En coulisse
Le grand aperçu des moniteurs 2024
par Samuel Buchmann
La gamme d’OLED 4K ne cesse de s’agrandir. Samsung tente donc de se démarquer de la concurrence avec un revêtement mat et un système d’exploitation intelligent, mais c’est un échec.
La dalle QD OLED 3e génération de Samsung se retrouve dans les moniteurs de divers fabricants. J’ai déjà testé les modèles d’Alienware et d’Asus que j’ai trouvés très bien. Puisque le Sud-Coréen sort son propre écran, il est temps d’établir un comparatif direct !
Deux fonctionnalités distinguent le Samsung Odyssey OLED G8 de la concurrence. Déjà, il est mat et ce revêtement doit restreindre au strict minimum les reflets. Deuxièmement, l’OLED G8 dispose d’un système d’exploitation Smart TV qui permet d’utiliser des applis comme Netflix sans source externe. En termes de prix, Samsung est proche de l’Alienware AW3225QF. Voici un résumé des caractéristiques principales :
Remarque : j’ai reçu un modèle en préproduction de la part de Samsung pour ce test. Le produit final pourrait être amélioré, notamment au niveau du firmware. Je le mentionne aux points concernés.
Samsung conserve le design de ses anciens modèles OLED. Pour un moniteur gaming, l’OLED G8 est sobre, ce qui n’est pas pour me déplaire. Les bords de l’écran sont fins, le pied plat est en vrai métal et l’arrière est recouvert d’un plastique argenté mat. Cela donne un ensemble assez élégant. J’ai toujours trouvé que les fausses surfaces métalliques faisaient cheap.
L’instabilité du bras va d’ailleurs dans ce sens : si je me cogne contre le bureau, le moniteur oscille beaucoup plus longtemps que l’Asus PG32UCDM. La qualité médiocre des matériaux et de la finition est une faiblesse récurrente des écrans Samsung que je constate à chaque test. Pour un produit phare comme l’OLED G8, cela ne correspond pas du tout aux attentes du segment haut de gamme.
Au niveau des connexions, Samsung ne fait pas non plus beaucoup d’efforts et se contente de deux HDMI 2.1 et d’un DisplayPort 1.4. Le fabricant a sans doute renoncé au DisplayPort 2.1 pour des raisons budgétaires. On pourrait aussi arguer que l’onéreuse télécommande est superflue pour un 4K 240 hertz. Je reviens sur ce sujet dans l’encadré.
On trouve aussi un hub avec tout juste deux ports USB-A pour périphériques, ce qui pose question : qui va tirer un câble supplémentaire du PC à l’écran exprès ? D’autant plus que le signal entrant (upstream) n’arrive ici que par le biais d’un port USB-B obsolète. Je cherche en vain l’USB-C qui pourrait également transmettre le signal d’image.
Petit commentaire en passant : Samsung, vos noms sèment vraiment la confusion. L’Odyssey OLED G8 porte exactement le même nom que l’ancien 34 pouces, alors que celui-ci n’est pas le prédécesseur direct et ne quitte même pas la gamme ! Le problème est encore plus flagrant dans la gamme G9 où deux moniteurs complètement différents ont été baptisés à l’identique. Seule la dénomination technique du modèle diffère (G85SB par exemple), mais même le fabricant n’utilise pas ce nom dans ses propres contenus marketing. Rien ne va...
Le paragraphe qui suit entre dans les détails. Les mesures avec l’outil professionnel de Portrait Display permettent un classement objectif de la qualité d’image. Si les détails et les diagrammes ne vous intéressent pas, vous pouvez lire la version abrégée avant d’aller au chapitre « Gaming ».
Voici les principaux constats en résumé :
Le moniteur Samsung a la même luminosité en plein écran que tous les appareils possédant cette dalle, soit tout juste 250 cd/m². J’aimerais bien une luminosité supérieure lorsque les rayons directs du soleil rentrent dans la pièce, mais sinon ça suffit.
Contrairement à l’Asus PG32UCDM, le Samsung Odyssey OLED G8 ne propose pas de luminosité SDR dynamique. Le blanc n’atteindra au maximum que 250 cd/m², dans une fenêtre à 2 % comme à 100 %. Pendant le travail, cela me convient, je n’ai pas envie de subir des variations.
