Voisins dérangés par le bruit : notre coq doit chanter ailleurs
25/1/2024
Notre deuxième essai avec un coquelet s’est à nouveau terminé. Nous avons fait éclore Henry, l’avons élevé... et, finalement, nous avons dû, avec beaucoup de regrets, nous en séparer. Certains voisins n’éprouvaient pas le même plaisir que nous.
Nous habitons dans l’Oberland zurichois, entre Uster et Wetzikon. On pourrait déjà presque dire dans un endroit paumé de la campagne. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons acheté des poules il y a quelques années.
Lorsque j’ai écrit cet article, nous avions déjà un coq nommé Travis. Mais peu de temps après, nous avions dû nous en séparer. Pendant qu’il était en liberté, il avait attaqué notre fille, à l’époque âgée de trois ans. Nous avons donc dû rapporter Travis à son ancienne demeure, le Pferdehof OHA à Fällanden. Henry, son successeur, l’y a récemment rejoint. Il a éclos chez nous. Nous ne l’avons pas donné de plein gré.
Source : Sofia Vogt
Le chant du coq
« Cocorico ! » Tout le monde connait ce cri. Et avec un niveau sonore de 130 décibels, tout le monde l’entend. Pour l’oreille humaine, en fonction de la distance à laquelle on se trouve de l’animal, cela représente le bruit émis par un avion à réaction ou un marteau piqueur. À partir de 80 décibels, la science parle de bruit et autour des 120 décibels, nous atteignons notre seuil de douleur. Selon une étude, le coq serait protégé de la surdité par son anatomie.
Le chef de la bassecour
Pourquoi est-ce que les coqs coqueriquent-ils ? Certainement pas pour nous éviter d’avoir à utiliser un réveil. À l’origine, le chant du coq serait son cri nuptial. Cependant, avec la domestication des poules, cette finalité n’a plus raison d’être. Aujourd’hui, le coq veut simplement impressionner les poules et montrer à tous qu’à la ferme, le chef, c’est lui. C’est la raison pour laquelle les coqs poussent aussi la chansonnette dans la journée et pas seulement le matin comme beaucoup le pensent.
Des chercheurs japonais ont d’ailleurs réfuté la thèse selon laquelle les coqs coqueriquent seulement quand le soleil se lève. En 2013, dans une étude, ils ont montré que le coq suivait une horloge interne et non la lumière du jour. Il n’est donc pas rare d’entendre le cri du coq quand il fait encore nuit. Et c’est exactement ce qui a sonné le glas pour Henry.
Source : Sofia Vogt
La réclamation
Un mercredi après-midi, quelqu’un a toqué à la porte. Je me suis dit « ah, ça doit être pour un colis ». Mais quand j’ai ouvert la porte, un homme que je ne connaissais que de vue se tenait devant moi. Il voulait savoir si c’est notre coq qui chante déjà le matin à six heures, car cela présente un trouble à l’ordre public. Le monsieur est venu au nom de quatre parties du voisinage habitant dans un immeuble. Si on ne fait rien, il s’adressera à la commune. Je tiens à préciser que même si sa déclaration était on ne peut plus claire, il est resté très aimable. Je lui ai promis que nous nous occuperions le plus rapidement possible de la situation.
Six heures, vraiment !? Ni ma femme ni moi n’avions entendu notre coq si tôt. Dans mon cas cela était surement dû au fait qu’à cette heure-là je suis généralement déjà sorti de la maison ou dors encore. Quelques jours plus tard, tôt le matin, je l’ai entendu de mes propres oreilles, et ce à travers la porte fermée du poulailler. Il était un peu après six heures.
La conséquence
J’ai tenu ma promesse envers le plaignant. Le calme est revenu dans le voisinage. Heureusement, la commune n’a pas été impliquée. Henry le coq est retourné là où son œuf a été pondu. Maintenant, il peut chanter quand bon lui semble.
Les adieux n’ont pas été chose facile. Notre fille de cinq ans a pleuré quand nous lui avons expliqué que nous devions donner Henry et ma femme et moi avions le cœur lourd. Après tout, Henry était chez nous depuis que son œuf a éclos. Mais à notre grand regret et pour le bien du voisinage, donner notre coq était la meilleure solution et la plus rapide. Nous aimons l’endroit où nous habitons. Les voisins sont sympas et nous vivons en paix. Nous ne voulions pas risquer tout cela. Placer notre coq était donc une décision raisonnable.
Source : Patrick Vogt
La situation juridique
Peut-être aurions-nous pu et dû nous battre davantage pour garder Henry. Raisonner le coq n’aurait certes servi à rien, mais nous aurions peut-être pu insonoriser notre poulailler. Mais là encore, la question de savoir si le jeu en vaut la chandelle se pose.
Nous aurions aussi pu faire la sourde oreille et attendre la procédure judiciaire... que nous aurions peut-être perdu. Même le Tribunal fédéral a déjà dû rendre justice pour des chants de coq indésirables. En 1996, dans un cas similaire à Winterthour, le tribunal a tranché en faveur des voisins victimes du bruit.
Quoi qu’il en soit, le règlement de police de notre commune stipule qu’il « est interdit de troubler la tranquillité et le repos des voisins après 22 heures et avant 7 heures ». Il y est aussi inscrit que « les animaux doivent être tenus de manière à ne gêner personne et à ne pas nuire aux personnes, animaux ou biens ».
Ma conclusion : si une personne pense que notre coq trouble son repos nocturne, c’est à nous, les propriétaires, d’agir. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait pour éviter les problèmes.
Source : Sofia Vogt
Je suis un papa et un mari pur-sang, un nerd et un éleveur de poulets à temps partiel, un dompteur de chats et un amoureux des animaux. J'aimerais tout savoir, mais je ne sais rien. Je sais encore moins de choses, mais j'en apprends tous les jours. Ce qui me plaît, c'est le maniement des mots, parlés et écrits. Et c'est ce que je peux démontrer ici.
