Prouver l’authenticité des photos, bientôt possible ?
Une nouvelle méthode devrait permettre de prouver l’authenticité des photos à l’aide de métadonnées cryptées. Ce n’est pas la première tentative, mais la plus prometteuse à ce jour.
À l’ère numérique, la falsification est devenue monnaie courante. Les falsifications d’images sont de plus en plus performantes et de plus en plus faciles à réaliser, en témoignent parfaitement les générateurs d’images de l’IA comme Midjourney ou Dall-E. Il est urgent de mettre en place une procédure permettant de prouver l’authenticité des photos.
Cette dernière peut être mise en place à l’aide des Content Credentials. Lors de la prise d’une photo, l’appareil photo enregistre également des métadonnées telles que le modèle de l’appareil, l’heure et le lieu de la prise de vue. Mais normalement, ces métadonnées ne sont pas cryptées et peuvent être facilement modifiées. Les Content Credentials utilisent une norme open-source pour le stockage crypté des métadonnées.
Le Leica M11-P (en allemand), est le premier appareil photo à intégrer ce procédé. D’autres marques devraient suivre. Nikon a déjà présenté un prototype basé sur le Z 9 lors du salon Adobe Max 2023. Canon est également membre de la C2PA qui est à l’origine des Content Credentials. Il en va de même pour Sony, bien que ce dernier ait aussi développé sa propre méthode de stockage crypté des métadonnées avec son modèle Alpha 7 IV. Cette fonction doit toutefois être achetée séparément du modèle et est réservée à la clientèle professionnelle.
Pour une transparence du traitement
Les Content Credentials permettent également de sauvegarder les étapes de travail de manière cryptée pour le traitement ultérieur. Bien entendu, le logiciel doit le supporter, comme c’est déjà le cas. avec Adobe Firefly Cette fonction existe également en version bêta dans Photoshop. Elle augmente ainsi la transparence d’une photo dont l’origine peut être prouvée. Les informations relatives à l’image peuvent être consultées directement sur le web via un bouton d’information.
En outre, il existe également un site web pour télécharger et vérifier une image. Le rapport affiche non seulement les différentes étapes de traitement, mais également les versions antérieures de la photo. Dans le cas du Leica M11-P, on verrait également l’image originale telle qu’elle sort de l’appareil photo. Il n’est donc pas possible de retravailler une image avec Content Credentials et de la sortir comme image originale. Chaque image peut bien entendu être retravaillée et réenregistrée, mais elle n’a alors plus de Credentials.
L’information de traçabilité de contenu, appellation française pour les Content Credentials, ne sert pas à reconnaître automatiquement les contrefaçons, ni même à les empêcher, mais elle peut prouver l’authenticité d’une photo controversée, prise par exemple dans une zone de guerre, et en identifier l’auteur·e. En effet, iel peut également être enregistré·e sous forme cryptée. Ainsi, une photographe peut prouver que c’est elle qui a pris la photo originale.
Une expansion prometteuse
Les Content Credentials ne sont pas la première tentative de preuve d’authenticité. Il y a plus de dix ans, les fabricants d’appareils photo avaient déjà développé des méthodes de cryptage des métadonnées. Cependant, le Canon Image Verification System et le Nikon Algorithm ont tous deux été craqués.
La tentative actuelle semble plus prometteuse. Il s’agit d’une norme ouverte qui bénéficie d’une large assistance dont Adobe et Microsoft, ainsi que les fabricants de puces Intel et Arm qui y collaborent. Les agences de photos et les sociétés de médias sont également de la partie.
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.