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Mesure du CO₂ : atouts et limites des différents appareils

Martin Jungfer
25/10/2023

Il existe des appareils de mesure du CO₂ dans toutes les catégories de prix. Les exemplaires bon marché ne mesurent pas nécessairement moins bien. Mais les plus chers sont souvent plus précis et offrent d’autres avantages dans la lutte contre le mauvais air.

S’il y a une chose que la pandémie nous a apprise, espérons-le, c’est que les virus et les bactéries s’accumulent particulièrement à l’intérieur et que le risque de contagion est accru, surtout si l’air est vicié. Cela signifie, pour simplifier, que l’air contient une forte proportion de dioxyde de carbone, donc de l’air qui a déjà été respiré par de nombreux poumons.

Certes, la politique avait déclaré à un moment donné la fin de la pandémie de Corona. Néanmoins, pour se protéger des maladies transmises par les virus, il faut éviter les pièces mal aérées. Là où il y a de l’air frais, vous contractez jusqu’à 63 % moins rapidement des maladies et vous pouvez en outre beaucoup mieux vous concentrer, c’est ce que suggère entre autres une étude de l’Empa, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche, réalisée dans des salles de classe des Grisons. Une étude menée par Harvard Research parvient à des conclusions similaires.

Mais comment savoir si l’air est bon dans une pièce ? Bien sûr, vous pouvez souvent sentir l’air vicié. Il suffit d’aller dans une salle de réunion où les personnes ont déjà travaillé pendant des heures auparavant. Mais lorsque vous êtes vous-même dans une telle réunion, vous ne remarquerez pas la dégradation de l’air. C’est là qu’interviennent les capteurs de CO₂. J’en ai testés plusieurs au cours des derniers mois.

Sensirion : petit mais costaud

L’appareil de mesure de Sensirion est le plus petit de mon petit essai. Il coûte un peu moins de 60 francs suisses ou euros (état : octobre 2023) et est aussi grand que mon pouce. Le peu de courant – 200 mA exactement – dont il a besoin, il le tire via USB. Vous pouvez utiliser le capteur Sensirion partout où vous avez un port USB, par exemple sur votre ordinateur portable, ou sur n’importe quelle simple prise de charge USB.

D’un point de vue technique, l’appareil Sensirion contient une carte électronique relativement simple avec une LED et un capteur de qualité de l’air, que le fabricant appelle SCD41. En fonction de la concentration de CO₂ mesurée dans l’air ambiant, la LED s’allume :
*vert entre 400 et 1000 ppm CO₂ ;

  • jaune entre 1001 et 1600 ppm et
  • rouge à plus de 1600 ppm.

Il est ainsi possible de reconnaître visuellement, très rapidement et facilement, le bon moment pour aérer, à savoir lorsque la couleur est jaune ou rouge.

Prise USB plus multiprise : comme le capteur Sensirion ne reçoit du courant que par USB-A, il faut un peu d’ingéniosité pour ne pas l’utiliser directement sur un ordinateur portable.
Prise USB plus multiprise : comme le capteur Sensirion ne reçoit du courant que par USB-A, il faut un peu d’ingéniosité pour ne pas l’utiliser directement sur un ordinateur portable.
Source : Martin Jungfer

En outre, le circuit imprimé comporte également un module Bluetooth à faible consommation d’énergie (BLE). Ainsi, toutes les quelques secondes, les données de mesure sont transmises de l’appareil à l’application « My Ambience » de Sensirion sur le smartphone. Dans l’application (Android et iOS), vous pouvez ensuite afficher l’évolution de la concentration de CO₂ sous forme de diagramme linéaire.

Dans l’application « My Ambience », les données du capteur Sensirion sont affichées au fil du temps.
Dans l’application « My Ambience », les données du capteur Sensirion sont affichées au fil du temps.
Source : Martin Jungfer

Si nécessaire, les données peuvent également être lues via l’API. D’autres capteurs peuvent aussi être affichés dans l’application. Sensirion, une entreprise suisse basée à Stäfa, propose par exemple d’autres capteurs environnementaux qui mesurent le formaldéhyde, le gaz et l’humidité. Ces capteurs peuvent être utilisés pour les appareils Raspberry, par exemple. Sensirion fournit aux personnes intéressées une bonne documentation, entre autres via GitHub.

