5 choses que les mourants regrettent le plus
Allemand, Bronnie Ware, 2013
Rétrospectivement, qu’est-ce que vous auriez dû faire autrement ? Ne pas quitter votre premier amour ? Avancer dans votre carrière professionnelle ? Parfois, les opportunités manquées sont instructives. Je vous explique pourquoi.
À la fin de la vingtaine, on est encore loin de la crise de la quarantaine, mais on tire un premier bilan. Quelle formation ai-je abandonnée ? Quelle relation amoureuse ai-je négligée ? Quel long voyage ai-je repoussé d’année en année ? Est-il déjà trop tard pour atteindre certains objectifs ? Comment apporter des réponses à ces questions hypothétiques ? Pour en savoir plus, je me suis entretenue avec Christine Hoffmann. Elle est coach et psychologue du travail à Vienne. Pour elle, les buts dans la vie peuvent s’atteindre par différents chemins.
Christine Hoffmann, qu’entendez-vous par « opportunités manquées » ? Les manquons-nous inconsciemment ou plutôt délibérément ?
Des études scientifiques montrent que nous prenons 35 000 décisions par jour. Or, environ 10 % d’entre elles sont conscientes, c’est-à-dire que nous pesons le pour et le contre avant de nous décider. Cela signifie que 90 % de nos décisions se prennent automatiquement et sans que nous y réfléchissions.
Quand regrettons-nous certaines décisions ?
Dès que nous remarquons que la voie choisie nous est défavorable. Malgré tout, certaines personnes ne regrettent pas ce genre de décisions. Les gens qui pratiquent l’autoréflexion et qui prennent des décisions en suivant leur système de valeurs savent que quand elles n’obtiennent pas le résultat escompté, cela ne veut pas forcément dire qu’elles ont pris une mauvaise décision. Elles savent qu’elles ont pris une décision en toute connaissance de cause. Elles comprennent qu’aujourd’hui, avec plus d’expérience et de connaissances, elles prendraient peut-être d’autres décisions qu’à l’époque. Nous engrangeons continuellement de nouvelles compétences. Nous sommes plus compétents après avoir pris une décision qu’avant de l’avoir fait. Les regrets indiquent que l’on a évolué personnellement.
Comme on le dit souvent, on est toujours plus malin après.
Les personnes qui disent cela à propos des autres réagissent parfois de manière épidermique quand il s’agit de leurs propres décisions malheureuses. Sans compter que la personnalité joue un rôle essentiel dans les regrets ressentis. Les gens plutôt proactifs et qui se concentrent sur ce qu’ils peuvent vraiment changer constatent que le passé est précisément un élément sur lequel ils n’ont pas prise. Leur seul recours est de changer leur regard sur le passé et de tirer les conclusions qui s’imposent. En d’autres termes, au lieu de se lamenter, ils réfléchissent à la leçon qu’ils ont apprise et ils essaient de voir comment utiliser cette réflexion à l’avenir. C’est un bon moyen de gérer des regrets.
Qu’est-ce que les gens regrettent le plus souvent ?
Les personnes en fin de vie regrettent fréquemment de ne pas avoir vécu de manière plus authentique. Et aussi d’avoir répondu aux attentes des autres plutôt qu’à leurs propres désirs. Avoir donné la priorité au travail plutôt qu’à ses proches, c’est aussi quelque chose que les mourants se reprochent souvent. Bronnie Ware, une infirmière en soins palliatifs, a résumé tout cela dans son ouvrage intitulé Les 5 regrets des personnes en fin de vie.
De quoi les jeunes se mordent-ils les doigts ?
