« Star Trucker » nous fait découvrir la vie de camionneur et les pièges de l’endettement
3/9/2024
Traduction: Rose-Hélène Moquet
« Star Trucker » est un simulateur de camion dans l’espace qui enthousiasme le débutant en sim que je suis, même si je n’ai pas encore atteint la stabilité financière.
Un carton flotte lentement dans mon champ de vision. Ouste, tu me bouches la vue ! Le système de gravitation qui maintient l’intérieur de mon camion en place décide bien sûr de tomber en panne juste au moment où je fonce à 180 km/h sur l’autoroute de l’espace. Batteries, bidons d’essence et autres matériaux se mettent aussitôt à flotter dans le cockpit de mon camion de l’espace. Dire que je venais juste de tout ranger... Et c’est quoi ce bip-bip, là ? Plus d’oxygène ? Et mince. J’enclenche le régulateur de vitesse et j’enfile ma combinaison spatiale. Pas le temps de s’arrêter sur le bas-côté, les livraisons doivent arriver à l’heure.
Par chance, il n’y a pas de trafic en sens inverse. Mais voilà que je suis soudain ébloui par une lumière éclatante : une éruption solaire. Vite, je baisse les stores avant de griller dans le cockpit et de ne plus rien y voir. Pour me repérer, je dois maintenant utiliser les caméras extérieures. Heureusement, ma destination n’est plus très loin et je parviens à livrer ma cargaison pile dans les délais. L’argent gagné suffit à peine à faire le plein et à réparer mon camion. Dure vie que celle de routier de l’espace. Mais il est déjà l’heure de planifier mon prochain itinéraire. J’y ai pris goût.
Simulateur de camion au charme rétro
Le studio Monster and Monster décrit Star Trucker comme un simulateur de camion bien rétro. Lorsque j’y ai joué à la Gamescom de l’an dernier, l’un des développeurs m’a assuré que le jeu s’adressait aussi bien aux fans de sim qu’aux conducteurs occasionnels. Star Trucker mise sur un mélange d’accessibilité et de réalisme : je suis aux commandes d’un camion dans l’espace et mon objectif est d’acheminer les livraisons d’un point A à un point B avec le moins de dommages possibles et en respectant les délais. Mais contrairement aux conducteurs de camions sur Terre, je dois relever des défis très différents dans l’espace.
Diriger un camion lancé à vive allure et sans gravité n’est pas simple. La conduite demande un temps d’adaptation au début, surtout lors de l’arrimage aux stations spatiales et aux remorques. Je dois viser précisément le point de jonction rond à l’aide de la caméra arrière avant de pouvoir actionner le levier de l’embrayage électromagnétique. Lorsque je transporte plusieurs chargements, le véhicule devient encore plus inerte. « Mais dans l’espace, il y a toute la place du monde pour manœuvrer », pensez-vous peut-être. Le problème, c’est qu’en dehors des parcours balisés, il y a plein de gravats qui volent et endommagent mon camion. Le moindre trou doit immédiatement être réparé, sans quoi je perds de l’oxygène. Je dois alors enfiler ma combinaison spatiale, sortir et lancer mon poste à souder.
Ces promenades à l’extérieur demandent du temps et de l’énergie, car la combinaison doit ensuite être rechargée. Je manque constamment de tout. Après une petite dizaine d’heures passées sur la version PC, je ne sais toujours pas si le jeu a un problème d’équilibre ou si je suis simplement un piètre chauffeur routier. Je croule sous les dettes. Car pour maintenir mon camion spatial en bon état, il me faut des batteries, des filtres à air, du kérosène... et tout cela coûte une fortune. Sans compter que si je ne termine pas les missions de manière satisfaisante, je ne touche pas la totalité de ma paie. Sans camion en état de marche, pas de commandes et sans commandes, pas d’argent. Il ne faudra donc pas longtemps avant que la banque ne doive m’avancer un crédit. Et c’est ainsi que la spirale de l’endettement se met en place.
On s’amuse bien malgré le stress constant
Même si ma carrière de chauffeur routier reste encore au point mort, j’ai été happé par le jeu. Les trajets sont certes souvent stressants, mais comme ils me conduisent à travers des systèmes joliment mis en scène, je me sens toujours à l’aise. Il y a des stations spatiales qui ressemblent à un soleil dessiné par des enfants, des champs d’astéroïdes aux reflets bleus et, au-dessus de tout cela, les lumières de l’autoroute intergalactique.
La radio qui diffuse une bande-son parfaite de vieilles chansons, de blues et de musique country participe à cette ambiance unique. Régulièrement, d’autres conducteurs m’appellent par radio pour me proposer de nouvelles missions à travers les systèmes, ou simplement pour discuter.
Mon camion est bien entendu au cœur du jeu. Il se pilote de manière très manuelle. Mon cockpit fait la taille d’un spacieux appartement d’une pièce et est composé d’une multitude de leviers et d’interrupteurs. Sous le compteur de vitesse se trouvent des interrupteurs d’éclairage intérieur et de phares que je peux désactiver pour économiser de l’énergie. À gauche et à droite, il y a des écrans sur lesquels je peux basculer entre plusieurs affichages ou voir les caméras extérieures. Il y a également un levier pour le frein d’urgence ou les stores, pour me protéger des éruptions solaires mentionnées plus haut, et bien plus encore.
Les accès aux systèmes d’oxygène, de température, de ventilation et de gravitation sont eux répartis dans tout le cockpit. Ils doivent être entretenus régulièrement en remplaçant les batteries, les filtres ou les composants électroniques grillés. Lorsque je retire des batteries, je les fourre temporairement dans un autre système. Le système de gravitation est souvent le premier à être touché, ce qui m’oblige à réorganiser constamment mes étagères. Je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas installer un filet de sécurité.