Conclusion : un capteur aux multiples possibilités

Le capteur de CO₂ est pratique, car la LED indique de manière simple et compréhensible la qualité de l’air. Pour l’utiliser au bureau ou dans une salle de classe, il suffit de le brancher sur le port USB de l’ordinateur portable pour que tout le monde voie ce qui se passe. De plus, l’application permet d’effectuer des mesures sur de longues périodes et de lire les données. Seul inconvénient : le port USB pourrait disparaître à plus ou moins long terme et être de plus en plus supplanté par l’USB-C ; le capteur Sensirion ne convient plus aux nouveaux MacBook, par exemple.

Aranet 4 Home : l’appareil autonome et endurant

Avec un prix de plus de 150 francs suisses ou euros, l’Aranet 4 est un capteur plutôt cher, mais il peut aussi faire beaucoup. Il séduit surtout par son autonomie quasi infinie. Une fois équipé de deux piles LR6/AA, cet article produit par une entreprise lettone fonctionne pendant des mois.

Dans la version « Home », que j’utilise quotidiennement, le petit écran E-Ink fournit des indications sur la température, l’humidité et le CO₂. La valeur relative à la teneur en dioxyde de carbone est représentée presque trois fois plus grande que les autres. Sous l’écran, il y a une échelle de couleurs – vert, jaune, rouge – pour la bonne, moyenne et mauvaise qualité de l’air. Ici, aucune LED ne s’allume, mais une barre noire à l’écran se trouve à chaque fois au-dessus de l’échelle de couleurs. Aranet passe au rouge un peu plus tôt que le capteur Sensirion, à savoir dès 1400 ppm (au lieu de 1600 ppm).

Si l’air devient mauvais, cela ne se voit pas tout de suite sur l’écran E-Ink.
Si l’air devient mauvais, cela ne se voit pas tout de suite sur l’écran E-Ink.
Source : Martin Jungfer

Le boîtier carré mesure à peine sept centimètres de côté. À l’arrière, il y a une encoche pour accrocher l’appareil Aranet à un clou au mur, par exemple. Bien que l’aspect visuel modeste plaide plutôt pour une place qui ne soit pas aussi proéminente. Le plastique semi-transparent utilisé laisse deviner le circuit imprimé à l’intérieur. Outre les capteurs pour les valeurs affichées sur l’écran, l’Aranet 4 contient également un module Bluetooth, qui permet d’établir la connexion avec l’application, disponible pour iOS et Android.

L’application propose des diagrammes d’évolution, en plus des données affichées à l’écran, pour la pression atmosphérique. Elle vous permet également de régler la fréquence à laquelle l’affichage s’actualise. Avec un intervalle de cinq ou dix minutes, l’Aranet ne fonctionne pas seulement pendant des mois, mais peut même tenir deux ou trois ans. Je peux également régler une alarme vibrante dans l’application si la concentration de CO₂ dépasse la valeur de 1400 ppm. C’est pratique si je ne remarque pas tout de suite la détérioration de la qualité de l’air sur l’écran.

Dans l’application Aranet, toutes les valeurs mesurées sont inscrites dans un diagramme linéaire.
Dans l’application Aranet, toutes les valeurs mesurées sont inscrites dans un diagramme linéaire.
Source : Martin Jungfer

Même si l’application est déjà très complète et met à disposition de nombreuses données ; pour une utilisation professionnelle, Aranet propose aussi une solution cloud. Cela est utile lorsque différentes pièces doivent être surveillées par plusieurs capteurs. En plus de l’Aranet 4, un hub est alors nécessaire, ainsi qu’une connexion au cloud et un abonnement pour l’utilisation. Pour une utilisation privée, tout cela serait plutôt superflu.

Conclusion : opérationnel sans électricité

J’emporte presque toujours l’Aranet 4 Home lorsque je suis en déplacement. Dans le train, il est posé sur la petite table du compartiment. Dans l’avion plein à craquer, il m’a déjà indiqué des valeurs élevées effrayantes, juste avant le décollage. Même sans application, j’obtiens ici une foule d’informations sans avoir à me soucier de l’alimentation électrique.