Mais pour jouer dans une pièce lumineuse, cela nuit à l’Odyssey OLED G8 par rapport aux concurrents Asus. Dans la plupart des scènes de jeu, l’APL (Average Picture Level) se situe en dessous de 100 %. Le PG32UCDM est plus lumineux que le modèle de Samsung. Plus les valeurs sont élevées, plus le risque de burn-in est fort, mais cela ne devrait pas poser problème pour les jeux avec des images en mouvement.
La dalle de mon exemplaire de test offre une luminosité homogène : le delta E maximal entre le centre et les bords de l’écran est de 0,8.
La luminosité HDR ne révèle aucune surprise. Le PG32UCDM n’atteint pas tout à fait les 1000 cd/m² promis dans une fenêtre 2 %, mais plutôt 949 cd/m². Il faut pour ce faire régler la « Peak Brightness » sur « High » dans le menu. Samsung limite la luminosité par défaut à environ 450 cd/m². Dans une fenêtre à 10 %, il est impossible de faire beaucoup mieux, même avec la Peak Brightness activée.
Dans la pratique, les contenus HDR ne sont donc pas aussi beaux que sur les dalles WOLED qui s’avèrent plus lumineuses dans des fenêtres de test de cette taille. Le graphique ci-dessous affiche par exemple la courbe de l’Asus PG34WCDM.
Dans un environnement lumineux, les moniteurs WOLED sont aussi supérieurs en ce qui concerne les niveaux de noir : la dalle QD OLED de l’Odyssey OLED G8 n’a pas de filtre polarisant. Le noir paraît ainsi un peu délavé avec une teinte violette dans des pièces lumineuses. La différence ne se voit réellement qu’en comparaison directe.
Contrairement aux QD OLED cousins d’Asus et d’Alienware, le moniteur de Samsung arbore un revêtement mat. Je ne suis pas certain que ça me plaise vraiment. Cela évite certes des reflets localisés, mais ce n’est pas forcément un atout. La lumière étant diffusée sur une plus grande surface, le contraste s’en trouve réduit partout. Un écran brillant apparaît lui plus éclatant et plus net.
Les mesures des couleurs et des niveaux de gris doivent répondre aux trois questions suivantes :
L’Odyssey OLED G8 montre ses premières faiblesses avec les tons de gris. D’un côté, les tons de gris clairs sont beaucoup trop clairs, ce qui entraîne une perte de détails dans les hautes lumières. De l’autre, le moniteur est trop froid et trop vert, comme vous le constaterez dans le graphique suivant. Le delta E maximal de 6 correspond à un écart visible pour les non-experts, du moins lors d’une comparaison avec un moniteur mieux calibré.
Les mesures présentées ici sont celles du mode d’image « Graphiques » avec les paramètres par défaut. Les autres montrent des erreurs encore plus importantes. En mode gaming, vous pourrez choisir entre six genres différents. Tous donnent une image trop bleue, trop saturée et trop riche en contrastes, de sorte que des détails disparaissent. La personne responsable de ces préréglages chez Samsung aime de toute évidence les images aux couleurs dénaturées.
Avec quelques efforts, la balance des blancs se corrige tout de même manuellement. Les réglages experts renferment une balance des blancs de 2 points et une de 20 points, la première suffit dans la plupart des cas. Je peux ajuster la balance des couleurs dans les zones sombres à l’aide des valeurs « Offset » et celle dans les zones claires à l’aide des « Gain ».
L’Odyssey OLED G8 couvre extrêmement bien les espaces colorimétriques usuels SDR :
L’excellente couverture AdobeRGB de la dalle QD OLED ne cesse de m’épater. Elle s’élève à quasiment 98 % sur le moniteur Samsung, ce qui permet d’évaluer sans souci des photos destinées à une impression Fine Art. Il faut de toute façon calibrer le Samsung Odyssey OLED G8, les couleurs par défaut sont trop loin de la réalité, tant en sRGB (delta E max. de 7,8) qu’en AdobeRGB (delta E max de 5,9).
Contrairement à ses concurrents, Samsung ne propose pas de mode d’image spécifique aux contenus sRGB. Je peux alterner entre les espaces chromatiques « Natif », « Normal » et « Custom », mais cela ne semble pas changer grand-chose. C’est peut-être quelque chose qui sera résolu sur le firmware définitif. Les noms ne m’éclairent en tout cas pas du tout, à quoi peut bien correspondre le « normal » ?
