« Shapez 2 » est un super jeu d’automatisation, mais il n’est pas fait pour moi
Les développeurs de « Shapez 2 » ont entièrement misé sur l’automatisation. Le jeu se concentre sur le transport et la transformation de formes abstraites. Il ne me motive pas assez pour que j’aie envie d’y jouer longtemps.
La semaine dernière, je pensais encore que ce qui caractérise principalement les jeux d’automatisation, c’est leurs convoyeurs à bandes. Shapez 2 m’a fait découvrir que je pouvais pousser plus loin ma réflexion. Le jeu est sorti le 15 août en accès anticipé, et 98 % des quelque 5000 évaluations reçues sur Steam le recommandent. La bande-annonce m’a donné super envie. J’étais à mille lieues de m’imaginer que je ne l’aimerais pas ! Je dois pourtant me rendre à l’évidence, il ne me captive pas autant que d’autres jeux d’automatisation comme Dyson Sphere Program et Satisfactory.
Comme son nom l’indique, Shapez 2 consiste principalement à manipuler des formes en 2D et à les combiner en les faisant passer d’une machine à l’autre sur des convoyeurs à bande. Le jeu réduit le principe d’automatisation à l’enchaînement efficace de processus de traitement complexes. Il n’a aucune histoire, univers de jeu, personnage à faire évoluer, infrastructures électriques ni ennemis.
Des cercles comme point de départ
Shapez 2 me propose un nombre illimité de machines et de convoyeurs. Je construis et je démolis mes créations comme bon me semble. C’est génial si on veut optimiser des systèmes complexes, et le concept est simple : en parallèle à mes diverses tâches, je dois placer régulièrement une quantité précise de formes sur les convoyeurs pour les acheminer vers un vortex qui les éliminera. Ce vortex est un grand tourbillon qui se trouve sur une plateforme au milieu de l’espace vide. Je ne le sais pas où vont les formes, mais ça n’a aucune importance, pour autant que le vortex mange à sa faim.
Première tâche : produire 300 demi-cercles. Le jeu me montre une plateforme sur laquelle je trouve des formes circulaires. C’est un peu comme les gisements de minerai d’autres jeux ; je commence par charger des cercles ou des carrés sur le convoyeur au lieu des minerais de fer ou de morceaux de charbon.
Je place des extracteurs sur les cercles et je les fais avancer vers une machine de découpe. Cette machine détruit la moitié de la forme fournie et sort des demi-cercles, que j’envoie ensuite au vortex. S’il en a obtenu une quantité suffisante, il m’accorde des points de recherche et m’attribue une nouvelle tâche. Une fois que j’ai accumulé suffisamment de points de recherche, j’ai accès à des améliorations comme des tapis convoyeurs plus rapides ou de nouvelles machines.
Chaque étape du traitement reste visible
Shapez 2 montre aux joueurs comment les produits sont traités, alors que les machines d’autres jeux similaires sont un peu comme des chapeaux de magicien : on y place un produit brut, et le produit fini ressort comme par magie. Ce n’est pas le cas ici, je vois tout le processus. Les étapes de travail sont assez simples, mais je prends plaisir à voir comment les formes sont découpées, tournées, peintes ou empilées les unes sur les autres.
Ces processus doivent rester visibles, d’ailleurs, car les tâches gagnent rapidement en complexité. Chaque forme de base se compose d’un à quatre quartiers que je peux détacher et réutiliser. Je devrai ensuite déterminer quelles machines utiliser pour découper deux quartiers diagonaux dans un cercle, peindre un quartier, puis l’insérer dans le cercle.
Shapez 2 n’a pas vraiment d’univers de jeu à explorer en tant que tel. Il se déroule plutôt dans une sorte de station spatiale, dans laquelle tourbillonnent des brumes en arrière-plan. D’autres plateformes flottent à une certaine distance de ma plateforme de départ et du vortex. J’y élimine d’autres formes et des fluides. Je relie les plateformes au moyen de larges « convoyeurs de l’espace » conçus pour transporter le matériel de quatre convoyeurs ordinaires.
Ces petits bras robotisés qui manipulent des formes sur un fond sonore rond, relaxant avec des bruits discrets, donnent un peu l’impression d’observer une fourmilière. C’est assez rigolo !
Un bonus artificiel pour rester motivé
Certaines tâches sont définies comme des étapes. Une fois terminées, il vaut mieux que je livre le produit demandé au vortex, pour augmenter mon « niveau d’opératrice » et recevoir d’autres récompenses. Grâce à cette astuce, je ne détruis pas toute la chaîne de production une fois mon objectif atteint, et je crée des usines complexes avec le plus de produits du vortex possible. Les produits finaux n’ont pas d’autre finalité.
Terminer une étape peut prendre beaucoup de temps. Au bout de quelques heures de jeu, je dois déjà livrer 14 000 « carrés d’échiquier munis de fleurons ». J’utilise toutes les formes brutes à ma disposition dans mon quadrant spatial, mais ça ne rend pas le processus plus rapide. Et je ne peux pas non plus accélérer le jeu. Pendant que j’attends, je fais des tâches secondaires, et je démolis les chaînes de production correspondantes une fois qu’elles sont terminées. Ou bien je regarde quelles formes me seront demandées à la prochaine étape.
