ce pas ?