Les contenus HDR sont globalement beaux sur l’Odyssey OLED G8. La fidélité est légèrement inférieure à celle des modèles d’Alienware et d’Asus. La luminosité baisse plus rapidement pour les trois dans les fenêtres de test agrandies que sur les appareils équipés de dalles WOLED. La différence est particulièrement frappante avec un APL de 10 %, ce qui est souvent le cas dans les scènes réelles.
Les tons de gris respectent à peu près les valeurs théoriques. Les ombres sont légèrement renforcées, ce qui évite de perdre des détails. La température de couleur est un peu trop élevée, comme pour le mode SDR.
Pour la couverture des espaces colorimétriques HDR, je mesure les données suivantes :
Comme ses compères Asus et Alienware, le moniteur Samsung couvre superbement le principal espace colorimétrique P3, alors que le BT.2020 n’en couvre que 79 %. Hélas, cela n’a quasiment pas d’importance dans la pratique, puisque la plupart des contenus sont aujourd’hui calibrés pour le DCI-P3.
On note par ailleurs de gros écarts en matière de fidélité des couleurs. Le delta E moyen de 4,1 est correct, mais l’écart maximal de 10,1 se traduit par des écarts de couleur marqués. Ces valeurs sont relativement mauvaises pour un moniteur QD OLED. Vous ne vous en apercevrez pas vraiment dans les jeux, car la précision y est moins importante que pour les films et les photos.
Le Samsung Odyssey OLED G8 prend en charge la norme HDR HDR10. Comme pour ses TV, Samsung renonce au DolbyVision au profit de sa norme maison HDR10+ pour laquelle il existe néanmoins beaucoup moins de contenu que pour DolbyVision.
L’Odyssey OLED G8 brille dans son habitat naturel, les jeux vidéo y sont magnifiques. La densité de pixels élevée, les niveaux de noir parfaits et les temps de réponse extrêmement courts résultent en une qualité d’image impressionnante.
Au risque de me répéter, les OLED 4K en 32 pouces constituent un combo idéal. La résolution nécessite beaucoup de puissance graphique, mais cela reste tout à fait possible pour un PC performant. Grâce aux technologies de mise à l’échelle, vous pouvez aussi bénéficier d’un taux de rafraîchissement de 240 Hz dans les jeux actuels. Le format d’image a une taille agréable sans atteindre les dimensions absurdes du Samsung Odyssey Neo G9 par exemple.
Le plus gros problème du Samsung Odyssey OLED G8 est finalement ses concurrents qui embarquent la même dalle. L’Asus PG32UCDM convient mieux aux espaces lumineux grâce à l’option de luminosité dynamique du mode SDR. Le revêtement mat du Samsung Odyssey OLED G8 ne compense pas ce point. Dans les pièces sombres, un écran mat est d’ailleurs plutôt un inconvénient ; le PG32UCDM s’en tire mieux là encore, même s’il coûte plus cher.
Avec son revêtement brillant, l’Alienware AW3225QF paraît lui aussi plus éclatant. Son incurvation est une question de goût. Vu son prix inférieur, il surpasse de toute façon l’Odyssey OLED G8 en rapport qualité-prix.
Pour travailler, l’Odyssey OLED G8 convient tout autant que les autres OLED 4K, c’est-à-dire très bien. La densité de pixels de 140 pixels par pouce (ppi) est assez élevée pour que le texte soit net. Il n’y a pas d’Auto Static Brightness Limiter qui réduit la luminosité de l’image pour les contenus statiques. La taille suffit pour afficher deux fenêtres côte à côte, même si j’apprécierais parfois une largeur supérieure.
Seul le risque de burn-in reste un facteur imprévisible, comme pour tous les moniteurs OLED. Plus la dalle chauffe, plus les pixels s’usent à un rythme différent. L’Alienware AW3225QF évacue activement la chaleur grâce à un ventilateur. Le fabricant de l’Asus PG32UCDM a choisi de la transférer à un dissipateur thermique passif par le biais d’une feuille de graphène. Nettement plus fin, le moniteur de Samsung ne dispose à première vue pas d’un système de refroidissement sophistiqué.