D’habitude, j’interromps mes jeux quand je fais une pause et que je quitte l’écran. J’ai pourtant laissé le jeu tourner pendant que je suis allée me chercher quelque chose à manger. C’est mauvais signe, ça veut dire que je commence à m’ennuyer.
Des commandes aisées
Construire pour démolir fait partie du jeu, et les commandes ont été conçues en conséquence. J’arrive parfaitement à faire passer des convoyeurs dans différents coins et niveaux. J’ai vite retenu les raccourcis avec lesquels sélectionner et démolir des systèmes plus longs. Les raccourcis clavier CTRL C, X et V pour copier, couper et coller fonctionnent aussi. Je peux donc facilement copier des complexes entiers, les inverser puis les coller, ou les placer à un niveau supérieur.
J’ai vite accès à des plans de construction qui me permettent de sauvegarder n’importe quelle zone de mon usine en tant que plan de construction pour la réintégrer plus tard. Je n’ai plus besoin de bâtir à nouveau depuis le début des sections déjà faites.
Je peux supprimer, copier et insérer des bâtiments et des convoyeurs individuels dans l’affichage normal. Le mode « plateforme » me montre l’ensemble de mon espace. Je choisis des plateformes entières, avec tout leur contenu, et je les copie. Il vaut mieux concentrer les grosses étapes de traitement sur une plateforme et les enregistrer ensuite en tant que plan de construction. Par exemple, pour retirer un quartier d’une forme, je peux simplement ajouter cette plateforme que j’ai enregistrée au préalable dans mon plan de construction. Mon usine est donc modulable.
Pourquoi je ne suis toujours pas convaincue
Shapez 2 n’est pas vraiment frustrant, rien ne manque, et on peut créer de grosses chaînes de production en un rien de temps. Je n’ai rien à lui reprocher. Au final, il ne me motive pas plus que ça, c’est tout. Au bout d’une dizaine d’heures de jeu, j’ai vraiment dû réfléchir pour comprendre ce qui me dérange. Je ne ressens pas les mêmes montagnes russes émotionnelles que lorsque j’ai joué à Dyson Sphere Program, Satisfactory et à d’autres jeux semblables. Je me suis sentie frustrée lorsque j’ai remarqué, en pleine nature, qu’il me manquait le matériel nécessaire et que j’ai dû retourner à pied à l’entrepôt. J’ai ressenti de la joie lorsque j’ai enfin amélioré ma performance ou obtenu suffisamment de ressources pour résoudre un goulot d’étranglement. Shapez 2 ne m’inspire ni joie ni frustration, du moins pas en quantité suffisante.
Les autres jeux de construction d’usine me proposent des objectifs motivants à atteindre pour résoudre des problèmes, ou simplement des missions ludiques, ce dont Shapez 2 manque cruellement. J’obtiens sans cesse de nouvelles tâches, mais elles ne sont pas particulièrement satisfaisantes à accomplir. Et les formes n’ont pas d’autre finalité que leur production. D’autres jeux me demandent de fabriquer des produits qui ont un sens, alors que Shapez 2 ne me fait que créer des formes. Je peux tout au plus m’en servir pour en créer d’autres, rien de plus.
La construction par module ne me plaît pas non plus. Je ne suis bien sûr pas forcée à procéder de la sorte, mais je remarque toute de même que j’ai tendance à copier des plateformes entières et à les recombiner sans vraiment comprendre comment j’ai résolu les problèmes, car j’ai la flemme de faire autrement.
« Shapez 2 » est bien ficelé, mais il n’est pas fait pour moi
Je ne critique pas le jeu en lui-même. Le souci, c’est qu’après avoir testé d’autres titres, mes attentes sont trop élevées. Dans un article de blog (en anglais), Tobias Springer, développeur, décrit comment les décisions du gameplay ont été prises. Apparemment, la communauté de Shapez 1 a beaucoup contribué au développement de l’opus suivant. Les fans de la première version accordent beaucoup d’importance à des ressources infinies, des formes abstraites, un graphisme simple et un gameplay relaxant, sans ennemis, et le gameplay a été complété par de nombreuses fonctionnalités demandées par la communauté.
Ce jeu est parfait pour celles et ceux qui aiment les productions efficaces et qui les trouvent suffisamment motivantes en eux-mêmes. Les commandes fonctionnent bien, le jeu est joliment conçu, sa musique est idéale, et son environnement sonore est agréable. Mais si vous voulez créer tout un univers dans votre usine plutôt que de travailler avec des produits abstraits, choisissez un autre jeu.
Aussi à l'aise devant un PC gaming que dans un hamac au fond du jardin. Aime l'Empire romain, les porte-conteneurs et les livres de science-fiction. Traque surtout les news dans le domaine de l'informatique et des objets connectés.