Quels sont les bénéfices de la médecine ayurvédique ?

Au bureau ou dans vos proches, il y a toujours une personne qui travaille sur son bien-être et le raconte à tout le monde. Voyez-vous de qui je parle ? Yoga, Feldenkrais, respiration holotropique, séminaire d’auto-expérience transcendante... ça commence à faire beaucoup. Et le flou est total. Où se trouve la lumière ? Où sont les réponses tant désirées ? Aujourd’hui, je vous éclaire un peu au sujet de l’ayurvéda, la science traditionnelle indienne de la guérison. Elle vous conviendra peut-être. Après tout, sa devise est compréhensible : « Ce que nous faisons nous-mêmes pour renforcer notre propre santé est plus efficace que ce que les autres font pour nous ».

L’ayurvéda est un enseignement de plus de 5000 ans. Traduit du sanskrit, ce mot signifie « connaissance de la vie ». L’ayurvéda est une méthode holistique qui ne vise pas seulement à éliminer les symptômes de la maladie et les douleurs, mais aussi à rétablir un équilibre harmonieux entre le corps, l’esprit et l’âme. En Inde, l’ayurvéda n’est d’ailleurs pas seulement proposée dans des complexes de spa chics, mais surtout dans des hôpitaux et des sanatoriums spécialisés.

Il n’est donc pas surprenant que l’Organisation mondiale de la santé l’ait reconnue comme discipline médicale à part entière dès 1982. Pour purifier, désintoxiquer et renforcer le corps, on mise avant tout sur une combinaison de massages, d’herbes et d’huiles, d’aromathérapie, de méditation, d’exercices de relaxation et de mouvement ainsi que sur une alimentation adaptée.

Ayurvéda ? Nous interrogeons un expert indien

Le Dr Sreenath Pulintara a plus de 11 ans d’expérience en Inde et à l’étranger. Il fait partie de la troisième génération d’une famille qui s’est fixé pour objectif de diffuser les traitements ayurvédiques dans le monde entier. Il est un médecin ayurvédique qualifié qui a terminé son parcours académique de six ans en ayurvéda (Bachelor of Ayurvedic and Surgery) à l’université du Kerala.

La formation comprend entre autres le panchakarma ayurvédique (dont la traduction libre est « action quintuple », ce qui signifie que le corps peut être guéri de cinq manières différentes) et le traitement « marma », un toucher thérapeutique qui consiste à exercer une pression sur certains points. Avec l’Autrichien Hannes Hruby, Sreenath Pulintara a ouvert mi-2022 la « Clinique ayurvédique Citylight » sur le site de l’île Munroe, dans le sud de l’Inde. On peut tout demander à cet homme sans se sentir bête.

L’ayurvéda, comment ça se passe ?

Toute consultation ayurvédique commence par le diagnostic du pouls (prakruti). Grâce à elle, les médecins ayurvédiques reconnaissent la constellation actuelle des trois doshas, également connus sous les noms de « vata », « pitta » et « kapha ». Ces trois énergies vitales sont présentes chez chaque individu à des degrés divers. Si les doshas sont déséquilibrés, le psychisme et le physique sont mis à rude épreuve. Des maladies chroniques aiguës peuvent en résulter. Il s’agit donc de rétablir un équilibre physique, mental et spirituel.

À qui s’adresse l’ayurvéda ?

Toute personne en bonne santé ou en mauvaise santé peut bénéficier de l’ayurvéda. Il profite à toutes les personnes qui donnent à la nature une chance de guérir. Pourquoi peut-il convenir à tout le monde ? Le type de constitution des individus passe tout simplement au premier plan et le traitement se base dessus avec précision. L’ayurvéda équilibre notre corps, notre esprit, notre âme et les influences extérieures et il aide à prévenir les maladies en stimulant le système immunitaire et la constitution du corps.

À quoi sert l’ayurvéda ?