L’être humain tend à surestimer l’attractivité des chemins qu’il n’a pas suivis. Il pense que s’il avait épousé quelqu’un d’autre ou choisi un autre travail, il aurait été plus heureux. Les psychologues parlent de fantasmes escapistes. On imagine une vie parfaite avec un amour de jeunesse ou une profession différente. Ce faisant, on ne considère que les éléments les plus attirants. Et, bien sûr, la vraie vie semble bien terne en comparaison. De toute manière, personne ne peut comparer plusieurs voies, car personne ne peut les vivre simultanément. Cet escapisme montre simplement que la personne est insatisfaite de sa vie ici et maintenant. Cette insatisfaction doit être prise au sérieux, mais cela ne veut pas dire que l’on doit quitter son conjoint ou résilier son contrat de travail sur le champ. Chaque relation amoureuse, chaque job connaît des moments difficiles.
Comment tirer parti de fantasmes escapistes ?
Essayez d’identifier les causes de vos fantasmes. Quels besoins sont-ils inassouvis ? Comment pourriez-vous les satisfaire, ici et maintenant ? Par exemple, si vous regrettez de ne pas avoir eu d’enfants, demandez-vous si vous ressentez un manque de relations avec d’autres êtres humains. Si c’est le cas, proposez vos services de baby-sitter à votre voisine ou soyez un parrain investi dans sa tâche. Vous pouvez aussi consacrer plus de temps et d’énergie à votre cercle amical ou rendre visite à des personnes âgées. Selon votre âge, il n’est peut-être pas trop tard pour avoir des enfants vous-même.
Quelle erreur commet-on quand on regrette souvent des opportunités manquées ?
Je ne dirais pas que l’on commet une erreur. Les regrets marquent le début d’un processus de développement personnel. Quand quelqu’un regrette beaucoup de choses, je lui conseille de réfléchir à sa manière de prendre des décisions. Aux moments décisifs, cette personne s’est-elle posé les bonnes questions pour prendre le bon chemin ? Probablement pas.
Pourquoi les occasions ratées tourmentent-elles certains plus que d’autres ?
Cela peut exprimer une tendance au perfectionnisme et une volonté de maximiser les résultats. Ces personnes ont ce trait de caractère dans des décisions relativement simples. Elles tiennent à choisir le repas optimal au restaurant, à acheter la meilleure voiture, à prendre l’itinéraire idéal pour se rendre de A à B. Or, ce perfectionnisme exagéré est inutile. Il est même nocif. On investit beaucoup de temps dans la prise de décision, mais dans la plupart des cas, il ne faut pas prendre la meilleure décision, mais la plus adéquate.
Vous venez de dire que pour gérer ses regrets, il faut changer de perspective et que l’on peut tirer des leçons d’une décision que l’on regrette. Comment s’y prendre ?
Chaque décision prise a un prix. Imaginez que l’on vous propose un emploi dans une autre ville. Le prix à payer serait que vous auriez moins de temps à passer avec vos proches. Vous refusez de payer ce prix, mais vous regrettez un peu cette décision, car chaque option avait des avantages. Ici, je vous recommande de vous demander comment tirer parti de l’expérience que vous n’avez pas retenue. Dans ce cas concret, investissez une heure par semaine dans une formation continue. Cela vous permettra de recevoir d’autres offres professionnelles aussi alléchantes. Une occasion manquée correspond toujours à une possibilité de faire avancer autre chose. Elle est l’une des clés de votre avenir. Pour moi, les regrets doivent nous pousser à réfléchir à notre situation et à poursuivre notre développement personnel.
À un moment, on n’a plus tellement l’occasion de saisir de nouvelles opportunités, n’est-ce pas ?
Dire cela revient à discriminer les personnes âgées ! On peut réaliser ses rêves à tout âge. Penser différemment, c’est hypothéquer sa qualité de vie. Le fait est que, toute notre vie, nous pouvons réaliser nos rêves et faire de nouvelles expériences. Par exemple, ma grand-mère a fait une croisière à l’âge de 99 ans. Si vous avez souvent l’impression d’avoir raté des chances et que vous regrettez ces occasions manquées, allez-y ! Il n’est jamais trop tard pour le faire.
J'aurais pu devenir enseignante, mais je préfère apprendre plutôt qu'enseigner. Jour après jour, j'apprends grâce aux articles que je rédige. J'aime particulièrement les thème de la santé et de la psychologie.