Je ne comprends pas non plus pourquoi il n’y a pas de chargeur de batterie. La durabilité ne semble pas être en vogue dans ce monde rétro. Sinon, j’aurais déjà installé des panneaux solaires sur mon camion. Peut-être que cela sera proposé lors d’une mise à jour. Dans les garages, je peux en effet acheter des pare-chocs plus chics, repeindre ma carrosserie, mais aussi me procurer de meilleurs pots d’échappement, qui polluent moins et qui sont donc meilleurs pour mes filtres à air. Comme tous les commerçants et boutiques n’ont pas la même offre, je ne sais pas encore si d’autres objets sont disponibles pour pimper mon camion.
Chaque mission accomplie m’apporte de l’argent et des points d’expérience. Je peux ensuite débloquer de nouveaux types de missions plus lucratives, comme le transport de déchets toxiques, ou améliorer l’efficacité énergétique de ma combinaison spatiale. Les améliorations apportées aux camions me motivent à accepter les missions suivantes et relever de nouveaux défis.
Comment éviter les chantiers
Un des points négatifs de Star Trucker, c’est son manque de transparence. Après avoir livré une cargaison d’engrais à l’heure et sans accident, je remarque que ma paie a été amputée d’un gros montant pour marchandise endommagée et conduite imprudente. Bon, c’est peut-être dû au fait je n’ai réalisé qu’il y avait des limitations de vitesse sur les autoroutes qu’au bout de 5 heures de jeu. Mais les limitations s’appliquent-elles également en dehors des routes ? Et lorsqu’une maintenance est nécessaire sur les filtres à air, un simple nettoyage suffit-il ou dois-je les remplacer au prix fort ? Puis-je utiliser cette caisse de produits de nettoyage ou est-elle réservée à la vente ? Comment le savoir ? Le manuel situé sous le compteur de vitesse contient beaucoup d’infos pratiques sur l’utilisation du camion et sur le jeu en général, mais il n’explique pas tout.
Dans la plupart des cas, c’est vraiment moi, ou plutôt mes habitudes de Need for Speed, qui sont responsables. Toujours est-il que les amendes font mal. Et si je croise d’autres personnes, la priorité à droite s’applique-t-elle ? La circulation se fait à droite sur la route, ce serait donc logique. Mais jusqu’à présent, personne n’a freiné pour moi.
J’ai déjà dû charger une ancienne sauvegarde pour échapper à des bus. Le message demandant de contrôler le poids du camion a alors subitement disparu et j’ai pu poursuivre mon voyage tranquillement.
Voici une liste de conseils importants pour faciliter votre aventure Star Trucker :
- sauvegardez souvent : les sauvegardes peuvent se faire à tout moment, et je vous conseille de les faire très souvent. Au moins au début, lorsque vous n’avez pas beaucoup d’argent et que ça vaut la peine de charger une ancienne sauvegarde en cas de collision.
- Utilisez des boîtes de rangement : le matériel que vous transportez dans le cockpit s’abîme lorsqu’il vole dans tous les sens, ce qui arrive en cas de défaillance du système gravitationnel ou de collision. Mieux vaut donc ranger batteries, filtres ou appareils électroniques dans des boîtes sûres.
- Vérifiez le système avant le départ : le jeu vous dit de le faire, écoutez-le ! C’est la seule façon d’éviter de partir avec des batteries vides dans le système d’oxygène ou avec trop peu de kérosène.
- Suivez la route : le chemin le plus direct est certes le plus rapide, mais il est très probable que des éboulis et des déchets viennent percer votre carrosserie qu’il vous faudra réparer à grands frais. Vous avez toujours assez de temps pour suivre la route.
- Acceptez d’être endetté : même si je peste contre les usuriers, ça vaut le coup d’acheter un nouveau filtre à air, même s’il vous faut emprunter pour. Cela vous évitera de passer tous vos trajets à vous occuper de systèmes défectueux.
- Lisez le manuel : le jeu vous le dit aussi et cela vaut vraiment la peine de le feuilleter et de le consulter ensuite si nécessaire.
Conclusion : un jeu à la fois tranquille et satisfaisant
Après y avoir joué à la Gamescom de l’an dernier, j’étais déjà optimiste quant au démarrage de Star Trucker. Mes premières impressions sont confirmées. Mes quelques heures de jeu sur ce simulateur de camion très rétro m’ont donné envie de continuer. J’adore conduire mon camion flottant à travers cet univers coloré, mettre la radio à fond et klaxonner les autres camions.
Le fait que je doive aussi m’occuper de l’entretien de mon véhicule fait que je ne m’ennuie jamais. Il y a toujours un problème quelque part : que ce soit l’électronique en surchauffe ou le soleil qui me donne littéralement des sueurs froides, car je ne peux plus compter que sur les caméras extérieures. Et lorsqu’il m’arrive de prendre un raccourci à travers des éboulis (même si je sais que je ne devrais pas), je m’enfonce dans mon canapé en essayant de me faufiler sous les astéroïdes. Une fois, j’ai même failli disparaître dans l’espace en sortant de mon véhicule pour le réparer sans l’avoir mis complètement à l’arrêt. Il m’arrive toujours quelque chose dans Star Trucker. Chaque élément du jeu, pris séparément, n’est pas particulièrement intéressant, mais ensemble, ils constituent un sympathique road trip.
« Star Trucker » m’a été fourni par Raw Fury. Le jeu est disponible sur PC, Xbox Series X/S et est inclus dans le Game Pass.
Philipp Rüegg
Senior Editor
Philipp.Rueegg@digitecgalaxus.chEn tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.