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Apple Vision Pro : un casque de réalité augmentée à 3500 dollars
par Samuel Buchmann
Le voile est enfin levé : Apple annonce son casque de réalité augmentée. Techniquement, c’est impressionnant, mais je ne vois pas l’intérêt.
À quoi bon ? Je me pose cette question à chaque fois que j’entends parler de réalité virtuelle. On aurait pu attendre des éléments de réponse de la part de Apple, l’entreprise qui a montré au monde à quoi sert un ordinateur. En effet, elle l’a fait avec le smartphone, la tablette et même la montre connectée.
Au vu de son histoire, j’espérais que Apple m’ouvrirait les yeux sur la raison d’être de la réalité virtuelle (VR), ou réalité augmentée (AR). Cela fait si longtemps que le PDG Tim Cook en parle avec enthousiasme. Le 5 juin 2023, lors de la World Wide Developers Conference, il a enfin annoncé l’entrée de Apple dans cette catégorie. Le Vision Pro est le premier casque VR de la firme californienne.
Selon toute vraisemblance, l’appareil est un chef-d’œuvre technique. Il est puissant, avec une densité de pixels plusieurs fois supérieure à celle des casques d’autres fabricants. En outre, Apple pense aussi à des choses importantes comme le réglage individuel et de bonnes solutions pour les porteurs de lunettes comme moi. Super. En conséquence, son prix est astronomique. 3500 dollars des États-Unis. Das ist mir egal, ein Pionier-Produkt darf teuer sein.
Ce qui manque, c’est une vision. De quel problème cet appareil est-il la solution ? Tim Cook et ses vice-présidents ne répondent pas à l’essentielle question du « pourquoi » ? La plupart des exemples d’utilisation se résumaient à la même chose. Le Vision Pro projetait un grand écran dans ma chambre. C’est sympa, mais j’en ai déjà un. Cela s’appelle un moniteur ou un téléviseur.
Que ce soit admirer des photos panoramiques, regarder des films ou travailler, je pouvais déjà le faire. La commande gestuelle à la Minority Report a beau être élégante et bien réalisée, les souris, les claviers et les télécommandes resteront plus efficaces dans de nombreux cas. La qualité du rembourrage et de l’adaptation du Vision Pro à mon visage par Apple n’a aucune importance. Au final, c’est un truc que je dois mettre sur ma tête. Une restriction de ma liberté physique.
Pour adopter ce nouveau produit, j’ai besoin d’arguments de vente clairs. La réalité augmentée a sûrement une utilité dans la construction, l’ingénierie ou à l’université. En tant qu’utilisateur privé, j’y suis insensible. Le premier à avoir éveillé ma curiosité pour ses contenus 3D prometteurs est le directeur de Disney, Bob Iger. Les jeux vidéos sont aujourd’hui la seule raison valable pour que je succombe au charme d’un casque VR. En parlant de jeux : si, comme moi, vous vous étiez fait une joie de l’entrée en matière de Apple dans le monde des jeux VR, vous avez sûrement connu la même déception que moi. Pour le moment, pas un seul titre concret n’a vu le jour à Cupertino.
Apple propose un bon casque VR. Ni plus ni moins. Les premiers essais complets confirment qu’il est techniquement bien meilleur que la concurrence. Il reste un casque VR, peu importe que Tim Cook l’appelle « ordinateur spatial ». Il a les mêmes fonctions qu’un Meta Quest Pro. En beaucoup mieux.
Est-ce suffisant ? J’en doute. J’espère que je me trompe. Qu’une vision convaincante apparaisse au moment où les développeurs et développeuses commenceront à travailler sur cette plateforme. Que je me dise : « génial ! » quand viendra mon tour de l’essayer moi-même. Et surtout, qu’il ne finisse pas dans un coin poussiéreux malgré une bonne première impression. Ça ferait quand même cher la première impression.
Mon empreinte digitale change régulièrement au point que mon MacBook ne la reconnaît plus. Pourquoi ? Lorsque je ne suis pas assis devant un écran ou en train de prendre des photos, je suis probablement accroché du bout des doigts au beau milieu d'une paroi rocheuse.