L’ayurvéda peut être utilisé pour toutes sortes de maladies rhumatismales, psychiatriques et neurologiques et de problèmes gastro-intestinaux : maux de tête, migraines, chute des cheveux, troubles de la vue et de l’ouïe, maladies articulaires, maladies nerveuses dégénératives, maladies de la peau comme le psoriasis ou l’acné, en passant par la dépression, l’anxiété et les troubles du sommeil. Les maladies de la colonne vertébrale, comme la redoutable hernie discale, connaissent des succès étonnants, tout comme les maladies auto-immunes, les troubles menstruels, les kystes ovariens, les fibromes utérins, l’hyperacidité, les maladies du foie et les maladies rénales. L’aspect préventif est également approfondi. L’ayurvéda convient particulièrement bien à la thérapie de soutien des maladies de civilisation modernes comme le burnout ou même les troubles post-traumatiques.

Quelle est la base de l’alimentation ayurvédique ?

Là encore, l’ayurvéda considère chaque personne individuellement. Ce qui est bon pour l’un ne l’est pas pour l’autre. La question centrale est donc la suivante : quels sont les aliments, les épices et les modes de préparation qui conviennent le mieux à chaque individu ? Dans cette analyse, il faut tenir compte de la constitution (prakriti), du déséquilibre éventuel (vikriti) et du type de dosha. Le prakriti et le vikriti sont plus ou moins actifs selon la période de l’année. Les recommandations alimentaires sont donc différentes pour chaque saison.

Comment reconnaître un véritable expert ?

La première étape, essentielle, est de demander conseil à des personnes praticiennes qualifiées qui ont suivi un cursus en ayurvéda de six ans dans une université reconnue. L’ayurvéda est un système complet de diagnostic et de thérapie et dispose d’une richesse considérable de connaissances empiriques en matière de guérison. En Europe, tout cela n’est malheureusement quasiment pas réglementé. En principe, n’importe qui peut prétendre au titre de thérapeute ayurvédique, ici. En Suisse, il est donc préférable de s’adresser à l’« Association Suisse des Praticiens en Médecine & Thérapie Ayurvédique ».

Combien coûte l’ayurvéda et combien de temps dure une thérapie ?

C’est très variable et bien moins cher en Inde qu’en Europe. Le séjour d’une journée pour découvrir les différents traitements chez « Citylight » coûte à partir de 60 euros. Les cures de panchakarma d’une ou plusieurs semaines peuvent alors être plus chères. Une thérapie ayurvédique nécessite du temps pour révéler tous ses bienfaits. Il n’est pas du tout conseillé de faire deux ou trois séances de massage le même jour pour arriver le plus rapidement possible à ce que l’on croit être le but. Dans un voyage, ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin parcouru. Tout le reste nous surcharge sur le chemin de la guérison et peut même se retourner contre nous.

Que dit la science ?

Le nombre croissant de cliniques proposant des soins ayurvédiques en Europe indique une augmentation de l’importance de la médecine ayurvédique, même si le potentiel reste peu exploité. Pour répondre à la question de l’efficacité, j’ai recherché des études sur l’efficacité de l’ayurvéda. Une thèse de doctorat de l’université de médecine de Hanovre sur l’efficacité de l’ayurvéda dans les maladies chroniques permet de tirer quelques conclusions. L’efficacité des interventions ayurvédiques serait de loin la plus haute pour le diabète, avec 62 études isolées à l’appui, suivi par les troubles du métabolisme des lipides et l’asthme bronchique. Une étude de la « Cochrane Collaboration », réseau mondial et indépendant de scientifiques et de médecins, présente le constat suivant : les médicaments ayurvédiques ont un certain effet dans le traitement de la schizophrénie, mais celui-ci n’a été examiné que dans de petites études pionnières.

Dans le livre germanophone Heilung oder Humbug ? 150 alternativmedizinische Verfahren von Akupunktur bis Yoga, Edzard Ernst arrive à une conclusion sans équivoque. Le médecin germano-britannique Edzard Ernst a été professeur de médecine complémentaire, mais il est parfois critique envers la médecine alternative. Selon lui, il existe peu d’études sur les remèdes ayurvédiques et la plupart sont faibles sur le plan méthodologique, car leur efficacité dépend de la nature exacte des ingrédients. Un problème majeur se pose toutefois : une bonne recherche coûte beaucoup d’argent, et la médecine naturelle dispose rarement de fonds importants.