Technoline WL 1030 : bon marché et sans application

Le WL 1030 fonctionne comme une station météo. L’appareil d’une hauteur de près de 14 centimètres dans un boîtier en plastique noir doit être placé à proximité d’une prise de courant, car il est alimenté en électricité par son propre bloc d’alimentation et un câble avec fiche ronde. Ici, aucun câble USB ou USB-C ne vous est utile.

Le fait qu’il n’y ait pas d’application de Tecnoline joue également en faveur d’un autre groupe cible. Sur le WL 1030, l’écran est roi. Il indique la teneur actuelle en CO₂ comme tachymètre, affiche en dessous la qualité de l’air et conseille par exemple d’aérer si elle est « moyenne ». De plus, la température exacte au dixième de degré et le taux d’humidité de l’air sont affichés.

La luminosité de l’écran tricolore peut être réglée sur deux niveaux à l’aide de boutons situés au dos de l’appareil. Une alarme sonore peut également être activée. Si vous avez les nerfs assez solides pour faire des exercices de type « une touche enfoncée, une flèche vers le haut » en même temps, vous pouvez aussi définir vos propres limites supérieures et inférieures sur le WL 1030, qui déclencheront une alarme. De tels concepts d’utilisation appartiennent toutefois plutôt au dernier millénaire. Sans consulter le mode d’emploi, il n’est pas possible de le faire. En outre, ce n’est pas vraiment nécessaire, car les paramètres par défaut conviennent. En effet, Technoline recommande également une ventilation à partir d’une valeur de 1000 ppm de CO₂ et estime qu’à partir de 1500, il est « nécessaire » d’aérer.

Là où il n’y a pas d’appli, il y a beaucoup de boutons : possibilités de réglage du Technoline.
Là où il n’y a pas d’appli, il y a beaucoup de boutons : possibilités de réglage du Technoline.
Source : Martin Jungfer

Conclusion : pour les personnes peu exigeantes sur le plan technique

Le WL 1030 est recommandé aux personnes qui souhaitent consulter le plus grand nombre possible de données météorologiques sans avoir besoin d’un smartphone et d’une application. Le Technoline est plutôt un appareil qui a une place fixe une fois pour toutes et qui y reste ensuite pendant très longtemps. En effet, la mobilité est limitée par le bloc d’alimentation nécessaire.

Assez précis pour rappeler d’aérer

Quel que soit le type d’appareil de mesure du CO₂ que vous choisissez, il rappelle toujours qu’il est temps d’aérer. Si vous ouvrez la fenêtre pour faire entrer l’air frais dans la pièce, la charge virale diminue. La concentration plus faible de CO₂ vous permet d’avoir les idées claires.

L’ouverture des fenêtres peut être une source de conflit, en particulier dans les bureaux paysagers. Un instrument de mesure peut ici jouer le rôle de gardien neutre. Si le voyant s’allume ou si l’appareil émet un bip, cela signifie que l’air est aéré pendant quelques minutes, jusqu’à ce que la valeur dans la zone jaune ou rouge augmente à nouveau. Sauf en avion ou en train où il serait peut-être préférable de ne pas savoir à quel point l’air est mauvais.

En principe, tous les capteurs de CO₂ fonctionnent avec la même technologie : la teneur en CO₂ est déterminée par un capteur infrarouge non dispersif (NDIR). Il existe des différences de qualité. Ainsi, sur les trois appareils, j’ai eu des écarts de l’ordre de 100 à 150 ppm. Sensirion mise sur un petit capteur spectroscopique photoacoustique qu’elle a elle-même développé. L’appareil Technoline donne des valeurs un peu plus basses, tout comme Aranet a tendance à afficher des valeurs plus élevées. Au quotidien, les écarts ne sont toutefois pas décisifs. Les possibilités d’enregistrer et d’analyser des données sur de longues périodes sont plus intéressantes. Pour ceux ou celles qui le souhaitent, il faut se tourner par exemple vers des appareils de Sensirion ou Aranet qui sont nettement plus « intelligents » que ceux de Technoline.

Photo d’en-tête : Martin Jungfer

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