Je pose l’Odyssey OLED G8 à côté de l’Asus PG32UCDM et laisse les deux moniteurs chauffer pendant une demi-heure à 250 cd/m² avec un écran complètement blanc avant de prendre des photos avec une caméra thermique. Mon intuition se confirme en voyant le dos des moniteurs : l’Asus évacue la chaleur par le dissipateur thermique en haut. En revanche, aucun air chaud ne sort de la fente d’aération de l’Odyssey OLED G8. Le point le plus chaud se situe au milieu, à l’endroit où le bras s’attache au moniteur.
Étonnamment, le moniteur de Samsung reste plus frais côté écran. La température s’élève à tout juste 50 °C, soit cinq degrés de moins que sur l’Asus PG32UCDM. La raison présumée : l’Odyssey OLED G8 consomme 115 watts et le PG32UCDM 125 watts pour exactement la même luminosité. Pourquoi ? Pas la moindre idée. Quoi qu’il en soit, je suppose que le risque de burn-in s’en trouve un peu moins élevé chez Samsung.
Samsung offre en outre une garantie burn-in de trois ans pour ses moniteurs QD OLED : en cas de problème, la dalle sera remplacée. Le Sud-Coréen se met ainsi au diapason des autres fabricants.
Jusqu’à ce point du test, l’Odyssey OLED G8 ressemblait aux autres moniteurs équipés de la même dalle. Samsung essaie de se démarquer des autres avec son système d’exploitation. Comme les précédents moniteurs Odyssey, le G8 se rêve en fait en télévision. De fait, il utilise le système d’exploitation Smart TV Tizen OS. Celui-ci doit permettre d’utiliser des applications comme YouTube ou Xbox Cloud Gaming sans raccorder d’ordinateur.
Je déteste Tizen.
L’OS Smart TV est peut-être bien pour les téléviseurs, mais sur les moniteurs, il est peu convivial en plus d’être trop chargé. Pourquoi est-ce que Samsung cherche à imposer ce bloatware ? Je n’ai jamais rencontré un seul gamer qui s’achète un 32 pouces à plus de 1000 francs suisses pour regarder Netflix dessus avec le son qui sort des haut-parleurs internes en ferraille ! Un système audio externe peut tout au mieux se raccorder en Bluetooth ou en HDMI ARC.
D’aucuns diront que les fonctionnalités supplémentaires sont un avantage. Je ne suis pas du même avis. L’OS TV implique forcément un tas absurde de menus, de réglages et de modes d’image. Voici quelques exemples :
Comme mentionné plus haut, mes jérémiades concernent un modèle en préproduction. Samsung peut donc encore améliorer le firmware de son moniteur. Difficile de dire s’il y aura beaucoup de changements, Tizen OS reste après tout Tizen OS.
S’il n’y avait que lui, je serais totalement emballé par le Samsung Odyssey OLED G8. Avec les bons réglages, la qualité de l’image est super, surtout pour les jeux. Les mouvements rapides restent clairs grâce aux 240 Hz, la densité de pixels élevée assure une image nette et le niveau de noir est parfait. La bureautique est tout aussi agréable sur ce grand écran.
Hélas, Samsung n’est pas le seul fabricant à proposer un OLED 4K. L’Alienware AW3225QF est aussi beau et moins cher. À l’autre extrémité de la fourchette de prix, l’onéreux Asus PG32UCDM offre davantage de fonctions, plus de luminosité et un meilleur calibrage. L’Odyssey OLED G8 est certes le seul à présenter un revêtement mat, mais ce n’est pas forcément un atout.
Ses deux concurrents s’avèrent beaucoup plus simples d’utilisation, Samsung ayant imposé à son Odyssey OLED G8 un OS Smart TV. Celui-ci permet d’utiliser le moniteur comme une télé pour regarder par exemple Netflix sans connecter d’ordinateur. À mon sens, pour un écran de cette taille, ce concept n’a aucun sens : le moniteur ne s’en trouve que plus cher et inutilement compliqué.
Côté points forts, notons le design épuré du Samsung Odyssey OLED G8 et une dalle qui demeure un peu plus fraîche que celle du Asus PG32UCDM. En bref, c’est le moins bon OLED 4K que j’ai testé jusqu’à présent.
Pro
Contre
Mon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse.