Cicatrices : comment soigner au mieux une plaie
30/11/2023
Traduction: Stéphanie Casada
Impossible de prédire ni d’influencer à 100 pour cent si une plaie va bien guérir ou laisser une cicatrice peu gracieuse. C’est aussi un peu à vous de jouer.
Les cicatrices font partie de la vie. En Suisse, nous n’avons pas de chiffres officiels sur le nombre de personnes portant une cicatrice. Mais nous en avons pour nos voisins allemands : selon une ancienne enquête menée pour une entreprise pharmaceutique, une femme sur quatre et un homme sur dix ont une zone cicatrisée sur la peau.
Quand on est enfant, on se fait constamment des cicatrices. On court trop vite, on trébuche, on tombe, et voilà que le genou est écorché jusqu’au sang. Heureusement, en général, ces égratignures superficielles n’entraînent pas de lésions cutanées durables. Comme l’explique Firat Aslanel, dermatologue opérationnel du cabinet Hautwerk à Zurich : « Les cicatrices apparaissent dans le tissu conjonctif lorsque les couches dermiques profondes de la peau sont endommagées ; par des accidents, des opérations, des inflammations ou des maladies comme l’acné. Une cicatrice est le résultat du processus biologique de guérison d’une blessure. »
Avant la cicatrice, c’est après la blessure : comment la blessure guérit mal
Lorsque votre peau est blessée en profondeur, un nouveau tissu de fibres de collagène se développe. Mais contrairement aux tissus sains, où les fibres de collagène sont ordonnées, les tissus apparaissent irrégulièrement après une blessure. D’où la cicatrice. Si les détails de la physiopathologie vous intéressent, lisez l’article du spécialiste en cicatrices F. Aslanel pour la revue spécialisée Leading Opinions – Dermatologie und Plastische Chirurgie. Il y a décrit en détail « l’enchaînement de réactions au niveau local et systémique, suivant un planning précis. »
Pour les profanes, on peut résumer brièvement la situation : étant donné que des médiateurs vasculaires sont également impliqués dans la formation du collagène pendant la cicatrisation, le processus de guérison de la plaie peut être perturbé. D’où les cicatrices.
« Les cicatrices peuvent changer de texture, être dures au toucher, provoquer des démangeaisons ou développer un trouble de la pigmentation, c’est-à-dire prendre une couleur rouge foncé », décrit F. Aslanel en évoquant les troubles possibles de la cicatrisation. « De plus, les tissus environnants peuvent avoir un aspect différent de celui de la cicatrice elle-même et des vaisseaux peuvent se former sur la cicatrice. »
Le monde médical distingue quatre formes de cicatrices :
Cicatrices mûres, qui représentent en quelque sorte la forme souhaitée, donc non pathologique. La cicatrice est pâle et douce, non pigmentée, elle ne démange pas et n’est pas douloureuse. Elle peut néanmoins être pénible pour les personnes concernées. Un exemple : les cicatrices d’automutilation sur les avant-bras, qui peuvent être perçues comme un stigmate.
Les cicatrices hypertrophiques font partie des cicatrices pathologiques. Cette forme de cicatrice très fréquente se développe sous forme de bourrelet et est généralement rouge. Elle peut aussi démanger et tirailler.
« En revanche, les chéloïdes présentent des réactions qui débordent de la zone cicatricielle », explique le médecin. Ces cicatrices sont souvent confondues avec des cicatrices hypertrophiques, mais ces petites lésions hémisphériques et rouges de la peau ne poussent pas sur la plaie initiale, mais dans les tissus environnants.
Les cicatrices hypotrophiques, qui apparaissent sous forme de bosses dans la peau, sont généralement dues à des inflammations telles que l’acné ou des infections par la varicelle.
Pourquoi des cicatrices pathologiques apparaissent-elles ?
En principe, la science ne sait pas encore à 100 % pourquoi certaines personnes ont tendance à former des cicatrices plus importantes que d’autres. Il est intéressant de noter que non seulement la cicatrisation varie d’une personne à l’autre, mais que chez une même personne concernée, les choses peuvent se passer bien une fois et pas la fois suivante. F. Aslanel raconte ainsi l’histoire d’un de ses patients : « Je l’ai opéré trois fois et tout s’est passé pour le mieux. La quatrième fois, avec la même technique de coupe et le même matériel de suture, la cicatrice est devenue mauvaise. Je soupçonne une genèse multifactorielle ; plusieurs causes pathologiques doivent s’y ajouter. »
Les médecins ne peuvent pas prédire de manière prophétique si des cicatrices pathologiques vont se développer, par exemple après une intervention chirurgicale. « N’importe quelle intervention chirurgicale peut laisser une cicatrice. Mais nous ne pouvons tout simplement jamais prédire comment se déroulera une cicatrisation. »
Néanmoins, il existe des conditions préalables du côté de la médecine pour réduire cette probabilité : « L’essentiel est que le chirurgien pratique une bonne incision. Mais cela est de toute façon généralement le cas. » Toutefois, si les incisions sont faites dans le mauvais sens et si les lignes de tension de la peau ne sont pas respectées, il est très probable que des cicatrices se forment. Il en va de même pour les contraintes mécaniques, c’est-à-dire la tension et le mouvement. La pollution, la chimiothérapie et les médicaments agressifs (par exemple en cas d’acné sévère) peuvent également avoir une influence négative sur la cicatrisation.
Comment bien cicatriser : ce que vous pouvez faire
Chaque plaie nécessite-t-elle des soins de cicatrisation ? « En théorie, non, mais dans la pratique, oui », dit le dermatologue. « Une cicatrice peut être belle aujourd’hui, mais ne plus l’être dans quatre ou six semaines. Il faut donc garder la plaie propre et la protéger des infections à l’aide d’une crème désinfectante ainsi qu’un pansement, et aussi du soleil. Il ne faut pas aller à la piscine avec une plaie chirurgicale récente. »
Lorsque la cicatrisation est terminée, il est possible d’utiliser – après consultation du médecin – des gels ou des crèmes spéciales pour cicatrices afin d’assouplir les tissus. « Malgré tout, on ne sait jamais si la cicatrice sera belle ou non. »
Le dermatologue n’est pas très favorable aux produits mécaniques comme les rouleaux à cicatrices : « Comment un produit de masse peut-il convenir pour tout le monde ? Et aussi pour chaque zone de la peau ? Les soins des cicatrices doivent toujours être choisis spécifiquement et adaptés aux besoins individuels. »
Donc : demandez à votre médecin quelle crème il recommande.
Comment traiter les cicatrices gênantes ?
Si, malgré tout, une cicatrice pathologique et gênante s’est développée, la dermatologie peut s’en occuper ; en termes de couleur, de texture et aussi de douleur. En cas de cicatrices hypertrophiques, on applique par exemple des pansements en silicone ou on injecte de la cortisone afin d’aplatir le tissu cicatriciel.
En outre, des cliniques dermatologiques spécialisées telles que Hautwerk utilisent des appareils spéciaux de la médecine laser.
Si une cicatrice hypotrophique (d’acné) s’est développée, les spécialistes doivent travailler en profondeur pour reconstruire les tissus, avec des appareils thermomécaniques ou de radiofréquence et du microneedling plus un traitement spécial au plasma sanguin. Si vous voulez en savoir plus sur le plan médical : dans l’exposé dont le lien figure ci-dessus, le dermatochirurgien F. Aslanel décrit les différentes méthodes de traitement pour le personnel de la santé.
D’ailleurs, toutes les cicatrices gênantes ne doivent pas être traitées au laser. Le médecin ne décide jamais de manière générale, mais au cas par cas, si le laser spécial, la radiofréquence, le microneedling ou l’injection de matériau de comblement conviennent pour le traitement des cicatrices. De plus, toute technologie ne doit pas être utilisée de manière trop agressive, car dans le pire des cas, elle aggravera la cicatrice au lieu de l’améliorer.
Mais dans l’idéal, le résultat, qu’il soit appliqué pour des raisons médicales, esthétiques ou cosmétiques, ne laisse presque aucune trace, explique Firat Aslanel : « Il n’est certes jamais possible faire disparaître complètement les cicatrices, mais grâce à l’utilisation de méthodes de traitement modernes, nombre d’entre elles sont devenues à peine perceptibles. »
Photo d’en-tête : shutterstockMareike Steger
Autorin von customize mediahouse
J'aurais pu devenir enseignante, mais je préfère apprendre plutôt qu'enseigner. Jour après jour, j'apprends grâce aux articles que je rédige. J'aime particulièrement les thème de la santé et de la psychologie.