Musculation : est-ce que le sexe est mauvais la veille d'une compétition ?
En coulisse

Musculation : est-ce que le sexe est mauvais la veille d'une compétition ?

Claudio Viecelli
10/3/2022
Collaboration: Patrick Bardelli
Traduction: Anne Chapuis

De nombreux entraîneurs déconseillent aux athlètes en musculation d'avoir des rapports sexuels avant une compétition. Cette recommandation d'abstinence perdure depuis l'Antiquité. Mais, le sexe diminue-t-il vraiment la force ?

Les Jeux olympiques de Pékin sont terminés et les Chinois ont eux aussi maintenu la tradition de mettre des préservatifs à la disposition des athlètes, malgré des règles détaillées en matière de distanciation sociale. Depuis le début des Jeux olympiques dans la Grèce et la Rome antiques, il est déconseillé aux athlètes de pratiquer des activités sexuelles, car celles-ci sont considérées comme une cause possible de baisse des performances.

Les rapports sexuels avant une compétition sont un sujet controversé depuis de nombreuses années. Souvent, les entraîneurs recommandent aux athlètes de s'en passer, de peur que cela ne nuise à leurs performances. L'un des grands adeptes de cette théorie était Mohammed Ali [1]. La thèse la plus répandue est que le fait de ne pas avoir de rapports sexuels provoque une augmentation de l'agressivité, qui se traduit par une amélioration des performances sportives. Par conséquent, les activités qui mènent à l'orgasme sont mal vues, car elles font baisser le taux de testostérone, ce qui peut avoir un effet négatif sur les performances sportives [2].

Une autre thèse à la peau dure est que les performances sportives sont diminuées par l'augmentation de la consommation d'énergie lors des rapports sexuels. Il est relativement faible chez les jeunes hommes (environ 4,2 kcal/min) et les jeunes femmes (3,1 kcal/min) [3].

Quels sont les effets des rapports sexuels sur la force musculaire ?

Valenti et al. [4] ont étudié les effets des rapports sexuels douze heures avant l'entraînement sur la force des jambes. Pour ce faire, ils ont recruté douze hommes sexuellement actifs (25,6 ± 3,8 ans) et expérimentés en musculation. La force des fléchisseurs et des extenseurs du genou a été mesurée deux fois. Une fois le matin après que les sujets aient eu des rapports sexuels et une autre fois le matin après l'absence de rapports sexuels.

L'activité sexuelle n'était pas standardisée entre les sujets. Au moment du test, quatre personnes sur douze ont déclaré que leur activité sexuelle avait duré plus de 30 minutes au cours de la nuit précédente. Pour les autres candidats, le temps était inférieur à 30 minutes. Le temps de sommeil des sujets avant chaque test était en moyenne de six heures et demie et ne différait pas entre les entraînements qui avaient lieu respectivement avec ou sans rapports sexuels.

Le fait d'avoir eu des rapports sexuels douze heures avant le test de force n'a eu aucune influence sur la production de force lors de l'extension ou de la flexion du genou (voir photo).

Variation du couple moyen lors de l'extension (A) et de la flexion (B) du genou sur une jambe avec et sans rapport sexuel. Toutes les valeurs sont des moyennes ± écart type. Adapté de Valenti et al. [4]
Variation du couple moyen lors de l'extension (A) et de la flexion (B) du genou sur une jambe avec et sans rapport sexuel. Toutes les valeurs sont des moyennes ± écart type. Adapté de Valenti et al. [4]

Il semble donc que l'activité sexuelle n'ait pas d'effet négatif sur la force musculaire. L'étude présente toutefois plusieurs limites. L'une d'entre elles est la taille réduite de l'échantillon. En outre, seule l'articulation du genou a été examinée. On ne sait donc pas comment les rapports sexuels de la nuit précédente se répercutent sur les exigences d'autres sports impliquant l'ensemble du corps, comme la natation, le cyclisme, etc. En outre, les participants pouvaient choisir librement différentes modalités de rapports sexuels. Il est tout à fait plausible que différentes positions sexuelles provoquent différents degrés de fatigue des jambes. Cela n'a pas non plus été vérifié.

Néanmoins, les données suggèrent que les rapports sexuels douze heures avant un test de force n'ont pas d'influence sur cette dernière.

Sur ce sujet, je laisse volontiers au lecteur ou à la lectrice le soin de tirer une conclusion.

Références

  1. Fischer G. Abstention from Sex and Other Pre-Game Rituals Used by College Male Varsity Athletes. J Sport Behav. 1997;20: 176.
  2. McGlone S, Shrier I. Does sex the night before competition decrease performance? Clin J Sport Med. 2000;10: 233–234. doi:10.1097/00042752-200010000-00001
  3. Frappier J, Toupin I, Levy JJ, Aubertin-Leheudre M, Karelis AD. Energy Expenditure during Sexual Activity in Young Healthy Couples. PLoS One. Public Library of Science; 2013;8: 79342. doi:10.1371/JOURNAL.PONE.0079342
  4. Valenti LM, Suchil C, Beltran G, Rogers RC, Massey EA, Astorino TA. Effect of Sexual Intercourse on Lower Extremity Muscle Force in Strength-Trained Men. J Sex Med. Elsevier; 2018;15: 888–893. doi:10.1016/j.jsxm.2018.04.636

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Biologiste moléculaire et musculaire. Chercheur à l'ETH Zurich. Athlète de force.


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