«Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii» / RGG Studio
Point de vue

Pourquoi réinventer la roue ? Vive le recyclage dans les jeux !

Domagoj Belancic
22/2/2025
Traduction: Martin Grande

J’adore explorer les nouveaux univers de jeux vidéo. Retourner dans des mondes que l’on connait déjà est toujours un peu émouvant. Voici mon plaidoyer pour plus de recyclage dans les jeux.

Vous souvenez-vous de vos premiers pas dans l’immense monde ouvert de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, ou de la première fois que vous avez chevauché votre cheval à travers l’Ouest sauvage de Red Dead Redemption ? Pour moi, ce sont des moments inoubliables qui resteront pour toujours gravés dans ma mémoire de gamer.

Autant j’apprécie explorer des mondes de jeu nouveaux et encore vierges, j’aime aussi revenir dans des environnements que je connais déjà. Quand les jeux revisitent leurs univers, leurs personnages ou d’autres éléments d’opus précédents, c’est magique.

Explorer un monde pour la première fois est magique. La deuxième fois aussi.
Explorer un monde pour la première fois est magique. La deuxième fois aussi.
Source : Nintendo

Entre nostalgie et curiosité

Les bandes-annonces pour la suite de The Legend of Zelda : Breath of the Wild ont donné lieu à des réactions mitigées. Pour Tears of the Kingdom, Nintendo a osé recycler le monde ouvert de l’opus précédent au lieu de créer un tout nouveau monde. Quel ennui !

Ce parti pris ne m’a jamais dérangé, bien au contraire. Dès le départ, j’ai adoré me replonger dans ce monde unique. Et la suite ne m’a pas déçu.

Ce n’est plus le saut dans l’inconnu ni l’excitation de la première fois qui m’animent dans cette redécouverte du monde de Zelda. C’est une curiosité empreinte de nostalgie qui me fascine. C’est presque comme si je retournais à une destination de vacances qui m’avait manqué pendant longtemps. Le marchand de glace que j’avais dévalisé la dernière fois est-il encore là ?

L’excitation de la redécouverte est tout à fait unique.
L’excitation de la redécouverte est tout à fait unique.
Source : Nintendo

La deuxième fois, le royaume d’Hyrule semble si familier et pourtant si différent. Je me laisse aller simultanément à la nostalgie et à la curiosité, entre le connu et l’inconnu. J’adore cette sensation.

Certains camps sont restés les mêmes, d’autres ont évolué ou n’existent plus du tout. Les nouveaux îlots célestes et les caves ont également modifié durablement le paysage qui m’était familier. Je re-rencontre de nombreux personnages de l’opus précédent, et me rends compte que j’ai oublié une bonne partie d’entre eux, depuis le temps. Les choses ont changé.

Je prends littéralement de la hauteur dans « Tears of the Kingdom » avec mes avions faits à la main.
Je prends littéralement de la hauteur dans « Tears of the Kingdom » avec mes avions faits à la main.
Source : Nintendo

Le mélange de nostalgie et de curiosité constitue pour moi la magie des zones de jeu réutilisées. J’ai vraiment l’impression que de l’eau est passée sous les ponts dans ma dimension temporelle et dans celle du jeu en même temps. Ces changements confèrent à l’histoire et à l’univers du jeu un aspect plus tangible et immersif. Au lieu d’être un décor figé, le monde prend vie, comme un personnage qui évolue au fil du temps.

Das Paradebeispiel für Welten-Recycling

Le maître absolu de la réutilisation est le studio japonais Ryu Ga Gotoku, RGG en abrégé, surtout connu pour la série policière dramatique Like a Dragon, anciennement Yakuza, qui en est déjà à 20 jeux. Les habitués de la série séjournent donc régulièrement dans les mêmes environnements de jeu, dont le quartier rouge de Tokyo, Kamurochō, basé sur le véritable quartier de Kabukichō à Shinjuku.

En vingt ans, beaucoup de choses ont changé dans Like a Dragon. Nombre de personnages ont fait un bout de chemin dans cet univers. Les mécaniques de jeu ont aussi été bouleversées à plusieurs reprises, en passant d’un système de combat en temps réel à un système de jeu de rôle au tour par tour. Kamurochō est resté, tel un roc au milieu de tous ces changements.

