Pas d’Instagram sans Snapchat : le secret du succès
29/10/2024
Traduction: Yannick Meilleray
Prendre une photo, la partager sur les réseaux sociaux et 24 heures plus tard, elle a disparu. C’est une story. Mais sur quelle plateforme publiez-vous vos stories et pourquoi plus sur Snapchat ? Et ont-elles vraiment sauvé Instagram ?
Nous sommes en 2013. La plateforme de partage de photos Snapchat est encore relativement récente dans le monde des réseaux sociaux, Facebook est toujours aussi populaire et Gangnam Style est la vidéo la plus regardée sur YouTube. Ce que personne ne soupçonne alors, c’est que Snapchat est sur le point de lancer la fonctionnalité qui sauvera ses concurrents quelques années plus tard : la story.
Aujourd’hui, lorsque je demande à mes collègues : « Avez-vous vu ce que Cristiano Ronaldo a publié dans sa story ? », tout le monde pense instinctivement à Instagram. Qui est encore conscient que la story était à l’origine une fonctionnalité de Snapchat ?
Comment Snapchat a réalisé un coup de maître
En octobre 2013, Snapchat, la jeune plateforme de messagerie permettant d’envoyer des photos qui se suppriment automatiquement, présente pour la première fois au monde la fonction story. Au lieu de n’envoyer les photos qu’à certains amis, il est désormais possible de les publier en public avant qu’elles ne disparaissent au bout de 24 heures. C’est le principe de base de l’appli.
Ce qui n’a tout d’abord pas été pris au sérieux est devenu très populaire en un temps record. Cette fonction permettait aux utilisatrices et aux utilisateurs de rester en contact avec leurs amis et leurs connaissances de manière authentique et rapide. Mais les stars ont également utilisé la story sur Snapchat pour partager toutes les facettes de leur vie avec le monde entier.
La fonctionnalité s’est rapidement imposée, notamment en Suisse. Même la SRF a expliqué dans le reportage « 5 conseils pour des stories Snapchat cool » (site en allemand) ce à quoi il fallait faire attention pour une bonne story.
L’honnêteté qu’exigeait encore une story à l’époque était certainement un grand atout. On ne pouvait poster que des photos que l’on avait prises directement dans l’appli et les possibilités d’édition étaient limitées.
Snapchat avait en tout cas initié un changement de paradigme avec la story. Un succès qui n’a pas échappé à son concurrent et géant des réseaux sociaux, Facebook.
Veni, vidi, imitavi
En effet, Instagram (qui a alors déjà été racheté par Facebook) présentait en 2016 sa dernière nouveauté : la story ! L’histoire s’est répétée. Instagram s’était plus ou moins directement inspiré du modèle de Snapchat, non seulement pour le nom, mais aussi pour les fonctionnalités.
Cette fois encore, on se moque de la story Instagram. Non pas de la fonctionnalité en soi, mais de son histoire. « Ça existe déjà ! » ou « pourquoi devrais-je publier mes histoires ailleurs maintenant ? », c’est ainsi ou presque que les gens ont réagi sur Internet et dans le monde réel à la « nouvelle » fonctionnalité.
Et pourtant, même sur Instagram, les moqueries sur la story se sont lentement mais sûrement transformées en enthousiasme. À peine un an plus tard, la situation s’est complètement inversée.
Snapchat a sauvé Instagram
Cette nouvelle fonctionnalité était exactement ce qui manquait à Instagram depuis un certain temps. Avant le lancement de la story, on y publiait moins que jamais (site en anglais).
D’ici 2017, la story Instagram aura alors définitivement dépassé l’original de Snapchat. La fonctionnalité a été utilisée par plus de 200 millions de personnes par jour (site en allemand). Un chiffre que la story Snapchat n’a jamais atteint jusqu’à présent.
Instagram avait un grand avantage sur Snapchat : le nombre d’utilisatrices et d’utilisateurs. Alors que Snapchat a tout juste franchi le cap des 100 millions de personnes actives en 2016, Instagram en comptait déjà bien plus de 500 millions par mois. La réponse à la question de savoir pourquoi beaucoup préfèrent publier leur story sur Instagram était donc très simple : la portée.
Et la recette du succès d’Instagram (de mauvaises langues pourraient prétendre que ce soit le fait de voler des fonctionnalités) semble fonctionner. Alors que Snapchat compte environ 800 millions d’utilisatrices et utilisateurs actifs par mois fin avril 2024, Instagram a déjà franchi la marque des deux milliards (!) (site en anglais).
Après tout, la plateforme sur laquelle nous ne faisions que poster des photos de vacances carrées a aujourd’hui beaucoup à offrir : les stories, les courtes vidéos, les messages directs et les livestreams sont autant de fonctionnalités que la plateforme Meta a copié de la concurrence. Mais c’est un autre sujet...
La plus haute forme de reconnaissance ?
Bien sûr, on peut aussi argumenter qu’Instagram a considérablement développé les stories. Les sondages, les autocollants, la musique et les liens apportent une valeur ajoutée tangible qui faisait défaut à Snapchat à l’époque.
S’agit-il réellement d’un vol de fonctionnalités ou plutôt d’une simple imitation ? Et est-ce même important ? Après tout, nous pouvons publier notre story où nous le souhaitons. Que ce soit sur Snapchat, Instagram, Facebook, WhatsApp, TikTok, Pinterest, Telegram, et même temporairement sur Twitter, YouTube et Spotify, les stories sont aujourd’hui présentes dans presque tous les coins d’Internet.
Et pourtant, les chiffres sont éloquents. On a l’impression que chaque copie de cette fonctionnalité est aujourd’hui plus populaire que l’original. Si vous voulez en avoir le cœur net, ouvrez Snapchat et regardez combien de vos amis ont publié une story au cours des dernières 24 heures, puis comparez le nombre à n’importe quelle autre application. Le résultat devrait être clair.
Qu’est-ce qui est le plus important : l’innovation ou la portée ? Instagram mérite-t-il des applaudissements pour avoir développé son format de story, ou devrions-nous davantage apprécier Snapchat en tant que véritable inventeur ? À vos claviers dans les commentaires !
Photo d’en-tête : Dayan Pfammatter
Dayan Pfammatter
Freier Autor
J'ai toujours été fasciné par tout ce qui a des boutons, des écrans et des haut-parleurs. En tant que journaliste spécialisé dans la technologie et la société, je mets de l'ordre dans la jungle du jargon technique et des fiches techniques confuses.