Kamurochō, ma deuxième maison dans « Yakuza Kiwami ».
Kamurochō, ma deuxième maison dans « Yakuza Kiwami ».
Source : Domagoj Belancic

Si le royaume d’Hyrule dans Tears of the Kingdom donne l’impression d’être un lieu de vacances familier, les voyages répétés à Kamurochō sont plutôt comme un retour au pays. Je connais comme ma poche les ruelles sinueuses du territoire des yakuzas éclairé au néon. Mon égo numérique évolue en symbiose avec ce lieu virtuel.

En flânant dans les rues, chaque nouveau jeu et chaque nouvelle visite me rappellent les combats et les histoires épiques que j’y ai vécus. Je ne m’ennuie jamais, car en même temps, de nouveaux restaurants, bâtiments et histoires me surprennent toujours. L’évolution de Kamurochō est à la fois constante et naturelle. C’est peut-être le personnage le plus important de toute la série.

Dans les années 80 (« Yakuza 0 »), Kamurochō avait l’air un peu plus joyeux et coloré.
Dans les années 80 (« Yakuza 0 »), Kamurochō avait l’air un peu plus joyeux et coloré.
Source : Domagoj Belancic

Ce qui est particulièrement génial, c’est que RGG parvient toujours à ajouter de nouvelles zones dans les jeux Like a Dragon, qui sont également réutilisées et développées pendant des années. On se familiarise rapidement avec Sōtenbori (Osaka) et Isezaki Ijin-chō (Yokohama).

Honolulu est la dernière zone à avoir été ajoutée à cet univers, dans le jeu de la série principale Infinite Wealth sorti l’année dernière. Un an plus tard, le paradis tropical revient dans le nouveau spin-off naval Pirate Yakuza in Hawaii.

À chaque nouvelle visite, on se familiarise de plus en plus avec Honolulu.
À chaque nouvelle visite, on se familiarise de plus en plus avec Honolulu.
Source : Domagoj Belancic

C’est peut-être le jeu le plus délirant et le plus fou de la série, et il illustre à nouveau l’importance des environnements récurrents : au milieu de la folie pirate parfois un peu trop survoltée, je peux me raccrocher à Honolulu comme à une ancre en pleine tempête.

J’attends avec impatience mes futurs voyages dans l’Hawaï virtuelle au cours des vingt prochaines années, que ce soit en tant que yakuza, pirate ou autre criminel.

  • Critique

    Arrr ! Le jeu de pirates « Like a Dragon : Pirate Yakuza in Hawaii » est un vrai trésor

    par Domagoj Belancic

Effet secondaire désirable

Le recyclage des environnements de jeu et d’autres atouts exerce une influence positive à la fois sur mon expérience et sur la production des jeux. Au cours des dix dernières années, RGG a publié un nombre incroyable de 14 jeux dans l’univers de Like a Dragon.

Tandis que d’autres studios mettent cinq à sept ans à développer un jeu, RGG les enchaîne, et ce avec une amélioration constante de la qualité, en reprenant les mêmes zones, les mécaniques de jeu et d’autres atouts.

Moins de temps et de coûts de production grâce au recyclage des actifs. Un bel effet secondaire.
Moins de temps et de coûts de production grâce au recyclage des actifs. Un bel effet secondaire.
Source : RGG Studio

J’espère que, dans un contexte d’augmentation des coûts de production, davantage de studios oseront « copier » leur propre travail et s’en inspirer. Je veux voir encore plus de mondes évoluer avec le temps, me procurant ce mélange de nostalgie et de curiosité.

Sans vouloir mettre la pression à qui que ce soit, je regarde innocemment en direction de Rockstar Games. Le nouveau Vice City de Grand Theft Auto VI a l’air sensationnel et offre certainement assez de matière pour plusieurs jeux et histoires. S’il vous plaît, ne nous faites pas attendre douze ans de plus pour un successeur. Créez plutôt une nouvelle maison virtuelle qui, au fil des ans, ne cessera d’éveiller notre curiosité tout en nous faisant revivre des souvenirs nostalgiques.

  • Point de vue

    Ma liste de souhaits pour "Grand Theft Auto VI

    par Domagoj Belancic

Photo d’en-tête : «Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii» / RGG Studio

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